(Beyrouth) Si l’espoir de retrouver des disparus s’amenuise, la colère des Libanais, elle, reste bien vive. Le centre-ville de Beyrouth était toujours le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants déterminés à forcer l’enceinte du parlement dimanche soir, au lendemain d’une manifestation monstre dans laquelle un policier est mort et 250 personnes ont été blessées.

Les manifestants semblaient déterminés à forcer la barrière qui mène au parlement, lançant des pierres aux forces de l’ordre de l’autre côté, mettant le feu à des détritus et tentant de pousser les barricades en métal à l’aide d’objets.

La colère des Libanais trouve sa source dans un ras-le-bol politique galvanisé par la crise économique, mais c’est l’explosion mardi de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, laissées au port pendant plusieurs années, qui a donné un deuxième souffle au mouvement, mis en pause par la COVID-19.

Dimanche, face à l’ire de la population et à l’ampleur du drame, qui a tué au moins 158 personnes et fait plus de 6000 blessés, la ministre de l’Information et le ministre de l’Environnement et du Développement administratif ont présenté leur démission.

  • Dimanche soir, le centre-ville de Beyrouth était toujours le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants déterminés à forcer l’enceinte du parlement.

    PHOTO JOSEPH EID, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Dimanche soir, le centre-ville de Beyrouth était toujours le théâtre d’affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants déterminés à forcer l’enceinte du parlement.

  • Les manifestants semblaient déterminés à forcer la barrière qui mène au parlement, lançant des pierres aux forces de l’ordre de l’autre côté, mettant le feu à des détritus et tentant de pousser les barricades en métal à l’aide d’objets.

    PHOTO JOSEPH EID, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Les manifestants semblaient déterminés à forcer la barrière qui mène au parlement, lançant des pierres aux forces de l’ordre de l’autre côté, mettant le feu à des détritus et tentant de pousser les barricades en métal à l’aide d’objets.

  • La colère des Libanais trouve sa source dans un ras-le-bol politique galvanisé par la crise économique, mais c’est l’explosion mardi de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, laissées au port pendant plusieurs années, qui a donné un deuxième souffle au mouvement.

    PHOTO JOSEPH EID, AGENCE FRANCE-PRESSE

    La colère des Libanais trouve sa source dans un ras-le-bol politique galvanisé par la crise économique, mais c’est l’explosion mardi de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium, laissées au port pendant plusieurs années, qui a donné un deuxième souffle au mouvement.

  • Dimanche, face à l’ire de la population et à l’ampleur du drame, qui a tué au moins 158 personnes et fait plus de 6000 blessés, la ministre de l’Information et le ministre de l’Environnement et du Développement administratif ont présenté leur démission.

    PHOTO HASSAN AMMAR, ASSOCIATED PRESS

    Dimanche, face à l’ire de la population et à l’ampleur du drame, qui a tué au moins 158 personnes et fait plus de 6000 blessés, la ministre de l’Information et le ministre de l’Environnement et du Développement administratif ont présenté leur démission.

  • Emmanuel Macron, président de la République française, a mis les Libanais en garde contre la « violence et le chaos », tout en exhortant les autorités à « agir pour que le pays ne sombre pas et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime en ce moment même légitimement ».

    PHOTO HUSSEIN MALLA, ASSOCIATED PRESS

    Emmanuel Macron, président de la République française, a mis les Libanais en garde contre la « violence et le chaos », tout en exhortant les autorités à « agir pour que le pays ne sombre pas et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime en ce moment même légitimement ».

  • Donald Trump a également appelé au calme, reconnaissant la « légitimité des appels des manifestants pacifiques à la transparence ».

    PHOTO THAIER AL-SUDANI, REUTERS

    Donald Trump a également appelé au calme, reconnaissant la « légitimité des appels des manifestants pacifiques à la transparence ».

  • Des membres de l’armée libanaise ont tenté de mater la contestation.

    PHOTO HANNAH MCKAY, REUTERS

    Des membres de l’armée libanaise ont tenté de mater la contestation.

  • Des manifestants tentent de fuir les gaz lacrymogènes tirés par la police à Beyrouth.

    PHOTO FELIPE DANA, ASSOCIATED PRESS

    Des manifestants tentent de fuir les gaz lacrymogènes tirés par la police à Beyrouth.

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Fin de l’opération de secours

Une vingtaine de personnes sont toujours portées disparues, selon le ministère de la Santé. Après six jours, les équipes actives au port sont entrées dans une nouvelle phase dimanche.

PHOTO THIBAULT CAMUS, ASSOCIATED PRESS

Une secouriste prend une pause lors d’un effort de recherche dans le port de Beyrouth, samedi.

« On arrête l’opération de secours », a dit le colonel Vincent Tissier, chef du détachement français de la Sécurité civile, rencontré dimanche.

Les équipes tentent toujours de localiser les disparus, mais les retrouver vivants tiendrait du « miracle », a précisé le colonel. La Presse s’est rendue sur les lieux des recherches, à côté du silo du port de Beyrouth.

Les débris de béton, de conteneurs éventrés et de matériaux pulvérisés ont été poussés en amoncellements au fur et à mesure des travaux pour retrouver les disparus. Des camions de pompiers étaient sur place, puisque des éclosions de feu surviennent régulièrement dans les déchets. Des ambulanciers de la Croix-Rouge se tenaient également prêts.

Le lieutenant Michel El Murr, des sapeurs-pompiers de Beyrouth, coordonne l’effort sur place.

Pour lui, la recherche a un aspect personnel : 10 confrères se trouvaient à cet endroit mardi dernier pour tenter d’éteindre le premier incendie, qui a ensuite entraîné la grande explosion.

Le lieutenant était lui-même à la caserne de Karantina, d’où ils sont partis, lorsque l’appel aux services d’urgence est entré. « Ce sont nos frères, a-t-il confié. On souffre de ça. »

Jusqu’à maintenant, trois de ces corps ont été retrouvés sous les décombres. L’un d’eux a été envoyé dans un hôpital pour analyse ADN, afin de l’identifier.

PHOTO MOHAMED AZAKIR, ARCHIVES REUTERS

Des pompiers à l’œuvre sur le site des explosions

Des morceaux de camions, réduits en petits fragments, ont été déterrés. Des casques. Des masques. Des pieds. Des mains. « Jusqu’à maintenant, on espère [les retrouver vivants], mais c’est un peu difficile », a soupiré le lieutenant.

Travail ardu

Les premières journées ont été ardues : d’abord, les nombreux blessés dans l’explosion, ensuite, la nécessité d’éteindre les incendies et de dégager, petit à petit, les débris, alors que les grains du silo compliquaient la tâche en glissant vers les endroits dégagés au moindre tremblement.

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Nombre de personnes dans l’équipe du colonel Tissier. La plupart ont été dépêchées sur place dans les heures qui ont suivi la tragédie, avec du matériel pour détecter les victimes, des outils pour percer les matériaux, des drones et des projecteurs pour travailler de nuit, notamment. Des chiens ont suivi l’équipe.

Dimanche après-midi, l’un des bergers allemands s’est mis à japper parmi le brouhaha des camions et a conduit son maître sur une dune de décombres. Une pelle mécanique s’est mise à creuser, mais sans révéler de corps.

La proximité du silo, avec ses morceaux de béton suspendus en équilibre précaire, rendait toutefois la tâche difficile pour les personnes sur place.

Les équipes françaises s’activaient d’ailleurs à l’expertise de bâtiments ailleurs dans la ville, en soutien aux autorités libanaises, pour évaluer les risques.

Samedi, en pleine manifestation, La Presse a été témoin de la panique qui s’est emparée d’une jeune femme lorsqu’elle a cru voir un bâtiment, lourdement atteint par l’explosion, vaciller devant ses yeux. Même s’il n’en était rien, une foule de personnes s’est arrêtée pour regarder l’immeuble, se questionnant sur la sécurité.

Croix-Rouge : « On a tous été pris par surprise »

Les opérations d’urgence, c’est le « pain quotidien » de Violaine Des Rosiers, représentante de la Croix-Rouge canadienne dans la région du Moyen-Orient. Mais la Québécoise, habituellement en poste à Damas, dans une Syrie dévastée par une décennie de guerre, ne pouvait prévoir la situation d’urgence dans laquelle elle se retrouverait pendant un remplacement au Liban.

L’explosion au port de Beyrouth a fait au moins 158 morts et plus de 6000 blessés. Même pour une habituée de la guerre, la situation était surprenante.

« L’ampleur est différente, a-t-elle dit. Dans un conflit armé, il peut y avoir beaucoup de victimes, mais pas 5000 en même temps, à moins que ce soit dans une même ville… »

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Violaine Des Rosiers

Dans un conflit, on s’attend à ce qu’il y ait des victimes, on est toujours prêts. Là, on a tous été pris par surprise.

Violaine Des Rosiers, représentante de la Croix-Rouge canadienne dans la région du Moyen-Orient

Elle-même a subi des blessures légères, liées à des éclats de verre, qui ont nécessité des points de suture. Son appartement de Beyrouth est « sens dessus dessous », a-t-elle confié.

La Croix-Rouge canadienne compte en permanence quatre ou cinq personnes au Liban. Elle offre un soutien logistique. Elle offre aussi un service de rétablissement des liens familiaux, pour aider les Canadiens sans nouvelles de leurs proches libanais, par exemple, en faisant suivre les demandes.

L’équipe a été appelée rapidement à travailler avec la Croix-Rouge libanaise, qui coordonne les efforts sur le terrain, où d’autres sections sont aussi présentes.

PHOTO MOHAMED AZAKIR, ARCHIVES REUTERS

Un membre de la Croix-Rouge libanaise marche dans les décombres, à Beyrouth.

Celle-ci « en a vu d’autres », a noté Mme Des Rosiers, notamment avec la guerre civile. « Il y a beaucoup de bénévoles premiers répondants », a-t-elle souligné. La section canadienne a été appelée pour mobiliser les unités mobiles et fournir du matériel, notamment de l’équipement de protection individuelle. « On ne pensait pas en envoyer autant », a noté Mme Des Rosiers.

Des centres d’hébergement ont été mis sur pied, avec des trousses d’hygiène distribuées.

Un casse-tête

En pleine pandémie, la catastrophe a apporté son lot de défis. La crise économique aussi. « Le pétrole était déjà difficile à acheter, dit-elle. C’est très cher, les prix sont exorbitants. »

Alors que, dans les pays en guerre, les centres médicaux ne doivent pas, techniquement, être pris pour cible, l’explosion n’a fait aucune discrimination sur son passage, endommageant aussi des centres médicaux. Cela a ajouté au casse-tête de traiter les 6000 blessés.

Plus de 6000 blessés en 30 secondes, a insisté Mme Des Rosiers.