Le test dimanche d'un missile balistique de moyenne portée par l'Iran est «absolument inacceptable», a affirmé mardi la nouvelle ambassadrice américaine aux Nations unies, Téhéran appelant de son côté les États-Unis à ne pas chercher à créer de «nouvelles tensions».

Ce face à face intervient dans un climat déjà empoisonné par la décision du président américain Donald Trump d'interdire aux Iraniens, entre autres, d'entrer aux États-Unis.

«Nous avons confirmé que l'Iran a testé un missile de taille moyenne le 29 janvier, dimanche. C'est absolument inacceptable», a déclaré Nikki Haley à l'issue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, à huis clos, sur ce sujet.

L'ambassadrice a fustigé la version iranienne selon laquelle cet essai de missile ne violait pas les résolutions des Nations unies parce qu'il n'était qu'à but défensif et n'était pas destiné à emporter de tête nucléaire.

«Ils savent qu'ils ne sont pas supposés faire des tests de missiles balistiques qui peuvent emporter des charges nucléaires», a-t-elle rétorqué.

Selon elle, le missile testé dimanche pouvait transporter une charge de 500 kilogrammes et avait un rayon d'action de 300 kilomètres: «C'est plus que suffisant pour emporter une arme nucléaire», a-t-elle souligné.

Elle a expliqué que les Iraniens essayaient de convaincre le monde «qu'ils sont gentils», mais «je vais dire aux gens à travers le monde que c'est quelque chose qui devrait nous inquiéter».

«Les États-Unis ne sont pas naïfs, nous n'allons pas rester les bras croisés. Vous nous verrez leur demander des comptes», a-t-elle repris. «Nous sommes déterminés à leur faire comprendre que ce ne sera jamais quelque chose que nous accepterons».

Prétexte

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a dit «espérer que la question du programme défensif de l'Iran ne sera pas utilisée comme un prétexte» par la nouvelle administration américaine pour «provoquer de nouvelles tensions».

Il a affirmé que «la nation iranienne n'attend pas l'autorisation des autres parties pour se défendre». Mais, a-t-il ajouté, «nous avons toujours dit que nous n'utiliserons jamais nos armes contre les autres, sauf s'il s'agit de nous défendre».

M. Zarif a insisté sur le fait que le programme balistique de l'Iran n'était pas «concerné» par l'accord nucléaire de juillet 2015 conclu avec six grandes puissances, ni par la résolution 2231 du Conseil de sécurité qui l'a entériné. Une position partagée par la Russie, alliée de l'Iran.

Les missiles iraniens «ne sont pas conçus pour porter des têtes nucléaires», a répété le chef de la diplomatie iranienne, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse commune à Téhéran avec son homologue français Jean-Marc Ayrault.

Ce dernier a rappelé que Paris avait fait part à plusieurs reprises de son inquiétude quant à «la poursuite des essais balistiques» par l'Iran. Ceux-ci «entravent le processus de restauration de la confiance mis en place par l'accord (nucléaire) de Vienne».

L'Union européenne a également exhorté Téhéran «à s'abstenir de toute action susceptible d'accroître la méfiance, comme des essais de missiles balistiques».

Décision «honteuse»

La tension entre Téhéran et Washington, qui ont rompu leurs relations diplomatiques en 1980 au lendemain de la révolution islamique de 1979, s'est brutalement accentuée depuis l'entrée en fonctions le 20 janvier du républicain Donald Trump.

Le gouvernement iranien a ainsi décidé d'appliquer le principe de réciprocité après la décision de Washington d'interdire pour trois mois l'entrée des ressortissants de sept pays à majorité musulmane, dont l'Iran.

De nombreux Iraniens, qui sont au moins un million à vivre légalement aux États-Unis, se sont retrouvés bloqués dans plusieurs aéroports à travers le monde après cette décision qualifiée de «honteuse» par M. Zarif.

Les relations irano-américaines sont également suspendues à la politique de M. Trump vis-à-vis de l'accord nucléaire, qui a permis de lever en janvier 2016 une grande partie des sanctions internationales frappant l'Iran.

Les intentions du président américain, qui avait promis pendant sa campagne de «déchirer» cet accord qualifié de «stupide», suscitent nombre d'interrogations. Lors d'un entretien téléphonique lundi, M. Trump et le roi Salmane d'Arabie saoudite se sont déclarés pour une «application rigoureuse» de l'accord.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dont le pays considère l'Iran comme son ennemi numéro un et qui a lui aussi vertement critiqué l'accord nucléaire, a affirmé qu'il évoquerait ce tir de missile avec M. Trump lors de leur entretien prévu le 15 février à Washington.