Le conflit afghan a tué au moins 2 400 civils en 2010, soit plus de six par jour, un record en neuf ans de guerre, a annoncé mardi l'ONG afghane ARM (Afghan Rights Monitor), en faisant également état de 3.200 blessés.

Les groupes insurgés sont responsables de près des deux tiers de ces décès, les forces internationales de 21% et les forces afghanes et «leurs milices alliées» de 12%, détaille ARM dans son rapport annuel sur les «victimes civiles de la guerre».

Alors que la guerre entre dans sa dixième année et que les forces internationales et afghanes n'ont jamais été aussi nombreuses, «les chiffres de civils tués, blessés ou déplacés ont atteint des niveaux records», note-t-elle.

«Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010, au moins 2.421 civils afghans ont été tués et 3.270 blessés dans des incidents liés au conflit à travers l'Afghanistan. Cela signifie que, chaque jour, entre 6 et 7 non combattants ont été tués et entre 8 et 9 blessés», souligne ARM.

Les bombes artisanales posées par les insurgés restent l'arme la plus meurtrière: elles ont tué 693 civils et en ont blessé plus de 1 800 en 2010, bien plus que de soldats afghans ou étrangers qu'elles sont censées viser, selon l'ONG.

ARM s'interroge néanmoins sur la possible utilisation de bombes à sous-munitions par les troupes américaines, soulignant que les causes des explosions touchant des civils sont souvent inconnues (bombes artisanales, mines ou explosifs datant de précédents conflits, autres bombes...).

Plus de 400 «non combattants» (fonctionnaires, chefs tribaux...) ont été assassinés par les insurgés et 237 civils ont péri dans les attentats suicide qui leur sont attribués, poursuit ARM.

Au moins 217 civils ont péri dans des bombardements aériens de la coalition internationale et 192 ont été tués par des tirs directs ou indirects de soldats de la force internationale.

Les «présumés talibans» abattus par la coalition sont souvent de simples civils, ce qui «entame gravement la crédibilité de la force internationale chez de nombreux Afghans», souligne l'ONG.

Le rapport d'ARM dénonce également les nombreuses violations des droits de l'Homme commis par les «milices» anti-talibans, qualifiées de «criminelles et prédatrices» par les villageois. Dénommées «Forces de police locales» par Kaboul, elles ont censées suppléer les forces afghanes dans les villages.

L'ONG déplore par ailleurs «la quasi-impunité» avec laquelle opèrent les sociétés privées de sécurité, responsables selon elle de nombreux incidents.

L'Afghanistan manque «des préalables de base pour une paix durable: un gouvernement légitime, compétent et indépendant», selon ARM, qui dénonce un système politique «hautement corrompu et inefficace, qui récompense les chefs de guerre, les criminels, les trafiquants de drogue et les politiciens corrompus».