Najib Mikati, chargé mardi de former un nouveau gouvernement au Liban, avec l'appui du puissant Hezbollah, est un magnat des télécoms, milliardaire, qui a déjà été brièvement premier ministre en temps de crise en 2005.

Ce sunnite de 55 ans, grand et chauve, a été chef de gouvernement pendant trois mois dans la foulée de l'assassinat de l'ancien dirigeant Rafic Hariri qui a divisé le pays entre le camp de Saad Hariri, fils de Rafic, et celui du parti chiite Hezbollah.

Ami personnel du président syrien Bachar al-Assad, M. Mikati a été élu député du Liban nord en 2000 et 2009 et a occupé le portefeuille des Travaux publics entre 1998 et 2004, qu'il a réussi à moderniser.

S'il revient sur le devant de la scène dans un contexte de crise, liée à l'enquête sur cet assassinat, sa nomination a provoqué cette fois-ci la fureur du camp de Saad Hariri, premier ministre en exercice et leader sunnite le plus populaire du pays.

Accusé de «trahison» -il avait été élu député en 2009 sur les listes de Saad Hariri-, il a été immédiatement vilipendé comme «le candidat du Hezbollah» chiite, le plus puissant mouvement armé au Liban.

Le premier ministre désigné est à la tête d'un petit empire international employant plus d'un millier de personnes avec des bureaux notamment à Paris, Londres, New York et Monaco.

Il est notamment le co-fondateur du groupe Mikati (M1), holding familiale et l'un des principaux actionnaires de l'opérateur sud-africain de télécommunications MTN, propriétaire de la marque de prêt-à-porter haut de gamme «Façonnable», et investisseur dans l'immobilier, le transport, le gaz et le pétrole.

Il figure dans le classement du magazine Forbes qui estime sa fortune à 2,5 milliards de dollars tout comme celle de son frère Taha.

Diplômé en gestion des entreprises de l'Université américaine de Beyrouth (AUB), il a poursuivi ses études au prestigieux institut d'administration des affaires Insead à Fontainebleau, près de Paris, puis à l'université Harvard.

Il est marié et père de trois enfants.

Homme politique chevronné, il devra très probablement former un gouvernement sans la participation du camp de son ancien allié, Saad Hariri, ayant fait savoir qu'il boycotterait son cabinet.

Si sa nomination en 2005 a été bien accueillie par la communauté internationale, notamment la France, celle de 2011 sera sans doute reçue avec méfiance, en raison du soutien du parti chiite.

Lui qui était proche du premier ministre assassiné, devra s'atteler à la lourde tâche de gérer la crise née du bras de fer autour du Tribunal spécial pour le Liban (TSL), en charge de l'enquête, le Hezbollah réclamant la fin de toute coopération avec cette instance qu'il accuse d'être «à la solde d'Israël et des États-Unis».