(Kyiv) Des combattants russes, alliés à l’Ukraine contre le Kremlin, ont assuré jeudi qu’ils poursuivraient leurs incursions armées en Russie, se targuant d’avoir ouvert un nouveau « front » dans le conflit.

Depuis la semaine dernière, ces groupes ont dit s’être infiltrés à plusieurs reprises dans les régions russes frontalières de Belgorod et de Koursk, l’armée russe affirmant avoir repoussé leurs assauts.

Leurs opérations ont en tout cas accru la pression sur les localités russes proches de l’Ukraine, également soumises à des bombardements meurtriers en représailles aux frappes russes sur le territoire ukrainien.

Jeudi, au cours d’une conférence de presse à Kyiv, ils ont assuré que leur lutte continuerait et s’étendrait bientôt à « d’autres villes ».

« Il n’est sans doute pas exagéré de dire que nous avons ouvert un deuxième front, en menant une action militaire de grande ampleur en territoire ennemi », a lancé Denis Nikitine, le chef d’un de ces groupes, le Corps des volontaires russes.

Ce nationaliste est lié à l’extrême droite et au milieu du hooliganisme.

Il a assuré avoir pour but de « hisser la bannière » de son groupe au-dessus du Kremlin et de mettre en place un « gouvernement d’orientation nationaliste ».

Le Corps des volontaires russes conduit ses opérations armées avec le Bataillon sibérien ainsi que la Légion Liberté de la Russie.

Ce troisième groupe, au programme conservateur plus modéré, espère séduire les partisans russes d’Alexeï Navalny, le principal opposant au Kremlin, mort en prison en février.

« Soutien » ukrainien

Ces combattants diffusent via les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles on les voit armés jusqu’aux dents et installés dans des chars.  

Ils affirment que ces images sont tournées en territoire russe et montrent leurs tirs en direction de l’armée russe, mais leurs allégations ne peuvent être vérifiées de manière indépendante.

Selon Denis Nikitine, ces infiltrations terrestres doivent forcer la Russie à retirer des soldats du front pour qu’ils défendent les régions frontalières.

Elles ont débuté peu avant l’élection présidentielle russe, largement remportée dimanche par Vladimir Poutine qui ne faisait face à aucun réel opposant.

Pour ces combattants, ces opérations constituent aussi le seul moyen de transformer leur pays, où aucune dissidence n’est tolérée, même si les populations civiles frontalières risquent d’en payer le prix.

« Les manifestations pacifiques ne fonctionnent pas », a jugé l’un des membres du Bataillon sibérien, qui s’est présenté sous son nom de guerre de « Kholod » (« Froid » en russe).

Alexeï Baranovski, un autre combattant, a affirmé qu’ils avaient le « soutien » des autorités ukrainiennes.

« L’infrastructure militaire de notre unité est interconnectée avec les structures des forces armées ukrainiennes et du ministère de la Défense », a assuré Denis Nikitine.

Ces groupes, qui avaient déjà effectué de courtes incursions du même type l’été dernier, ne sont toutefois « pas assez forts » à l’heure actuelle pour prendre durablement le contrôle de localités russes, a-t-il admis.