(Kyiv) L’armée de l’air ukrainienne a affirmé lundi avoir détruit deux avions de commandement aéroportés russes au-dessus de la mer d’Azov, ce qui constituerait un coup dur pour la Russie dans une zone qu’elle est censée contrôler.  

Interrogé à ce sujet lors d’un briefing avec la presse, le porte-parole du Kremlin n’a rien pu dire. « Nous n’avons pas d’informations » là-dessus, a dit Dmitri Peskov, avant de renvoyer vers le ministère russe de la Défense qui reste généralement muet sur ses pertes depuis le début de l’invasion russe.

« Je remercie l’armée de l’air pour cette opération parfaitement planifiée et exécutée dans la région de la mer d’Azov ! », a réagi pour sa part le commandant en chef de l’armée ukrainienne Valery Zaloujny.

Selon Kyiv, un A-50, un avion-radar et de commandement aéroporté équivalent des AWACS utilisés par l’OTAN, s’est abîmé en mer d’Azov.

Le second appareil, un Il-22 servant de poste de commandement, a été touché mais il a réussi à se poser à Anapa, dans le sud de la Russie, mais les dommages sont tels qu’il est considéré comme « détruit », selon le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Iouri Ignat.

« Il ne peut pas être “ réparé ” », a-t-il affirmé en partageant une photo d’un avion sérieusement endommagé.

L’AFP n’est pas en mesure de vérifier ces affirmations de la partie ukrainienne.

Iouri Ignat a ajouté que l’appareil avait « pris feu » et qu’il y avait des « blessés » parmi son équipage.

Dans un premier temps, Kyiv avait indiqué que les deux avions avaient été abattus.

Ces avions servent au renseignement, à l’identification de cibles et à la coordination des troupes.

Plusieurs blogueurs militaires russes, généralement bien informés, sont restés vagues sur les incidents impliquant le A-50 et le IL-22, mais ils ont confirmé pertes et dommages.

Alexandre Kots, un correspondant de guerre fidèle au Kremlin, a ainsi évoqué sur sa chaîne Telegram un avion A-50 « tombé » et un IL-22 « sauvé ».

La chaîne Telegram WarGonzo s’est émue de « la mort de nos combattants » s’agissant de l’A-50, et a affirmé également que le deuxième avion semblait avoir pu « atterrir », bien qu’endommagé.

La chaîne Rybar, proche de l’armée russe et très suivie, a parlé dimanche soir d’un « jour sombre » pour les forces aériennes russes « si l’information est confirmée ».

La Russie a revendiqué à maintes reprises disposer de la suprématie aérienne au-dessus de l’Ukraine, mais en réalité celle-ci n’a jamais été pérenne ni totale.

L’aide militaire occidentale a en outre renforcé la défense antiaérienne ukrainienne depuis près de deux ans, afin de protéger le pays des volées de missiles et de drones que la Russie envoie presque quotidiennement sur les villes ukrainiennes.

Moscou dit avoir condamné plus de 200 prisonniers de guerre ukrainiens

La Russie a affirmé lundi avoir condamné plus de 200 soldats ukrainiens, prisonniers de guerre, à de lourdes peines de prison, près de deux ans après le début de l’offensive russe.

Des milliers de militaires ont été capturés par chacun des deux camps, même si leur nombre exact n’est pas public.

Ces derniers mois, Moscou a par ailleurs multiplié les procès de certains prisonniers en les accusant de crimes de guerre. Ces poursuites ont été dénoncées par Kyiv et des organisations de défense des droits de l’homme.

Les autorités russes accusent ces soldats, qui sont nombreux à avoir été faits prisonniers durant le siège de Marioupol en 2022, d’exactions contre des civils. C’est pourtant l’armée russe qui a mené un siège dévastateur de Marioupol, y faisant, selon Kyiv, des dizaines de milliers de morts.  

PHOTO GENYA SAVILOV, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Des proches des prisonniers de guerre ukrainiens, en particulier des captifs du siège de Marioupol, brandissent des affiches indiquant « Libérez les défenseurs d’Azovstal » alors qu’ils exigent leur libération lors d’un rassemblement à Kyiv, le 7 janvier.

Alexandre Bastrykine, le président du Comité d’enquête russe, a déclaré que « 200 militaires ukrainiens [avaient été] condamnés à de longues peines de prison pour avoir tué des civils et maltraité des prisonniers » de guerre.

La Russie compte « continuer » à juger des soldats de l’armée de Kyiv, y compris des « hauts responsables », a-t-il assuré dans une interview à l’agence d’État Ria Novosti, publiée lundi.

Moscou n’a en revanche jamais enquêté sur les crimes de guerre dont ses soldats sont accusés, comme le massacre de Boutcha, que la Russie a qualifié de mise en scène occidentale.  

Elle dément aussi frapper des cibles civiles et considère ne pas être responsable de la destruction de villes comme Bakhmout ou Marioupol.  

Début janvier, les deux pays ont en revanche annoncé avoir libéré plusieurs centaines de prisonniers de guerre, le premier échange de ce type depuis l’été et le plus important depuis le début de l’assaut russe.

Par ailleurs, le président du Comité d’enquête russe a affirmé que le nombre de procès pour « extrémisme » en Russie avait augmenté de 62 % en 2023 par rapport à l’année précédente, un chiffre qui reflète l’intensification de la répression contre l’opposition.

Les autorités ont aussi ouvert 273 enquêtes pour « diffusion de fausses informations » sur l’armée russe, a-t-il ajouté, une accusation utilisée pour museler les détracteurs de l’offensive russe conte l’Ukraine.  

Alexandre Bastrykine a également évoqué des actes de sabotage commis sur des voies ferroviaires russes au profit de l’Ukraine dans des régions frontalières, mais aussi en Sibérie ou dans le Grand Nord.

En fin d’année, Kyiv avait par exemple revendiqué une attaque contre des trains transportant du carburant dans l’Extrême-Orient russe, à des milliers de kilomètres du front.