(Varsovie) Le parquet polonais a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête contre un député d’extrême droite qui avait éteint la veille une ménorah au Parlement, un geste largement condamné par la classe politique.

Ce député du parti ultra-nationaliste « Confédération », Grzegorz Braun, avait fait usage mardi soir d’un extincteur pour asperger ce chandelier symbole du judaïsme, qui était illuminé dans le hall du Parlement.

Son acte a fait l’objet d’une condamnation de la part des principaux partis politiques tout comme du nouveau premier ministre polonais, Donald Tusk, qui l’a jugé « inacceptable ».

Le bureau du Parlement a annoncé mercredi dans un communiqué que le président polonais Andrzej Duda participerait jeudi à une cérémonie au cours de laquelle les bougies de la ménorah de Hanouka seront allumées.

Dans un autre communiqué, le bureau du procureur a déclaré avoir ouvert une enquête sur cette affaire et être en train de « réunir les preuves ».

Le président de la chambre basse du Parlement, Szymon Holownia, qui a provisoirement exclu M. Braun de la séance plénière, a estimé que cet incident « s’inscrivait clairement dans l’agenda russe ».

Cet « acte d’une absolue agressivité, stupidité et bestialité qui a eu lieu hier […] arrange clairement les ennemis de la Pologne », a-t-il ajouté.

Ce pays est l’un des plus fervents soutiens de l’Ukraine dans sa lutte contre l’armée russe et le nouveau premier ministre a appelé à renforcer l’aide destinée à Kyiv.

Marek Sawicki, un député du bloc « Troisième Voix » membre de la coalition gouvernementale, a dit sur les ondes de la radio nationale que l’incident survenu au Parlement n’était pas « un acte isolé » mais « une mission dictée directement du Kremlin, […] qui avait pour but de nuire à l’image de la Pologne sur la scène internationale ».

M. Braun, connu pour ses actes à caractère antisémite dans le passé et ses déclarations anti-ukrainiennes, s’était déjà vu inliger des santions financières et avait été exclu de sessions du Parlement.

Les députés débattaient de la constitution du nouveau gouvernement quand l’incident s’est produit, retardant le vote de confiance.

M. Tusk avait mentionné plus tôt à la tribune son soutien à l’Ukraine.  

« C’était un message fort envoyé à Moscou et, littéralement quelques heures plus tard, on a tenté de discréditer la position de la Pologne dans le monde », a commenté Pawel Kowal, un député de la Coalition Civique du nouveau premier ministre.