On parle moins d’eux depuis les attentats du Hamas en Israël, mais les combattants ukrainiens continuent de se démener dans les tranchées et à le payer de leur vie. Si le vacillement de l’appui dans certains pays se traduit par une diminution de l’aide, surtout dans la livraison de munitions, il sera de plus en plus ardu pour les Ukrainiens de résister aux assauts du Kremlin, prévient Igor Tchernev.

Quel impact la guerre au Proche-Orient pourrait-elle avoir sur celle en Ukraine ?

L’attention s’est évidemment tournée vers Israël et on a constaté un changement dans le débat sur la façon de continuer à aider l’Ukraine. Mon impression, c’est que certains commencent à voir la guerre en Ukraine comme quelque chose qui fait maintenant partie de la routine. La réalité, c’est que nous continuons de perdre des soldats au front comme nous en perdions il y a un an. Ça ne s’est pas arrêté. Nous sommes toujours en guerre.

Aux États-Unis, les républicains opposent l’aide à Israël à celle pour l’Ukraine. Quels sont les risques d’un désengagement américain ?

On en ressent déjà les effets. L’aide militaire américaine a diminué : les stocks d’armes et de munitions sont de plus en plus bas. Cela nuit à nos capacités sur le champ de bataille. Si on n’a pas suffisamment d’obus, on ne pourra pas contrer les attaques de la Russie et encore moins regagner du terrain dans la contre-offensive. Malheureusement, l’Ukraine est prise en otage par la politique partisane aux États-Unis.

PHOTO GENYA SAVILOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Un membre des forces ukrainiennes se préparant à aller au front

Avez-vous ressenti un clivage semblable pendant votre passage au Canada ?

On ne voit pas de sentiment de fatigue au Canada. On a l’impression d’avoir un appui constant et entier de la population. J’ai même demandé à des députés et à des sénateurs canadiens d’avoir des conversations avec les élus américains ! Je dois tout de même dire que j’ai été surpris d’être témoin d’une division au Parlement canadien lorsque les conservateurs se sont opposés à l’accord de libre-échange modernisé entre le Canada et l’Ukraine.

Quels sont les besoins les plus urgents pour l’armée ukrainienne ?

Les munitions. Le ratio entre la quantité d’obus russes et la nôtre est disproportionné : chaque jour, nous en utilisons entre 5000 et 6000, tandis qu’eux en tirent 20 000, voire 25 000. Nous sommes parvenus à hausser notre production d’obus, mais nos alliés doivent faire de même. [Le gouvernement canadien a annoncé vendredi dernier un don de près de 11 000 fusils d’assaut et de plus de 9 millions de cartouches du fabricant ontarien Colt Canada.]

Député de la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien, Igor Tchernev était de passage au Canada la semaine dernière.

Réunion de l’OTAN

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, rencontre ses homologues de l’OTAN cette semaine à Bruxelles. Elle y réaffirmera la promesse du Canada de soutenir l’Ukraine face à l’agression russe et continuera de plaider en faveur de l’adhésion de Kyiv « dès que les conditions le permettront », a-t-on signalé à son bureau. Lundi, le secrétaire général de l’alliance, Jens Stoltenberg, a soutenu que l’Ukraine continuait à infliger de « lourdes pertes » à la Russie après des combats parmi « les plus intenses » depuis le début de la guerre, en février 2022. Depuis que Kyiv a lancé sa contre-offensive au printemps, aucune percée décisive n’a pu être réalisée par les forces ukrainiennes et certains pays alliés s’en inquiètent. Mais pour le patron de l’OTAN, « bien que la ligne de front n’ait pas bougé », les forces ukrainiennes ont continué à se montrer très efficaces sur le champ de bataille.

Mélanie Marquis, La Presse, et l’Agence France-Presse

Les Russes poursuivent leurs assauts sur Avdiïvka

L’Ukraine a affirmé lundi que les Russes continuaient d’attaquer Avdiïvka, ville de l’Est devenue l’un des points les plus chauds du front où, selon des blogueurs pro-Kremlin, l’armée de Moscou a réussi des avancées durant le week-end. « L’ennemi continue de mener des offensives autour d’Avdiïvka », a déclaré à la télévision nationale Andriï Kovaliov, un porte-parole de l’armée ukrainienne, sans dire si ces attaques avaient été repoussées ou non. La veille, l’armée avait cependant assuré que les raids russes avaient « échoué ». Depuis plus d’un mois, cette cité industrielle presque encerclée fait face aux assauts incessants des forces russes. Brièvement tombée aux mains des séparatistes prorusses armés par Moscou en 2014, elle marque maintenant la ligne de front dans cette zone et symbolise la résistance ukrainienne. La chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe et très suivie, a déclaré que les soldats russes s’étaient emparés samedi soir d’une « zone industrielle au sud-ouest d’Avdiïvka ».

Agence France-Presse