(Kyiv) L’Ukraine a affirmé lundi que les Russes continuaient d’attaquer Avdiïvka, ville de l’est devenu l’un des points les plus chauds du front et où, selon des blogueurs pro-Kremlin, l’armée de Moscou a réussi des avancées durant le week-end.

« L’ennemi continue à mener des offensives autour d’Avdiïvka », a déclaré à la télévision nationale Andriï Kovaliov, un porte-parole de l’armée ukrainienne, sans dire si ces attaques avaient été repoussées ou non.

La veille, l’armée avait cependant assuré que les raids russes avaient « échoué ».

Depuis plus d’un mois, cette cité industrielle presque encerclée fait face aux assauts incessants des forces russes. Brièvement tombée aux mains des séparatistes prorusses armés par Moscou en 2014, elle marque depuis la ligne de front dans cette zone et symbolise la résistance ukrainienne.

La chaîne Telegram Rybar, proche de l’armée russe et très suivie, a déclaré que les soldats russes s’étaient emparés samedi soir d’une « zone industrielle au sud-ouest d’Avdiïvka ».

Celle-ci se trouve « sur les hauteurs », ce qui « facilitera un futur assaut sur Avdiïvka », selon Rybar, qui rapporte aussi des « combats féroces » sur le flanc nord de la ville, près de l’usine de coke.

L’Institute for the Study of War (ISW), un centre d’analyse basé aux États-Unis, a également évoqué dimanche des « avancées confirmées » des Russes au nord-ouest et au sud-est d’Avdiïvka.

Les Ukrainiens ont eux « continué de contre-attaquer » dans la zone, sans toutefois réussir « d’avancées annoncées ou confirmées », a ajouté l’ISW.

L’armée ukrainienne mène depuis juin une contre-offensive très difficile dans l’Est et le Sud, se heurtant aux solides lignes russes.

Sur le front méridional, le porte-parole ukrainien Andriï Kovaliov a en revanche assuré que les troupes de Kyiv tenaient bon à Robotyné, village dont la libération fin août avait fait naître des espoirs de percée.

Les Russes ont tenté de « reprendre leurs positions », mais « n’ont pas réussi », a-t-il précisé.

Autour de Kherson, les troupes de Moscou se « concentrent sur la défense » et tentent de « chasser » les Ukrainiens de la rive occupée du fleuve Dniepr, où Kyiv dit avoir pris des positions, selon Andriï Kovaliov.

L’ancrage de positions ukrainiennes sur ce côté du Dniepr, confirmé par des blogueurs spécialisés russes ainsi que par des experts militaires, pourrait constituer la plus grosse poussée de l’armée ukrainienne depuis plusieurs mois.

L’OTAN doit continuer à aider l’Ukraine

L’équation est claire : il n’y a pas d’autre option qu’une poursuite de l’aide à l’Ukraine face à l’invasion russe, a affirmé lundi le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg dans un entretien avec l’AFP au siège de l’Alliance atlantique à Bruxelles.

PHOTO SIMON WOHLFAHRT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg

La situation compliquée sur le champ de bataille pour les forces ukrainiennes et les difficultés des Occidentaux — en particulier des Américains — à poursuivre leur soutien militaire à Kyiv nourrissent les doutes et les inquiétudes quant à une victoire possible de l’Ukraine, près de deux ans après le début de l’invasion russe, le 24 février 2022.

La situation est « difficile », y compris sur le terrain, a reconnu M. Stoltenberg. Néanmoins, les Occidentaux n’ont pas le choix, il en va de la « responsabilité » des dirigeants politiques mais aussi « des citoyens dans nos pays », a-t-il assuré.

« Nous n’avons pas d’autre alternative. Celle consistant à laisser le président [Vladimir] Poutine gagner serait une tragédie pour les Ukrainiens et dangereuse pour nous tous », a affirmé le patron de l’OTAN, à la veille d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Alliance à Bruxelles.

Des voix s’élèvent dans certaines capitales pour suggérer une forme de négociation pour l’Ukraine au moment où la ligne de front semble figée, avec l’idée d’une renonciation de certains territoires actuellement aux mains des Russes contre une adhésion de ce pays à l’OTAN.

Mais, là encore, M. Stoltenberg se refuse à l’envisager, estimant qu’il appartient à l’Ukraine — et à elle seule — de prendre des décisions à ce sujet.

« C’est à l’Ukraine de décider quel type de conditions elle est prête à accepter », a-t-il affirmé, soulignant que Vladimir Poutine avait d’ores et déjà commis une « énorme erreur stratégique » en envahissant l’Ukraine.