(Venlo) Si la victoire électorale du politicien islamophobe néerlandais Geert Wilders a provoqué un choc au siège du pouvoir à La Haye, nombre d’habitants de sa ville natale dans le Sud-Est des Pays-Bas l’ont saluée.  

C’est à Venlo, où il est né voilà 60 ans dans une banlieue catholique de classe moyenne, que le responsable politique d’extrême droite a récolté le plus grand pourcentage de voix locales aux élections législatives.  

« Bien sûr, je suis content pour lui. Après tout, il vient de Venlo. De temps en temps, il dit des choses extrêmes, mais pour le reste, c’est un homme bien », déclare Mustafa, 39 ans.

« Je vois beaucoup de pauvreté, beaucoup de pauvreté. C’est probablement à cause du gouvernement (actuel) », poursuit-il, en écho à de nombreux électeurs mécontents du cabinet du premier ministre sortant Mark Rutte.  

« J’espère sincèrement que Geert Wilders pourra faire quelque chose à ce sujet », ajoute Mustafa depuis la place historique de la ville, demandant à ce que son nom de famille ne soit pas divulgué.  

Un autre habitant, qui se dit d’origine turque et musulman, dit avoir voté pour M. Wilders et être « fier qu’il vienne de Venlo ».

« Nous sommes tous pauvres et nous pensons qu’il peut changer les choses », déclare ce chômeur âgé de 41 ans en grignotant un sandwich au fromage grillé.  

Les deux hommes assurent à l’AFP ne pas croire que M. Wilders, qui a récemment tenté de calmer sa rhétorique islamophobe, donnera suite à ses précédentes menaces de fermer les mosquées aux Pays-Bas.  

« Cela n’arrivera pas, non. Geert Wilders n’a pas le pouvoir de fermer les mosquées », estime Mustafa, qui souligne n’avoir pas voté pour le Parti de la Liberté (PVV) de M. Wilders.

« Gars de Venlo »

M. Wilders, reconnaissable à ses cheveux peroxydés, a remporté 36,3 % des voix à Venlo, doublant presque son résultat des législatives de 2021, selon la chaîne locale 1Limburg.  

PHOTO ROB ENGELAAR, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

« Je crois qu’il faut écouter la voix du peuple. C’est la chose la plus importante », pense Dorien Engels, 54 ans, en traversant la place principale de la ville.  

« Il y a des discordes au sein de la société et on voit qu’elle va dans une certaine direction », poursuit cette employée de l’hôpital local.

« Je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose, mais je pense qu’il faut écouter une très grande partie des Pays-Bas », ajoute-t-elle.

M. Wilders lui-même parle souvent de son enfance à Venlo, située à quelques kilomètres de la frontière allemande, sur les rives de la Meuse. « Venlo est un endroit formidable, j’y ai passé une très bonne jeunesse », a-t-il déclaré.

Marleen Kuiper le sait, M. Wilders est fier de venir de Venlo. « C’est vrai qu’il vient d’ici, il était à l’école ici. Donc si vous y réfléchissez, il n’y a rien de mal à cela. C’est un gars de Venlo », a déclaré cette habitante.  

D’autres se montrent néanmoins plus réservés.

« C’est comme ça. C’est la démocratie », soupire Aidan Lebihan, 18 ans, interrogé sur la victoire électorale de M. Wilders. « Le peuple a choisi. C’est tout ».