(Kyiv) L’Ukraine affirme avoir frappé samedi un chantier naval en Crimée occupée par la Russie, dans le port de Kertch.

L’Ukraine affirme avoir frappé samedi un chantier naval en Crimée occupée par la Russie, dans le port de Kertch.

« Dans la soirée du 4 novembre, les forces armées ukrainiennes ont mené avec succès des frappes contre les infrastructures maritimes et portuaires du chantier naval Zaliv dans la ville temporairement occupée de Kertch », a annoncé l’armée ukrainienne, sans plus de détails dans un premier temps.

Depuis le lancement de sa contre-offensive contre les forces de Moscou cet été, Kyiv a intensifié ses attaques contre la péninsule de la mer Noire, dont la Russie s’est emparée dès 2014.

Le gouverneur de Crimée, Sergueï Aksionov, mis en place par Moscou, a déclaré que l’Ukraine avait tiré des missiles sur un chantier naval de Kertch, assurant que ceux-ci avaient été abattus.

« Il n’y a pas de victimes », a-t-il déclaré sur les réseaux sociaux.

Proche de Kertch, le pont de Crimée menant au continent russe, déjà pris pour cible par les forces ukrainiennes par le passé, a été brièvement fermé samedi, sans explication.

Les attaques ukrainiennes et russes autour de la mer Noire se sont intensifiées depuis le retrait de Moscou de l’accord céréalier qui permettait le passage de navires civils de transports de céréales.

En septembre, l’Ukraine avait lancé une attaque de missile sur le quartier général de la flotte russe de la mer Noire, dans la ville portuaire de Sébastopol, en Crimée.

« Nous ne sommes pas dans une impasse »

PHOTO ANATOLII STEPANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a par ailleurs contesté samedi que la guerre entre son pays et la Russie soit dans une « impasse », après qu’un commandant ukrainien de haut rang a affirmé cette semaine que les deux armées se trouvaient prises au piège d’une guerre d’usure et de positions.

« Le temps a passé aujourd’hui et les gens sont fatigués […] Mais nous ne sommes pas dans une impasse », a affirmé M. Zelensky lors d’une conférence de presse à Kyiv avec la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

PHOTO UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SER, VIA REUTERS

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (au centre), en visite à Kyiv, le 4 novembre

L’Ukraine mène depuis juin une lente contre-offensive pour tenter de libérer les territoires occupés de l’Est et du Sud.

Mais, jusqu’ici, les avancées ont été très limitées. La ligne de front, longue de plus de 1000 km, n’a guère bougé depuis près d’un an et la libération de la ville de Kherson en novembre 2022.

Le Kremlin avait aussi assuré jeudi que le conflit en Ukraine ne se trouvait pas dans une « impasse », contestant des propos du commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valery Zaloujny, dans une interview à The Economist.

« Tout comme lors de la Première Guerre mondiale, nous avons atteint un niveau technologique tel que nous nous trouvons dans une impasse », avait déclaré M. Zaloujny à l’hebdomadaire britannique. « Il n’y aura probablement pas de percée magnifique et profonde », avait-il ajouté.

Le président Zelensky a démenti samedi toute pression des pays occidentaux pour entamer des négociations avec la Russie.

Il a admis que le conflit entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas avait « détourné l’attention » de la guerre opposant l’Ukraine à la Russie.

« Il est évident que la guerre au Proche-Orient, ce conflit, détourne l’attention », a-t-il commenté.

« Nous nous sommes déjà retrouvés dans des situations très difficiles lorsqu’il n’y avait presque aucune focalisation sur l’Ukraine », a noté M. Zelensky, en ajoutant « je suis absolument certain que nous allons relever ce défi ».

Les soutiens de l’Ukraine, en particulier les États-Unis, répètent qu’ils procureront de l’aide militaire et financière à Kyiv jusqu’à la défaite de la Russie.

Poursuites contre le chef de l’Église orthodoxe russe

L’Ukraine a annoncé samedi avoir engagé des poursuites pénales contre le patriarche Kirill, chef de l’Église orthodoxe russe, par contumace, pour avoir « justifié » l’invasion russe de son territoire.

PHOTO MIKHAIL METZEL, SPUTNIK VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

Le patriarche orthodoxe russe Kirill (à droite) a assisté à une cérémonie sur la Place Rouge en compagnie du président russe Vladimir Poutine à l’occasion de la Journée de l’unité nationale, le 4 novembre à Moscou.

Le patriarche Kirill, fervent partisan du président Vladimir Poutine, a qualifié l’offensive russe contre l’Ukraine de bataille contre les « forces du mal ».

Les autorités ukrainiennes ont indiqué dans un communiqué avoir « recueilli des preuves contre le chef de l’Église orthodoxe russe, Vladimir Gundyaev [connu sous le nom de Kirill] ».

C’est un « membre du cercle restreint des hauts responsables militaires et politiques de Russie et […] l’un des premiers à soutenir publiquement la guerre contre l’Ukraine ».

Kirill a porté atteinte à l’intégrité territoriale de l’Ukraine en justifiant une agression armée, selon les autorités ukrainiennes.

« Des mesures seront prises pour le traduire en justice pour les crimes commis contre notre État », ont-elles ajouté.

L’Ukraine, pays majoritairement orthodoxe, a coupé ses liens avec les institutions orthodoxes liées à la Russie après le début de la guerre.

En octobre, le parlement ukrainien a voté l’interdiction d’une Église orthodoxe ukrainienne (UOC), liée à Moscou, accusant ses membres de collaborer avec la Russie.

Jadis la plus populaire en Ukraine, cette Église a perdu ses fidèles depuis des années à mesure que le sentiment national ukrainien a gagné en popularité face à l’ex-puissance russe.

Ce processus s’est accéléré avec la création en 2018 d’une Église orthodoxe ukrainienne indépendante de Moscou.