(Madrid) Les indépendantistes catalans du parti de Carles Puigdemont ont assuré vendredi être encore « loin » d’un accord avec le premier ministre espagnol sortant Pedro Sánchez, qui a absolument besoin des voix de leurs députés au Parlement pour se maintenir au pouvoir.

« Aujourd’hui, nous sommes encore loin, très loin de cet engagement » avec les socialistes, a déclaré la porte-parole de Junts per Catalunya (JxCat), Míriam Nogueras, après une rencontre très attendue avec M. Sánchez au Congrès des députés.

Cette réunion était le point d’orgue d’une série de rencontres organisées cette semaine par M. Sánchez avec les formations susceptibles d’apporter leur soutien à son investiture, parmi lesquelles plusieurs partis indépendantistes.

Avant son entretien avec JxCat, M. Sánchez s’était ainsi entretenu en début de matinée avec des responsables de Bildu, formation indépendantiste basque considérée comme l’héritière de la vitrine politique de l’organisation armée ETA (aujourd’hui dissoute).

Bildu a déjà fait savoir qu’elle voterait pour M. Sánchez afin de faire barrage à la droite, mais le parti de Carles Puigdemont, à l’origine d’une tentative de sécession avortée de la Catalogne en 2017, entend bien négocier durement son soutien à M. Sánchez.

La principale revendication de JxCat et de l’autre formation indépentantiste catalane, Gauche républicaine de Catalogne (ERC, plus modérée) porte sur l’octroi d’une amnistie à toutes les personnes poursuivies ou condamnées pour cette tentative de sécession. M. Puigdemont lui-même a fui en Belgique en 2017 pour échapper à la justice espagnole et fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt.

PHOTO JOHN THYS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Carles Puigdemont lui-même a fui en Belgique en 2017 pour échapper à la justice espagnole et fait toujours l’objet d’un mandat d’arrêt.

Dans un communiqué publié après la rencontre, le Parti socialiste de M. Sánchez a simplement assuré que « les réunions [s’intensifieraient] la semaine prochaine ».  

L’actuelle situation de blocage découle du fait que ni les socialistes ni le Parti populaire (droite) d’Alberto Núñez Feijóo n’ont obtenu la majorité absolue de 176 sièges sur 350 au Congrès des députés lors des élections anticipées du 23 juillet.

Arrivé en tête, M. Feijóo a tenté fin septembre d’être investi, mais a échoué.

Le roi Felipe VI a alors chargé M. Sánchez, qui gère les affaires courantes depuis le scrutin, de tenter d’obtenir l’investiture. Il a pour cela jusqu’au 27 novembre, faute de quoi de nouvelles élections auront lieu en janvier.

Pour y parvenir, il doit notamment obtenir le vote des sept députés de JxCat, qui ont fait monter les enchères ces dernières semaines.

Outre l’amnistie, une éventualité que rejette la droite, M. Puigdemont et ERC demandent aussi l’ouverture de négociations pour la tenue d’un nouveau référendum d’autodétermination, revendication considérée par les socialistes comme une ligne rouge.

Le fait qu’il a accepté de négocier avec les indépendantistes catalans pour pouvoir rester premier ministre a valu à M. Sánchez d’être de nouveau hué par une partie de l’assistance, jeudi à Madrid, lors des cérémonies marquant la fête nationale.