(Moscou) La Russie a annoncé jeudi une hausse considérable de son budget de défense, signalant être prête à une « guerre hybride » longue en Ukraine, au moment où des alliés occidentaux sont à Kyiv pour discuter des demandes ukrainiennes d’aide militaire.

L’Ukraine a engagé en juin une difficile contre-offensive pour tenter de libérer les territoires occupés par l’armée russe, mais elle estime avoir besoin de plus de soutien pour repousser une Russie qui menace, selon elle, toute l’Europe.

À Kyiv, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a reçu dans ce contexte le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ainsi que les ministres français et britanniques de la Défense, Sébastien Lecornu et Grant Shapps.

Vendredi, un forum international consacré aux industries de la défense est prévu à Kyiv.

À Moscou, le Kremlin a justifié la hausse prévue du budget des dépenses militaires de 68 % en 2024 par rapport à l’année précédente pour atteindre 10 800 milliards de roubles (196 milliards de dollars CA).

Pour Moscou, les Occidentaux en soutenant Kyiv mènent « une guerre hybride » à la Russie afin de la soumettre à ses velléités hégémoniques.

La Défense va donc représenter environ 30 % des dépenses fédérales totales en 2024 et 6 % du PIB, une première dans l’histoire de la Russie postsoviétique.

Ce volume illustre la détermination de Moscou à poursuivre son assaut, lancé il y a plus d’un an et demi.

« Il est évident qu’une telle augmentation est nécessaire, absolument nécessaire, parce que nous sommes dans un état de guerre hybride », a affirmé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

« Délires impérialistes »

Depuis la capitale ukrainienne, au côté du président Zelensky, le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, a lui dénoncé les « délires impérialistes » de Moscou, notant que « les Ukrainiens se battent pour leurs familles […] et leur liberté ».

Le responsable de l’alliance s’est en outre félicité des récentes avancées de la contre-offensive ukrainienne, même si celles-ci restent réduites aussi bien dans le Sud que dans l’Est.

« Aujourd’hui, vos forces avancent. Elles font face à des combats acharnés, mais elles  gagnent du terrain petit à petit », a déclaré M. Stoltenberg.

Il a relevé qu’une coalition d’une cinquantaine de pays ont promis depuis le début du conflit quelque 100 milliards d’euros d’aide militaire à l’Ukraine, la moitié provenant des États-Unis.

Le président ukrainien a aussi reçu jeudi le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, qui a insisté sur la nécessité pour Paris d’être « fiable » sur le long terme dans l’aide promise à l’Ukraine, vu que « cette guerre va durer ».

M. Lecornu, venu accompagné d’une vingtaine d’industriels de la défense, a aussi promis une « dotation mensuelle d’obus » à l’Ukraine d’ici la fin 2024.

Le ministre britannique de la Défense, Grant Shapps, également présent à Kyiv, a évoqué avec M. Zelensky le renforcement de la défense antiaérienne ukrainienne, selon un communiqué de la présidence.

L’hiver arrive

L’Ukraine s’attend en effet à ce que Moscou attaque cet hiver, comme l’année dernière, l’infrastructure énergétique pour plonger les Ukrainiens dans le noir et le froid.  

« Le secrétaire général a accepté de faire des efforts pour nous aider », pour « mobiliser les membres de l’Alliance », a affirmé M. Zelensky.

Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov a remercié à cette occasion son homologue britannique Grant Shapps pour le « soutien inébranlable » de Londres.

« L’hiver arrive, mais on est prêt. On est plus fort ensemble », a écrit sur X (ex-Twitter), M. Oumerov.

Sur le front, les bombardements se sont poursuivis jeudi, faisant deux morts et six blessés à Krasnogorivka, dans l’est du pays, selon le Parquet ukrainien. Une usine de coke a aussi été visée à Avdiïvka, selon les autorités locales.

Au cours de la nuit, l’armée ukrainienne avait déjà indiqué avoir détruit 31 drones sur les 39 tirés par la Russie, sans préciser quelles installations ont été touchées.

Sur le dossier de l’adhésion ukrainienne à l’OTAN, chiffon rouge pour Moscou, le président ukrainien a estimé qu’il ne s’agissait que d’une « question de temps ».  

M. Stoltenberg a lui assuré que Kyiv est « plus proche de l’OTAN que jamais », alors qu’aucun calendrier n’a été annoncé.

En visite en Allemagne, le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev, un proche partenaire de Moscou, a lui appelé à « une cessation immédiate des hostilités » en Ukraine et à l’ouverture de « négociations ».