(Kyiv) L’Ukraine a affirmé lundi avoir percé la ligne de défense russe en reprenant deux villages près de la ville dévastée de Bakhmout, sur le front oriental, voulant y voir un signe encourageant pour sa contre-offensive au moment où le président Volodymyr Zelensky, arrivé aux États-Unis, va s’adresser à l’assemblée générale de l’ONU et rencontrer Joe Biden.

Ce qu’il faut savoir

  • Les troupes ukrainiennes ont percé la ligne de défense russe près de Bakhmout (est), a affirmé lundi le commandant des troupes terrestres de Kyiv, le général Oleksandre Syrsky.
  • L’Ukraine a revendiqué lundi la libération de 7 km2 en une semaine dans l’est et le sud occupés par l’armée russe ;
  • L’armée ukrainienne a annoncé lundi avoir abattu 18 drones et 17 missiles lancés par la Russie lors de nouvelles attaques nocturnes contre son voisin ;
  • Plusieurs vice-ministres ukrainiens de la Défense ont été limogés lundi à la suite du renvoi, il y a deux semaines, du ministre de la Défense Oleksii Reznikov ;
  • La Géorgie a accusé un haut responsable ukrainien de préparer un coup d’État pour renverser le gouvernement de ce pays du Caucase ;
  • La situation des droits de l’Homme « s’est significativement dégradée » en Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, selon l’ONU ;
  • Un drone explosif a été retrouvé pour la première fois en Bulgarie, sur la côte de la Mer Noire, pointant « une augmentation des risques liés à la guerre en Ukraine » ;
  • Moscou a fustigé Kyiv, qualifiant le gouvernement ukrainien de « russophobe et néonazi » devant la Cour internationale de justice.

En Europe par contre, la question du transit des céréales ukrainiennes, bloquées par l’embargo russe en mer Noire, sème le trouble entre Bruxelles, Kyiv et ses voisins membres de l’UE.

L’Ukraine a annoncé porter plainte devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, qui refusent la levée des restrictions de transit décidée par l’UE.

Engagées depuis début juin dans une difficile contre-offensive face à des lignes fortifiées russes, les forces ukrainiennes ont accentué leur pression ces deux dernières semaines, reprenant le village de Robotyné dans le sud, puis celui d’Andriïvka dans l’est.

Dimanche, c’est la localité voisine d’Andriïvka, Klichtchiïvka, qui est tombée après des mois de combats.

Avec ces avancées, « la ligne de la défense de l’ennemi a été percée », a déclaré le commandant des troupes terrestres de Kyiv, le général Oleksandre Syrsky.

Ces localités étaient « importantes » pour la ligne de défense russe autour de Bakhmout, a-t-il ajouté, précisant que trois brigades russes avaient été « détruites ».

PHOTO ALEX BABENKO, ASSOCIATED PRESS

Un commandant sur la ligne de front à Andriivka, dans la région de Donetsk, le samedi 16 septembre 2023.

La situation dans la zone est reste « compliquée » et « des combats acharnés près de Bakhmout se poursuivent », a toutefois admis le général Syrsky.

Le président Volodymyr Zelensky s’est dit sur X « fier » de « chacun de nos héros sur la ligne de front ».

La Russie a revendiqué la prise de Bakhmout en mai après dix mois de combats sanglants. Mais elle fait face depuis lors à des contre-attaques ukrainiennes sur ses flancs, et la bataille continue pour cette ville de 70 000 habitants avant-guerre et aujourd’hui largement détruite.

Frappes russes

Des drones ont attaqué tôt mardi la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, où les autorités ont fait état de l’incendie d’un entrepôt et d’au moins un blessé.

Plusieurs vagues de drones ont été entendues à partir d’21 h 30 (heure de l’Est), de même que des explosions et le passage de véhicules lourds dans les rues pendant le couvre-feu en vigueur, selon une journaliste de l’AFP sur place.

L’armée de l’air ukrainienne avait indiqué que des drones attaquaient la ville et que les défenses aériennes fonctionnaient dans la région.

La Russie utilise fréquemment des drones de type Shahed de fabrication iranienne pour attaquer des villes en Ukraine.

« Des explosions se font entendre. En conséquence d’une frappe sur Lviv, un incendie s’est déclaré dans un entrepôt industriel », a écrit sur Telegram le maire de Lviv, Andriï Sadovyi.

« Jusque-là, nous avons connaissance d’une personne blessée », a-t-il déclaré plus tard, expliquant qu’il s’agissait d’un homme de 26 ans « retrouvé sous les décombres d’un entrepôt ». Il a été transporté à l’hôpital, selon M. Sadovyi.

Le gouverneur de l’administration militaire régionale, Maksym Kozytskyi, a lui fait état sur Telegram de « deux personnes sorties de décombres à Lviv, un homme et une femme », précisant que la femme semblait indemne tandis que l’homme se trouve dans un « état grave ».

« La menace est passée », a-t-il affirmé dans le même message publié à 23 h (heure de l’Est), après les sirènes marquant la fin de l’alerte aérienne.

Plainte à l’OMC

Kyiv a annoncé lundi avoir porté plainte devant l’OMC contre trois pays de l’UE – Pologne, Slovaquie et Hongrie – qui ont prolongé leur embargo sur les importations de céréales ukrainiennes, malgré la levée des restrictions décidée par Bruxelles.

« C’est pour nous crucial d’établir que des États membres ne peuvent pas interdire à titre individuel l’importation de biens ukrainiens », a expliqué la ministre de l’Économie Ioulia Svyrydenko dans un communiqué. « C’est pour cela que nous portons plainte contre eux », a-t-elle ajouté.

Dans la foulée, Varsovie, par ailleurs un des meilleurs alliés militaires et diplomatiques de l’Ukraine contre la Russie, a annoncé maintenir sa décision.

« Nous pensons qu’elle est juste », a déclaré le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Müller à la télévision Polsat News, « une telle plainte auprès de l’OMC ne nous impressionne pas ».

Fin avril, la Commission européenne avait permis à cinq États membres (Pologne, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie) de bloquer sur leur sol la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens afin de protéger leurs agriculteurs.

Zelensky et Lula

Sur le plan diplomatique, Volodymyr Zelensky a annoncé sur X être arrivé lundi soir avec son épouse Olena aux États-Unis, où il doit s’adresser à l’Assemblée générale des Nations unies et avoir des rencontres au siège de l’ONU à New York. Il doit ensuite se rendre à Washington pour de nouvelles discussions jeudi avec son homologue américain Joe Biden dont le pays est le principal soutien militaire et financier de Kyiv.

À New York, le président ukrainien doit notamment s’entretenir avec son homologue brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, après une rencontre annulée en mai durant le Sommet du G7 à Hiroshima, au Japon, officiellement en raison d’une incompatibilité d’agendas.

À l’inverse de plusieurs puissances occidentales, le Brésil n’a jamais imposé de sanctions financières à la Russie ni accepté de fournir des munitions à Kyiv et M. Lula avait suscité une vive controverse en avril en affirmant que les États-Unis devaient cesser « d’encourager la guerre » en Ukraine.

Berlin a de son côté annoncé mardi une nouvelle aide de 400 millions d’euros (476 millions de dollars canadiens), notamment militaire, à la veille d’une réunion des alliés de Kyiv en Allemagne.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi est lui attendu en Russie pour des pourparlers consacrés à la « sécurité ».

Cette visite suit celle de la semaine dernière du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, qui a ravivé les craintes occidentales que Pyongyang ne fournisse à Moscou des armes et des munitions pour sa guerre en Ukraine.