(Base aérienne de Ramstein) La contre-offensive ukrainienne « progresse régulièrement » face aux troupes russes et sera bientôt soutenue par l’arrivée sur le terrain des chars américains Abrams, ont assuré mardi les États-Unis lors d’une réunion avec leurs alliés en Allemagne.

Cette 15e réunion de coordination de l’aide militaire à l’Ukraine, sur la base américaine de Ramstein (sud), a rassemblé une cinquantaine de pays en présence du nouveau ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, dont le pays réclame plus de moyens pour repousser l’invasion russe.

Selon le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, hôte de la réunion, la contre-offensive ukrainienne en cours depuis début juin « continue de progresser régulièrement ».

M. Austin a également annoncé que les chars américains « entreront bientôt en Ukraine ».

Selon un haut responsable militaire américain, les premiers engins arriveront dans les prochains jours, le reste dans les semaines à venir.

« Et cela ajoutera une force blindée redoutable » sur le champ de bataille, a assuré M. Austin qui recevra jeudi au Pentagone le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Pénétrer la défense russe

Ces chars seront notamment équipés de munitions à uranium appauvri de 120 mm fournies par les États-Unis, selon une annonce faite en septembre. Ces munitions peuvent percer les blindages mais sont controversées en raison des risques toxiques pour les militaires et la population.

Washington avait promis en janvier l’envoi de 31 Abrams au total, des chars lourds qui rejoindront les Challengers 2 livrés par Londres et les Leopard 2 de fabrication allemande.

Les Ukrainiens ne disposaient auparavant que d’engins de conception soviétique.

Depuis le début de leur contre-offensive, il y a environ trois mois, les troupes de Kyiv « ont pénétré plusieurs couches » de la défense russe, a observé à Ramstein le chef d’état-major américain, le général Mark Milley.

« Il s’agit d’une série de ceintures défensives que les Russes ont mises en place avec des obstacles complexes, des champs de mines, des dents de dragons, des barbelés, des points d’appui, etc. », a-t-il décrit.

Les Ukrainiens « avancent très lentement » à travers ces couches « en préservant leur puissance de combat », a-t-il ajouté.

Les responsables ukrainiens insistent cependant sur l’urgence d’obtenir plus de moyens pour frapper les troupes russes au-delà de la ligne de front et contrôler l’espace aérien.

Ils attendent notamment les chasseurs F-16 de conception américaine promis par plusieurs pays, même si ce matériel pose un défi de formation et ne sera pas utilisable avant plusieurs mois pour les premières unités.

Missiles

Les Ukrainiens exhortent aussi depuis Allemagne et États-Unis à livrer des missiles de croisière de longue portée.

La question n’a pas encore été tranchée, a reconnu lundi le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, soulignant qu’une « multitude d’aspects politiques, juridiques, militaires et techniques » devaient d’abord être réglés.

Parmi les questions en suspens figure ainsi celle de savoir si ce type d’arme peut être utilisé sans l’appui de soldats de la Bundeswehr. Berlin craint également que les missiles n’atteignent le territoire russe, entraînant une escalade du conflit.

« Nous sommes concentrés sur les besoins les plus urgents de l’Ukraine, ceux d’une capacité de défense aérienne », a pour sa part souligné le secrétaire américain interrogé sur la livraison de missiles.

L’Ukraine est visée quasi quotidiennement par des drones russes.

Des frappes russes en Ukraine ont causé la mort mardi de six civils à Koupiansk (est), deux autres à Kherson (sud) et un à Lviv (ouest), ont annoncé les autorités ukrainiennes.

L’attaque contre Lviv, à près de 1000 km du front, a détruit trois entrepôts et « sept drones ont été abattus » sur le territoire de la région.

Dans la région de Mykolaïv (sud), dix drones Shahed ont été abattus au cours de la nuit par les défenses aériennes.

À la veille de la réunion, l’Allemagne avait annoncé un nouveau paquet d’aide de 400 millions d’euros, comprenant notamment des munitions.

« J’ai exhorté nos partenaires à faire don de toutes les munitions de défense aérienne qu’ils peuvent, alors que l’Ukraine se dirige vers un nouvel hiver de guerre », a insisté M. Austin.

Au total, selon lui, les États-Unis et leurs alliés ont engagé plus de 76 milliards de dollars en aide directe à la défense de l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe.