(Moscou) L’Ukraine a revendiqué lundi l’attaque de drones ayant touché Moscou pendant la nuit, illustrant la vulnérabilité de la capitale russe, tandis que de nouvelles frappes ont visé la Crimée et la région ukrainienne d’Odessa.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

  • Le président roumain Klaus Iohannis dénonce « les graves risques pour la sécurité en mer Noire » après le bombardement par la Russie d’infrastructures portuaires sur le Danube ;
  • La Russie envisage de « sévères représailles » après les attaques de drones attribuées à l’Ukraine ayant visé Moscou et la péninsule annexée de Crimée ;
  • Le Kremlin dément avoir frappé la cathédrale de la Transfiguration d’Odessa, ravagée pendant la nuit de samedi à dimanche par des tirs ;
  • Kyiv affirme avoir repris plus de 16 km2 aux forces russes la semaine dernière dans l’est et le sud du pays ;
  • Un dépôt de munitions a été touché lors d’une frappe ukrainienne de drones en Crimée.

Le raid contre Moscou était « une opération spéciale du GUR », le renseignement militaire, a dit à l’AFP une source au sein de la Défense ukrainienne ayant requis l’anonymat.  

Cette rare revendication de Kyiv, qui d’habitude dément ou ne commente pas, intervient après que le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait promis des mesures de rétorsion à la suite des bombardements russes ce week-end sur Odessa qui ont fait deux morts et ravagé une cathédrale.

La Russie envisage à son tour de « sévères représailles » après ces attaques sur sa capitale et sur la Crimée, a de son côté déclaré la diplomatie russe, accusant les Occidentaux d’être « derrière les actes effrontés » de Kyiv.

La région de Moscou n’avait pas été la cible de drones depuis près de trois semaines.  

L’armée russe, qui a dénoncé un « acte terroriste », a affirmé que deux de ces engins avaient été neutralisés et s’étaient écrasés sans faire de victimes.

Un des drones est tombé sur un axe important de la capitale russe, Komsomolsky Prospekt, près du ministère russe de la Défense. Des journalistes de l’AFP y ont vu un bâtiment au toit endommagé, plusieurs véhicules des forces de l’ordre et camions de pompiers, ainsi qu’une ambulance.

PHOTO EKATERINA ANISIMOVA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des employés municipaux récupèrent des débris de verre provenant d’une vitrine fracassée d’un commerce de l’avenue Komsomolsky Prospekt, à Moscou.

« Il était 3 h 39. La maison a vraiment tremblé », a raconté à l’AFP Vladimir, un Moscovite de 70 ans. « C’est scandaleux qu’un drone ukrainien puisse presque voler jusqu’au ministère de la Défense », s’est-il emporté.

Un autre drone a frappé le centre d’affaires de la rue Likhatcheva, dans le sud de Moscou, où une photographe de l’AFP a vu des vitres brisées au sommet d’un bâtiment, près d’un magasin du groupe français Leroy Merlin.

PHOTO MAXIM SHEMETOV, REUTERS

Vue sur un édifice endommagé de la rue Likhatcheva, à Moscou

Dépôt de munitions en Crimée

La capitale russe et ses alentours, situés à plus de 500 km de la frontière ukrainienne, ont déjà été visées par des attaques de drones, dont une qui a touché le Kremlin en mai.

Le 4 juillet, cinq drones avaient été abattus au-dessus de cette région, selon les autorités russes, une attaque qui avait perturbé le fonctionnement de Vnoukovo, l’un des trois aéroports internationaux de Moscou.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré lundi que des « mesures » étaient prises pour défendre la capitale et que « tous les drones » avaient été détruits.

Cette attaque fait écho à celles qui visent depuis une semaine la Crimée annexée et le sud de l’Ukraine, où les tensions se sont encore accentuées après l’abandon par la Russie d’un accord clé pour les exportations de céréales ukrainiennes via la mer Noire.

En Crimée, un dépôt de munitions a été atteint au cours d’une nouvelle frappe ukrainienne de drones, dans le district de Djankoï, dans le nord de cette péninsule annexée, a signalé lundi son gouverneur russe, Sergueï Asksionov.

Selon l’armée russe, 14 drones ukrainiens lancés sur la Crimée ont été neutralisés avec des systèmes de brouillage et trois autres abattus par la défense antiaérienne.

En Ukraine, un enfant a été tué et six personnes blessées dans un bombardement russe dans l’est qui a, selon le gouverneur Pavlo Kyrylenko, touché un « étang local, où les gens se reposaient » à Kostiantynivka.

Un journaliste de l’AFP, Dylan Collins, a quant à lui été blessé dans une attaque de drone pendant qu’il effectuait un reportage sur une position d’artillerie ukrainienne près de Bakhmout, également dans l’est de l’Ukraine. Selon les médecins, ses jours ne sont pas en danger.

Nouvelle attaque près d’Odessa

Une nouvelle attaque russe de drones, de « près de quatre heures », a pris pour cible une installation portuaire ukrainienne sur le Danube dans la région d’Odessa et causé la destruction d’un hangar où étaient stockés des grains, a souligné lundi l’armée ukrainienne.  

« Je condamne fermement les récentes attaques russes contre les infrastructures civiles ukrainiennes sur le Danube, tout près de la Roumanie », un pays membre de l’OTAN, a réagi le président roumain, Klaus Iohannis.

Sur fond de multiplication des bombardements russes de sites agricoles, Volodymyr Zelensky a jugé lundi « inacceptable » l’éventualité d’une prolongation des restrictions imposées par cinq pays de l’UE sur les importations de céréales ukrainiennes.

M. Zelensky avait promis dimanche des « représailles » à la suite des tirs de missiles russes sur Odessa, dont le centre historique a été inscrit en début d’année par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité.

Régulièrement visée par des frappes russes, cette cité portuaire a subi une nouvelle attaque nocturne, dans la nuit de samedi à dimanche, dans laquelle deux personnes ont péri et 22 autres ont été blessées, dont au moins quatre enfants.

La cathédrale de la Transfiguration, fondée il y a plus de 200 ans, détruite par les Soviétiques en 1936, puis reconstruite au début des années 2000, a été très endommagée par ces frappes.

PHOTO OLEKSANDR GIMANOV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vue sur le toit de cathédrale de la Transfiguration

Le Kremlin a démenti lundi avoir pris pour cible cet édifice religieux, assurant qu’elle avait été atteinte par des tirs « antimissiles » ukrainiens. La diplomatie française a, quant à elle, accusé Moscou d’y avoir « délibérément » visé des infrastructures civiles.

Le vice-premier ministre russe chargé de la Défense, Denis Mantourov, a pour as part révélé que la Russie produisait désormais chaque mois autant de munitions que pour l’ensemble de l’année 2022 et avoir également accéléré sa fabrication d’armements militaires, au 17e mois de son offensive en Ukraine.