(Kyiv) L’Ukraine a indiqué samedi avoir abattu pour la première fois un missile hypersonique russe de type Kinjal lors de frappes menées par Moscou dans la nuit de mercredi à jeudi.  

Le président russe Vladimir Poutine l’avait qualifié, lorsqu’il avait dévoilé le missile Kinjal en 2018, d’« arme idéale », car très difficile à intercepter pour les défenses adverses.  

« Je félicite le peuple ukrainien pour cet évènement historique », a déclaré sur la messagerie Telegram le général Mykola Oleshchuk. « Oui, nous avons abattu le missile Kinjal, qui n’a pas d’équivalent », s’est-il réjoui.  

Selon l’armée de l’air ukrainienne, le missile a été abattu par un système de défense aérienne Patriot au-dessus de Kyiv vers 2 h 30 locales jeudi (19 h 30 heure de l’Est, mercredi).

L’Ukraine a demandé à ses alliés occidentaux de l’aider à renforcer son système de défense aérienne. Pendant tout l’hiver, Moscou avait en effet bombardé ses infrastructures énergétiques.  

Et à la mi-avril, Kyiv a reçu ses premiers Patriots, considérés un des systèmes de défense aérienne les plus perfectionnés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait déclaré que les Patriots renforceraient « considérablement » les défenses de l’Ukraine contre les frappes russes.  

La Russie affirme avoir abattu un missile balistique ukrainien abattu au-dessus de la Crimée

Un haut responsable russe a affirmé samedi qu’un missile balistique ukrainien avait été abattu au-dessus de la Crimée annexée, un évènement rare au moment où se profile une offensive prochaine des forces ukrainiennes.

« Les défenses antiaériennes ont abattu au-dessus de la république de Crimée un missile balistique tiré d’un système ukrainien Grom-2. Pas de destructions, ni de victimes », a indiqué sur Telegram Sergueï Aksionov, chef de la Crimée installé par Moscou.

L’un de ses conseillers, Oleg Krioutchkov, a lui ensuite affirmé que deux missiles Grom-2 avaient été abattus, selon des informations mises à jour.

L’AFP n’a pas été en mesure de confirmer ces déclarations de source indépendante.

Selon l’agence de presse russe d’État TASS, c’est seulement la deuxième fois que l’usage de missiles balistiques ukrainiens Grom est signalé par les autorités au-dessus de la Crimée. Le premier signalement remontait au mois dernier.

Depuis l’été 2022, la Crimée, annexée par Moscou en 2014, est régulièrement frappée par des explosions et des attaques de drones aériens, et parfois de drones de surface (navals).

Le chef de Wagner demande de confier Bakhmout aux troupes tchétchènes

Le chef du groupe paramilitaire Wagner a demandé samedi au ministre russe de la Défense de confier aux troupes du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov ses positions dans la ville ukrainienne de Bakhmout, qu’il a annoncé quitter prochainement pour protester contre un manque de munitions.

PHOTO LIBKOS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des soldats ukrainiens marchent dans des tranchées près de Bakhmout.

« Je vous demande d’émettre un ordre de bataille sur le transfert, avant minuit le 10 mai, des positions du groupe Wagner aux unités du bataillon Akhmat dans la localité de Bakhmout et ses environs », a déclaré Evguéni Prigojine, dans une lettre publiée par son servie de presse adressée au ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou.

Le chef de Wagner précise faire cette demande « en raison d’une longue pénurie de munitions », accusant l’état-major de ne lui avoir fourni que 32 % des munitions demandées depuis octobre dernier.

La veille, M. Prigojine a menacé de retirer la semaine prochaine ses troupes de la ville de Bakhmout, l’épicentre des combats dans l’est de l’Ukraine, accusant l’état-major russe de le priver de munitions.

Sur Telegram, le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov a ensuite affirmé vendredi soir que ses combattants étaient prêts à occuper les positions russes dans la ville, si le groupe Wagner retirait effectivement ses unités.

« Nos combattants sont prêts à s’avancer et à occuper la ville. Cela prendrait quelques heures », a assuré Ramzan Kadyrov, indiquant que ses troupes avaient déjà combattu aux côtés de celles de Wagner dans les villes ukrainiennes de Popasna, Sievierodonetsk et Lissytchansk, conquises par la Russie.

Samedi matin, Evguéni Prigojine, dans un message distinct, a remercié M. Kadyrov pour sa proposition, assurant que Bakhmout, qui résiste aux assauts russes depuis l’été dernier, serait « prise sans aucun doute » par les troupes tchétchènes.

Le chef de Wagner accuse depuis des mois l’état-major russe de ne pas fournir suffisamment de munitions à ses hommes pour les priver d’une victoire à Bakhmout, qui ferait de l’ombre à l’armée régulière.

L’écrivain nationaliste russe Prilépine blessé dans une « explosion »

PHOTO ANASTASIA MAKARYCHEVA, REUTERS

Une photo des lieux de l’incident, publiée par le Comité d’enquête, montre un véhicule blanc à l’avant déchiqueté et retourné sur le toit, devant un cratère sur une route de terre, dans une zone boisée.

L’écrivain nationaliste russe Zakhar Prilépine, soutien farouche de l’attaque du Kremlin en Ukraine, a été blessé samedi dans l’« explosion » de sa voiture en Russie, une attaque dont Moscou accuse l’Ukraine et l’Occident d’être à l’origine.

« La responsabilité de cet attentat terroriste et d’autres repose non seulement sur les autorités ukrainiennes, mais aussi sur leurs parrains occidentaux, au premier chef les États-Unis », a affirmé dans un communiqué le ministère des Affaires étrangères, ajoutant que « le silence des organisations internationales concernées est inacceptable ».

Les autorités russes ont annoncé samedi avoir ouvert une enquête pour « acte terroriste » et arrêté un suspect.

PHOTO NATALIA KOLESNIKOVA, AGENCE FRANCE-PRESSE

L’écrivain nationaliste russe Zakhar Prilépine, en 2017

Dans un communiqué, le Comité d’enquête a annoncé l’ouverture de cette investigation en précisant que le chauffeur de l’écrivain avait été tué dans l’attentat. Pour sa part, le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’un homme « qui pourrait être lié à l’explosion » avait été arrêté dans la région de Nijni Novgorod, où ont eu lieu les faits.

Cette attaque, qui a tué une autre personne, ont indiqué les autorités, survient en pleine vague d’attaques touchant le pays.

Ces dernières semaines, des frappes de drones, sabotages et attentats présumés se multiplient sur le territoire russe. Le Kremlin accuse Kyiv alors que se profile une vaste offensive des forces armées ukrainiennes et les grandes célébrations en Russie du 9 mai, jour de la victoire contre Hitler.

« Une personne a été tuée par l’explosion, et l’écrivain Zakhar Prilépine, qui se trouvait dans la voiture, a été blessé », a indiqué le service de presse du ministère de l’Intérieur.

Des sources médicales et sécuritaires anonymes, citées par les agences de presse russes, affirment que l’écrivain a été blessé aux jambes.

« Zakhar [Prilépine] a des fractures mineures, il n’y a pas de danger pour sa vie », a assuré sur Telegram le gouverneur de la région de Nijni Novgorod (centre-ouest), où a eu lieu l’incident et d’où est originaire l’écrivain.

Dès les premiers rapports de l’incident, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé l’Ukraine, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’OTAN d’être derrière cet acte « terroriste ». « Responsabilité directe des États-Unis et la Grande-Bretagne. Nous prions pour Zakhar », a-t-elle écrit sur Telegram.

Selon le Comité d’enquête, l’écrivain était dans sa voiture « avec sa famille » quand l’explosion s’est produite.

Une photo des lieux de l’incident, publiée par le Comité d’enquête, montre un véhicule blanc à l’avant déchiqueté et retourné sur le toit, devant un cratère sur une route de terre, dans une zone boisée.