(Londres) Le niveau de la menace terroriste en Irlande du Nord a été relevé mardi d’« important » à « grave » par les services de sécurité, une annonce qui intervient peu avant la visite attendue du président américain Joe Biden pour les 25 ans de l’accord de paix.

Ce niveau, annoncé dans une déclaration écrite au Parlement du ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Chris Heaton-Harris, signifie qu’une attaque est considérée comme « hautement probable ».

Ce relèvement, décidé par le service de renseignement (MI5), a été annoncé en raison de « l’augmentation du niveau de l’activité terroriste », a souligné le gouvernement britannique, citant la récente tentative de meurtre d’un policier en Irlande du Nord.

Selon le commissaire adjoint de la police nord-irlandaise Mark Hamilton, sept attaques ont été recensées depuis mars 2022, où le niveau de la menace terroriste avait été abaissé de grave à important.

« Nous sommes déterminés à ne pas retourner en arrière », a-t-il déclaré à la presse, soulignant la détermination des forces de l’ordre à parvenir à terme à l’« éradication du terrorisme ».

Le policier John Caldwell s’est fait tirer dessus à plusieurs reprises le 22 février par deux hommes alors qu’il entraînait des enfants au football dans la ville d’Omagh (centre).

Cette attaque, unanimement condamnée par les dirigeants politiques de la province britannique, est survenue peu avant les 25 ans de l’accord de paix, signé le 10 avril 1998, après trois décennies de conflit meurtrier entre unionistes surtout protestants et républicains à majorité catholique, qui ont fait 3500 morts.

La police soupçonne la Nouvelle IRA, groupe républicain dissident, qui a reconnu sa responsabilité dans deux attaques ces dernières années.  En avril 2021, une bombe avait été posée sous la voiture d’une policière devant son domicile.

« Ces 25 dernières années, l’Irlande du Nord s’est transformée en une société pacifique », « toutefois, un petit nombre de gens restent déterminés à faire du mal à nos populations à travers des actes de violence aux motivations politiques », a dénoncé le ministre Chris Heaton-Harris.

« Ils doivent partir »

L’Irlande du Nord se trouve de surcroît à un moment politique délicat : si Londres et Bruxelles ont fini par trouver un accord sur les dispositions post-Brexit dans la province britannique, ses institutions politiques locales sont toujours paralysées en raison du boycottage des unionistes du DUP, viscéralement attachés au Royaume-Uni.

Devant une commission parlementaire mardi, le premier ministre britannique Rishi Sunak a de nouveau appelé au redémarrage des institutions nord-irlandaises, soulignant que l’anniversaire de l’accord de paix vient rappeler à quel point il a été difficile de faire émerger ces institutions et qu’il convient de leur « donner toutes les chances de réussir ».

Il a également souligné qu’il n’y avait pas de perspective de nouvelles discussions de l’accord obtenu après de longues négociations avec l’Union européenne sur les dispositions post-Brexit en Irlande du Nord, lesquelles sont au cœur du boycottage des unionistes.

Le chef du DUP Jeffrey Donaldson a vu dans la décision du MI5 une « mauvaise nouvelle », exprimant dans un communiqué son espoir que la menace terroriste soit un jour levée. « Mais pour y parvenir, la population doit soutenir la police et montrer qu’il n’y a aucune place pour le terrorisme en Irlande du Nord en 2023 », a-t-il ajouté.

La cheffe du parti républicain Sinn Fein Michelle O’Neill, amenée à devenir première ministre de la province en cas de redémarrage des institutions locales, a quant à elle souligné sur Twitter qu’il n’y a « aucune place pour les groupes paramilitaires », « ils doivent partir ».