(Larissa) Des secouristes tentent mercredi de dégager d’éventuels survivants de la carcasse d’un train entré durant la nuit en collision frontale avec un convoi de marchandises dans le centre de la Grèce, un accident d’une violence semblable à « un grand tremblement de terre » selon un survivant.

Un enchevêtrement de véhicules pulvérisés et calcinés, c’est tout ce qu’il reste des wagons de tête du train de passagers Athènes-Thessalonique qui a percuté un train de marchandises tard mardi pour une raison inconnue, près de la ville de Larissa.

« Nous avons ressenti la collision comme un grand tremblement de terre », témoigne auprès de l’AFP un passager, Angelos, 22 ans, sur les lieux de l’accident. « Heureusement, nous étions dans l’avant-dernière voiture et nous en sommes sortis vivants. Il y a eu un incendie dans les premières voitures et la panique s’est ensuivie. C’est un cauchemar que j’ai vécu […] Je tremble encore ».

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Cet accident ferroviaire, présenté comme le plus grave qu’ait jamais connu la Grèce, a fait au moins 36 morts et 85 blessés mais selon le porte-parole des pompiers, Vassilis Vathrakogiannis, ce décompte « devrait augmenter » alors que les opérations de secours se poursuivent dans des conditions difficiles.  

De nombreuses victimes sont des jeunes, en particulier des étudiants qui rentraient à Thessalonique après un week-end prolongé lié à un jour férié en Grèce, a indiqué à l’AFP un secouriste. Une information confirmée par le ministre de la Santé, Thanos Plevris.

La voiture-restaurant du train de passagers qui devait rejoindre Thessalonique, la deuxième ville de Grèce dans le nord du pays, a pris feu lors de cette collision dont l’origine est encore inconnue.

PHOTO GIANNIS PAPANIKOS, ASSOCIATED PRESS

« Une tragédie »

Aux premières lueurs du jour, d’épaisses fumées s’échappaient encore d’autres wagons accidentés et renversés sur le côté, a constaté l’AFP.

En matinée, deux immenses grues ont été déployées pour enlever des carcasses calcinées, dégager des pans de métal et permettre ainsi aux secours d’accéder à d’éventuelles victimes.

Des dizaines de camions de pompiers et d’ambulances sont garés en bordure de la voie ferrée qui longe une route, dans la vallée de Tempé au nord de la ville de Larissa (centre), à 200 km d’Athènes.

« Je n’ai jamais rien vu de tel de toute ma vie. C’est une tragédie. Cinq heures après, on continue de trouver des corps », confie à l’AFP, essoufflé, un secouriste après avoir extirpé deux corps d’un wagon sous une épaisse fumée.

En larmes, le ministre des Transports, Kostas Karamanlis, venu sur place, promet que toute la lumière sera faite pour déterminer les causes de l’accident alors que certains dénoncent déjà le manque de sécurité sur les trains grecs.

« C’est un accident inimaginable. Deux trains se sont retrouvés sur la même voie et sont entrés en collision frontale, probablement à cause d’une erreur humaine. Aucun système de sécurité, télécommande et feux de circulation ne fonctionnent. Cet horrible accident aurait été évité si les systèmes de sécurité fonctionnaient », assure à l’AFP le président du syndicat des chefs de train OSE, Kostas Genidounias, présent sur les lieux de l’accident.

Quelque 150 pompiers sont mobilisés, aidés de grues et de mécaniciens pour essayer de dégager les débris et soulever les wagons renversés.

Traumatisés, les visages fermés et les traits tirés, des passagers expliquent devant les caméras de télévision « être profondément choqués ».  

« Les gens ont commencé à détruire les vitres pour sortir des wagons, ils hurlaient. C’était la panique totale », raconte ainsi l’un d’eux sur la chaîne Skaï.  

En colère, certains exigent des explications de la compagnie ferroviaire.

« J’avais l’impression que quelque chose n’allait pas bien quand nous nous sommes arrêtés. Nous avons été retardés à cause du trafic intense sur les voies ferrées, le conducteur nous a dit que nous serions retardés de 15 minutes, car c’est une voie unique. Nous aurions probablement dû être retardés davantage, (ce) n’était pas correctement planifié », enrage un passager sur la chaîne de télévision MEGA.