(Tbilissi) Un tribunal de Tbilissi a refusé lundi de remettre en liberté provisoire l’ex-président géorgien Mikheïl Saakachvili dont l’état de santé s’est fortement détérioré depuis son emprisonnement en 2021.

Lors d’une audience retransmise à la télévision, le juge Guiorgui Arevadzé a décidé de « rejeter la requête » des avocats de M. Saakachvili, qui purge une peine de six ans d’emprisonnement pour « abus de pouvoir ».

L’ex-dirigeant de 55 ans, qui dénonce une condamnation politique, a protesté avec plusieurs grèves de la faim qui ont conduit à une détérioration de son état de santé.

« J’ai été tout simplement condamné à mort et je resterai en prison avec toutes les maladies mortelles », a réagi M. Saakachvili sur Facebook après le rejet de sa demande de remise en liberté.

Son avocat, Dito Sadzaglichvili, a dénoncé le verdict comme étant « illégal », tandis que le frère de l’ex-président, Guiorgui Saakachvili, a déclaré aux journalistes que l’affaire « sera portée devant [la] Cour des droits de l’homme de Strasbourg ».

Le président du parti de M. Saakachvili, Levan Khabeïchvili, a lui annoncé lors d’une conférence de presse que sa formation d’opposition « cessera le travail au Parlement » pour protester contre « la décision du tribunal qui a agi sur les ordres du gouvernement ».

Il a annoncé des manifestations pour exiger la libération de l’ex-président.

Vendredi, ses médecins ont affirmé que l’ex-dirigeant risquait de mourir en raison d’états d’affaiblissement et d’amaigrissement extrêmes liés à une dénutrition.

« Le poids de Saakachvili est passé de 115 à 68 kilos » depuis son arrestation en octobre 2021, a déclaré à l’AFP son avocat Dito Sadzaglichvili, en soulignant : « C’est une perte de poids qui menace sa vie ».

« Dans l’absence d’un diagnostic approprié de son état et d’une assistance médicale adéquate, il risque de mourir », a assuré la médecin Mariam Jichkariani.

Lors d’une audience en décembre à laquelle il participait par visioconférence, M. Saakachvili était apparu grandement affaibli, le visage émacié et les mains tremblantes, ses cheveux, qu’il avait autrefois noir de jais, devenus gris.

M. Saakachvili a dirigé la Géorgie, ex-république soviétique du Caucase, de 2004 à 2013, avant de s’exiler pendant huit ans.  

Pendant son exil, il a notamment vécu en Ukraine, pays dont il a obtenu la nationalité et où il a occupé des responsabilités politiques.

Rentré clandestinement en Géorgie avant des élections locales début octobre 2021, il avait été immédiatement arrêté pour purger une peine de six ans de prison pour « abus de pouvoir », prononcée par contumace en 2018.  

Le Conseil de l’Europe avait appelé l’an dernier à la libération de M. Saakachvili et dit le considérer comme un « prisonnier politique ». L’ONG Amnistie internationale a qualifié le traitement qui lui est réservé de « vengeance politique apparente ».