(Belfast) Le premier ministre irlandais Leo Varadkar a fait part jeudi de son espoir que les négociations aboutissent entre Londres et Bruxelles sur les contrôles post-Brexit en Irlande du Nord, pour permettre le déblocage de la paralysie politique dans la province britannique.

Depuis près d’un an, les unionistes du DUP (Parti unioniste démocrate), qui voient dans les contrôles sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne une menace sur la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni, boycottent les institutions locales.

Ils exigent a minima de profondes modifications au protocole nord-irlandais, le traité qui introduit ces contrôles.

« J’ai l’espoir qu’il sera possible d’arriver à un accord sur le protocole […] qui je l’espère devienne plus largement acceptable ici pour ensuite permettre aux institutions d’être restaurées », a déclaré le chef du gouvernement irlandais après avoir rencontré à Belfast les principaux partis nord-irlandais.

L’application du texte a été « trop stricte et trop rigide », a-t-il estimé, reconnaissant à nouveau que des « erreurs » avaient été faites. Mais « nous pouvons travailler ensemble pour apporter les changements nécessaires », pour qu’il ne reste qu’un « très faible nombre » de contrôles sur les marchandises.

Le chef du DUP Jeffrey Donaldson a quant à lui rappelé qu’un retour des institutions locales était conditionné à « une issue sur le protocole que les unionistes puissent soutenir ».

Après avoir rencontré le dirigeant irlandais, il a estimé que celui-ci avait à présent une « meilleure compréhension des difficultés que crée le protocole en Irlande du Nord ».

Tempérant les dernières avancées sur des points techniques qui, associées à un changement de ton entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE), laissent envisager une issue positive, le responsable unioniste a estimé qu’un accord « est encore bien loin ».

« Il reste des questions politiques majeures dans ces négociations qui n’ont pas été abordées », a-t-il déclaré jeudi matin à la BBC.

Risque de nouvelles élections

Après une rencontre qu’elle a qualifiée de « constructive » avec Leo Varadkar, la cheffe du Sinn Fein, Mary Lou McDonald, a exprimé sa « détermination absolue » à remettre en route les institutions locales.

Quant aux négociations sur le protocole, elle a estimé qu’un « accord est possible ». « La fenêtre que nous avons à présent doit être saisie des deux mains », a-t-elle dit.

La visite du premier ministre irlandais intervient au lendemain de celle du ministre britannique des Affaires étrangères, James Cleverly.

Lundi, Londres et Bruxelles sont parvenus à des progrès sur la question de l’accès de l’UE aux systèmes informatiques britanniques.

Négocié en même temps que le traité de Brexit, le protocole nord-irlandais maintient de fait l’Irlande du Nord, qui dispose de la seule frontière terrestre britannique avec l’UE, dans le marché unique européen.

Le texte vise à la fois à préserver l’accord de paix de 1998, qui a mis fin à trois décennies de conflit sanglant, en évitant le retour d’une frontière dure, et à protéger l’intégrité du marché unique européen.

Après s’être entretenu avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen mercredi, le premier ministre irlandais avait salué l’« engagement positif » dans les discussions entre Londres et Bruxelles.

Le chef de l’opposition britannique Keir Starmer s’est lui aussi rendu dans la province britannique, et a insisté sur le fait qu’une « solution négociée » était la seule issue.

Cette succession de déplacements intervient à l’approche de l’échéance fixée au 19 janvier pour le redémarrage des institutions nord-irlandaises, sans lequel de nouvelles élections risquent d’être convoquées.