(Creeslough) « Choquant et tragique » : le premier ministre irlandais a appelé samedi à faire toute la lumière sur l’explosion d’une station-service qui a fait dix morts dont trois enfants la veille dans un petit village du nord-ouest.

L’explosion s’est produite vendredi vers 15 h 20 (10 h 20 HE) dans le village de Creeslough. « Elle a fait dix victimes », a déclaré un responsable de la police lors d’une conférence de presse. Il s’agit de quatre hommes, trois femmes, deux adolescents (un garçon et une fille) et d’une fillette, en âge d’aller à l’école primaire, a-t-il détaillé.

« Les informations dont nous disposons à l’heure actuelle font état d’un accident tragique », a-t-il encore dit, semblant écarter la piste d’un acte volontaire. Mais la police garde « l’esprit ouvert ».  

« On ne s’attend pas à ce qu’il y ait d’autres victimes », a ajouté ce responsable. Il n’y a pas d’information sur des personnes portées disparues.  

PHOTO PAUL FAITH, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une photographie aérienne prise après la déflagration montre la station-service détruite et deux immeubles résidentiels de deux étages effondrés.

« C’était comme une bombe », a déclaré à la BBC un riverain, Kieran Gallagher, dont la maison se trouve à environ 150 mètres et chez lui quand il a entendu une explosion.

Les services de secours, accompagnés de chiens renifleurs pour retrouver des victimes, ont œuvré tout au long de la nuit.  

« Jour très sombre »

PHOTO BRIAN LAWLESS, PA VIA ASSOCIATED PRESS

Les décombres continuaient d’être ramassés samedi matin tandis qu’une messe a été célébrée dans l’église du village anéanti par « un tsunami de chagrin », a dit le prêtre John Joe Duffy.

« C’est un jour très sombre pour Donegal (le comté où se situe Creeslough, NDLR) et pour l’Irlande », un « évènement vraiment choquant et tragique », a déploré le premier ministre irlandais Michael Martin venu sur place dans l’après-midi.  

« La dimension et l’énormité de ce qui s’est passé, dans une si petite commune, signifie que presque tout le monde connaît quelqu’un qui a perdu la vie », a-t-il relevé.  

Le village de Creelough, qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Irlande du Nord, compte environ 400 habitants.  

« Nous devons faire toute la lumière sur tout ça », a-t-il ajouté, tout remerciant les secouristes. « Il y a un nombre de morts et de blessés que nous ne voulons plus voir se produire quand les gens vaquent à leur quotidien ».

La police, les pompiers, les services d’ambulance et les garde-côtes irlandais ont été épaulés par le service d’ambulance aérienne d’Irlande du Nord ainsi qu’une équipe de spécialistes de la province britannique samedi.  

L’hôpital universitaire de Letterkenny, situé à 24 kilomètres de la station-service, a été placé en situation d’urgence et a indiqué dans un communiqué qu’il s’occupait de « blessures multiples ».  

Le ministre de l’Agriculture Charlie McConalogue, qui est un élu au parlement irlandais de la région frappée par l’explosion, a comparé les scènes de dévastation à celles du conflit nord-irlandais dans la seconde moitié du XXe siècle.  

« Les scènes de l’évènement rappellent les images des Troubles il y a des années, au niveau des dégâts et des débris ».

Pendant trois décennies, le conflit nord-irlandais a opposé nationalistes, principalement catholiques, favorables à la réunification de l’île d’Irlande, et loyalistes, essentiellement protestants, attachés au maintien de la province sous la couronne britannique. Ce conflit avait fait environ 3500 morts.

« Nos pensées et nos prières vont aux familles et aux amis des personnes décédées, à celles qui ont été blessées et à l’ensemble de la communauté de Creeslough », a tweeté l’entreprise Applegreen, à laquelle appartient la station-service frappée par l’explosion et qui s’est dit « bouleversée ».