(Moscou) Un tribunal russe a ordonné mercredi l’incarcération de trois jeunes poètes qui avaient participé à une lecture littéraire contre la mobilisation pour combattre en Ukraine, l’un d’eux affirmant avoir été violé par la police lors de son arrestation.

Selon l’ONG spécialisée OVD-Info, Artiom Kamardine, Egor Chtovba et Nikolaï Daïneko ont été placés en détention provisoire pour deux mois.

D’après cette source, ils sont suspectés dans une enquête ouverte pour « incitation à la haine avec menace d’usage de la violence ». S’ils sont inculpés, ils risquent six ans de prison, alors que les autorités russes répriment actuellement toute critique du conflit en Ukraine.

Dimanche, les trois hommes ont participé à la lecture de vers devant la statue du poète Vladimir Maïakovski dans le centre de Moscou, un lieu où se rassemblaient déjà des intellectuels dissidents pendant la période soviétique.

Au début des lectures, un homme affirme qu’il s’agit d’une action « anti-mobilisation » militaire – ordonnée en Russie la semaine dernière –, selon une vidéo de l’évènement publiée sur la chaîne YouTube d’opposition « Mos Piket ».

« Vous vous souvenez comment on appelait il y a huit ans les terroristes de Donetsk et Louhansk ? Les miliciens », affirme Artiom Kamardine, en référence aux capitales des deux territoires séparatistes prorusses de l’Est de l’Ukraine.  

Il récite ensuite un de ses poèmes intitulé Tue-moi, milicien !.

À la fin du texte, il lance : « Gloire à la Rous’de Kyiv ; la Nouvelle-Russie, va te faire ! ». Il mentionne respectivement l’État slave médiéval qui couvrait en partie l’Ukraine et la Russie, et le projet impérialiste de Nouvelle-Russie visant à créer un territoire russe dans le Sud et l’Est ukrainien.

Le lendemain, Artiom Kamardine a été arrêté lors d’une perquisition à son domicile. Selon son avocat Leonid Solovev, cité par des médias indépendants russes, il affirme avoir été tabassé et violé avec un haltère lors de son arrestation.  

La chaîne Telegram 112, proche des forces de l’ordre russes, a publié une vidéo montrant le jeune homme, à genoux, présentant des excuses.

Lors d’une prise de parole au tribunal mercredi soir, filmée par le média indépendant SOTA, Artiom Kamardine a affirmé que ces excuses avaient été obtenues « sous la torture ». À l’audience, il est apparu avec des marques et un pansement sur le visage.

Nikolaï Daïneko a, lui, été arrêté dimanche pendant les lectures poétiques et a reçu une amende pour « manifestation non -autorisée ». Il a été relâché et à nouveau interpellé lundi, selon OVD-Info.