(Rome) Pour Silvio Berlusconi, ancien chef du gouvernement italien qui s’était rendu avec Vladimir Poutine en Crimée après l’annexion de la province russe par Moscou en 2014, le maître du Kremlin a été « poussé » par sa population et son entourage à envahir l’Ukraine.

« Poutine s’est retrouvé dans une situation vraiment difficile et dramatique », a expliqué jeudi soir dans une émission politique de la télévision publique Rai le patron de Forza Italia (droite) qui se présente dimanche aux législatives en coalition avec deux partis d’extrême droite, Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et la Ligue de Matteo Salvini.

Ces trois formations devraient remporter les élections, selon les sondages.

« Une mission des deux républiques prorusses du Donbass est allée à Moscou, a parlé avec tout le monde, les radios, la presse, la télévision, avec les gens du parti (de Poutine), les ministres du parti, et puis est allée le voir en délégation pour lui dire : “Zelensky a intensifié les attaques des forces ukrainiennes contre nos forces sur nos frontières. Nous sommes maintenant à 16 000 morts. S’il vous plaît, défendez-nous, parce que si vous ne le faites pas, nous ne savons pas ce qui va se passer », a-t-il développé.

Selon lui, Poutine a ensuite été « poussé par la population russe, par son parti, par ses ministres, à engager cette opération spéciale, c’est comme ça qu’elle a été appelée au départ, selon laquelle les troupes russes devaient entrer et en une semaine rallier Kyiv, remplacer le gouvernement Zelensky par un gouvernement de personnes décentes et en une semaine repartir ».

Ses propos ont déclenché un tollé et Silvio Berlusconi a estimé vendredi qu’ils avaient été « simplifiés », évoquant une guerre « injustifiable ».

« Nous sommes et serons toujours du côté de l’Europe, des États-Unis, de l’Occident, de l’Alliance atlantique […]. Nous sommes les garants, de façon absolue, de la loyauté européenne et atlantique du prochain gouvernement », a-t-il assuré sur Instagram.

Le chef du Parti démocrate (PD), Enrico Letta, donné en deuxième position aux législatives derrière Giorgia Meloni, a fustigé des « déclarations scandaleuses et gravissimes ».

Sur Twitter, Pieyre-Alexandre Anglade, président de la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale en France, a accusé Berlusconi, Meloni et Salvini d’être « les marionnettes de Poutine ».

« Les conséquences des élections de ce dimanche en Italie dépasseront les frontières de la péninsule. C’est l’unité de l’Europe face à la Russie qui se joue aussi », a-t-il estimé.

Pour la vice-présidente du Parlement européen, l’Italienne Pina Picierno (Parti démocrate), Berlusconi « jette le masque atlantiste et européen et montre le vrai visage de la droite italienne : ennemie de la liberté, amie des autocrates ».

L’eurodéputée socialiste espagnole Iratxe Garcia Perez a de son côté dénoncé « des propos choquants ».

Silvio Berlusconi a en revanche reçu l’appui du PPE (droite) au Parlement européen. « La position de Forza Italia est claire : ils soutiennent l’Ukraine dans son combat contre la guerre illégale de la Russie », a écrit sur son compte Instagram le groupe auquel appartient le parti du milliardaire italien.