(Londres) Nommée deux jours avant la mort d’Élisabeth II, la première ministre britannique Liz Truss fait ses débuts sur la scène internationale à l’Assemblée générale de l’ONU avec une réaffirmation du soutien britannique à l’Ukraine, avant de rentrer s’attaquer à la grave crise du coût de la vie.

Le décès de la reine le 8 septembre a éclipsé toute autre actualité et mis en pause la vie politique au Royaume-Uni. Mais le deuil national est terminé et les affaires ont repris à toute allure pour Liz Truss, qui avait promis d’agir vite et fort face à une situation économique et sociale explosive.

Dans un premier temps, la première ministre s’est envolée lundi soir pour New York (États-Unis) et l’Assemblée générale des Nations unies. Elle a mis à profit l’évènement, qu’elle a déjà fréquenté comme cheffe de la diplomatie, pour réitérer l’engagement du Royaume-Uni envers l’Ukraine face à l’envahisseur russe.  

Dans un communiqué, elle a indiqué que son pays comptait égaler, voire dépasser en 2023 les 2,3 milliards de livres sterling (2,6 milliards d’euros) d’aide militaire promis cette année. « Les victoires de l’Ukraine ces dernières semaines sont une source d’inspiration », a-t-elle déclaré, après la reprise par les forces ukrainiennes de territoires occupés par les Russes à la faveur d’une contre-offensive.  

« Mon message aux Ukrainiens est le suivant : le Royaume-Uni continuera à se tenir juste derrière vous à chaque étape. Votre sécurité est notre sécurité », a-t-elle ajouté.

-Coopération franco-britannique-

En coulisses, elle en a aussi profité pour tenir son premier face-à-face avec le président français Emmanuel Macron, après avoir refusé cet été de dire si la France était un pays « ami » ou « ennemi » du Royaume-Uni, sur fond de tensions sur les relations post-Brexit et les traversées illégales de la Manche par des migrants.

Face au rude hiver qui s’annonce, tous deux « ont souligné l’importance de travailler ensemble pour mettre fin à la dépendance à l’énergie russe » et ont « convenu de renforcer la coopération franco-britannique en matière d’énergie », a indiqué mardi Downing Street dans un communiqué.   

Après Emmanuel Macron, qu’elle a aussi remercié pour ses « paroles bienveillantes » à la suite du décès de la reine Élisabeth II, la première ministre doit s’entretenir mercredi avec le président américain Joe Biden alors que, du propre aveu de la dirigeante, les négociations en vue d’un grand accord commercial avec les États-Unis, ardemment souhaité par Londres depuis le Brexit, sont au point mort.  

« Il n’y a actuellement aucune négociation en cours avec les États-Unis et je ne m’attends pas à ce que celles-ci soient lancées dans le court à moyen terme », a-t-elle dit à des journalistes dans l’avion l’emmenant à New York.  

Outre l’Ukraine, seront au menu des discussions avec le président américain la crise énergétique, mais aussi la situation en Irlande du Nord, en pleine impasse politique en raison des dispositions post-Brexit dans la province britannique.

Face au blocage, Liz Truss a introduit, quand elle était encore cheffe de la diplomatie, une loi pour modifier unilatéralement ces arrangements négociés avec l’Union européenne - au risque de se mettre à dos Bruxelles, Dublin et Washington pour qui toute modification du texte fragiliserait la paix sur l’île.

Le président américain, qui a des racines irlandaises, a souvent critiqué la gestion de la question sous le précédent chef de gouvernement britannique Boris Johnson, et son administration surveille de près les premiers pas de Liz Truss.  

Impôts et bonus

C’est surtout sur l’économie que les Britanniques attendent Liz Truss, d’autant plus après un été de quasi-vacance du pouvoir lors duquel Boris Johnson, démissionnaire, a passé à sa successeure des dossiers brûlants.

La première ministre a déjà promis un gel des factures d’énergie pour les ménages. Mais avec une inflation autour de 10 %, le Royaume-Uni connaît toujours sa pire crise depuis des décennies. Les grèves, suspendues pendant le deuil national, reprennent et le nouveau gouvernement est attendu au tournant par l’opposition travailliste, qui fourbit ses armes en vue de son congrès annuel ce week-end.

Mercredi, l’exécutif doit annoncer un plan d’aides aux entreprises. Jeudi, un vaste programme pour le NHS, le système gratuit de santé publique au bord de la rupture. Et vendredi, une première vague des baisses d’impôts massives promises par Liz Truss pour séduire l’électorat conservateur.

Fervente libérale sur le plan économique et fière héritière de Margaret Thatcher (première ministre britannique de 1979 à 1990), Liz Truss suscite déjà des critiques avec ses projets de frapper fort en termes de dérégulation, souhaitant selon la presse abolir les limites aux bonus des banquiers et s’attaquer aux lois anti-obésité encadrant les ventes de sucreries.