(Istanbul) Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche à Istanbul contre les personnes LGBTQ+, dont les rassemblements sont désormais interdits en Turquie, a constaté un photographe de l’AFP.

Rassemblés à l’appel de plus d’une centaine de groupes et d’associations conservateurs, pour la plupart proches du pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, les manifestants ont réclamé l’interdiction des associations de défense des droits des homosexuels et des transgenres.

« Protégez votre famille et votre génération », « Nous n’allons pas laisser faire ceux qui font la guerre à la famille », « Dis Non au projet de société sans genre », ou encore « Papa-maman-bébé = famille », pouvait-on lire sur des pancartes brandies par la foule, dont la majorité des femmes étaient voilées, dans le quartier conservateur de Fatih.  

Un spot publicitaire soutenant la manifestation avait été classé comme « d’intérêt public » par le Conseil supérieur turc de l’audiovisuel, provoquant un tollé des groupes de défense des droits de l’homme.

De nombreux internautes turcs ont d’ailleurs partagé dimanche sur les réseaux sociaux le message « Non à la marche de la haine » en solidarité avec les LGBTQ+ ciblés par la manifestation.

L’homosexualité, dépénalisée en Turquie depuis le milieu du XIXe siècle (1858), n’est pas interdite, mais reste largement soumise à l’opprobre social et à l’hostilité du parti islamoconservateur au pouvoir, l’AKP, et à celle du gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan.

Un ministre a traité par le passé les homosexuels de « détraqués ».

Le gouvernement turc a en outre abandonné l’année dernière un traité de défense des droits des femmes, la Convention d’Istanbul, lui reprochant d’encourager l’homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle.

Depuis un spectaculaire défilé en 2014 de plus de 100 000 personnes à Istanbul, les autorités turques ont progressivement interdit la Marche des Fiertés, avançant des raisons de sécurité.

Depuis, des manifestants qui bravent l’interdiction sont sévèrement réprimés, donnant lieu à des descentes musclées et des arrestations.

En juin dernier, plus de 200 personnes ont été arrêtées et souvent malmenées.