Quelle image, quel souvenir, quelle impression garderont-ils de Sa Majesté la reine ? C’est la question qu’on a posée aux Londoniens sur la ligne Elizabeth, la plus récente des lignes du métro londonien, ainsi nommée en l’honneur de la souveraine. D’est en ouest, les réponses sont aux extrêmes. Non, tout le monde ne l’aimait pas…

Station Southall

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Tim Patterson

Longévité. Elle est restée tellement longtemps sur le trône. C’est la seule reine que j’aie jamais connue. Je ne sais pas si je vais travailler aussi longtemps, mais j’espère vivre aussi vieux !

Tim Patterson

Station Hanwell

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Santiago Fernandez

Tu vas rire, mais ce matin, j’ai fait un détour pour prendre la ligne Elizabeth. Ça me prend 15 minutes de plus que le bus, mais c’est ma façon de lui rendre hommage. Parce que je n’ai pas pu aller au palais de Buckingham. Élisabeth incarnait la nation. On était avec elle, elle était avec nous. Maintenant qu’elle est partie, il y a une part de nous qui disparaît.

Santiago Fernandez

Sation West Ealing

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Bill Scatchard

Son sens du devoir. Elle a toujours été là. Elle a toujours fait la bonne chose. Elle s’est sacrifiée, au détriment de sa vie personnelle. L’exemple qu’elle donnait était impressionnant. Elle a littéralement servi jusqu’au bout. Deux jours avant sa mort, elle rencontrait la nouvelle première ministre. Impressionnant !

Bill Scatchard

Station Acton Main Line

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

John Price

J’ai 6 ans. J’ai la polio. Je suis à l’hôpital. On est en 1952. La reine vient d’être couronnée. Ma mère m’offre un magnifique carrosse du couronnement couleur dorée. Pas en plastique comme les jouets d’aujourd’hui. En métal. Du solide. Bizarrement, je n’ai pas beaucoup joué avec. À cet âge, on ne réalise pas l’importance des choses. On a dû le jeter. La gaffe. Ça vaudrait cher aujourd’hui !

John Price

Station Paddington

PHOTO PATRICK RIVIÈRE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Ci-dessus, la reine photographiée en avril 1988

Pour moi, c’est un sourire. Un sourire amical et accueillant. Pas le sourire de quelqu’un qui se croit supérieur. Un sourire humain, qui réchauffe. On sentait qu’elle s’en faisait vraiment pour les gens. Pas comme les politiciens, qui ne servent que leur intérêt.

Amy Coxton

Station Tottenham Court Road

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Samantha Esling

Dévouement. Elle avait sûrement des défauts, mais on ne les voyait pas. Elle se montrait de la façon dont les gens voulaient la voir. Elle savait que sa fonction était plus grande que le reste. Aujourd’hui, les gens se demandent ce qu’ils voudraient être. Elle se demandait ce qu’elle devait être. C’est rare de nos jours.

Samantha Esling

Station Liverpool Street

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Vincenzo de Fraja

Un gros show de téléréalité ! C’est à ça que je pense. Sa vie est devenue un vrai soap, la famille aussi. Lady Di, Harry et Meghan, le prince Andrew. La reine au milieu de tout ça. Ils vivent dans une autre réalité, mais les gens regardent ça comme si c’était une émission de téléréalité.

Vincenzo de Fraja

Station Faringdon

PHOTO STEVE PARSONS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Ci-dessus, la reine avec l’un de ses célèbres chiens, le 4 février dernier

Des corgis ! Spontanément, je l’associe à ces chiens. Elle en a eu tellement. Toute une lignée. J’ai vu un documentaire là-dessus. Passionnant. Elle avait du goût, ce sont de beaux petits chiens. Un peu courts sur patte. Mais mignons, non ?

Howie Coslic

Station Whitechapel

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Christine et Colin Thomas

Christine Thomas : Constance. Elle a toujours été là. Elle nous a tenus ensemble. Avec elle, on avait quelque chose, qu’on l’apprécie ou non. Elle n’avait pas d’opinions. Mais elle était là.

Colin Thomas  : Stabilité aussi. Un exemple à suivre.

Christine : Mais tu n’as jamais été stable, Colin !

Colin : [Silence] Oui, tu as raison…

Station Canary Wharf

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Fran Jones

La reine ? Rien contre la personne. Mais je me débarrasserais bien de la royauté. Avoir des chefs d’État par simple hérédité, ça n’a pas de sens. Il faut que ça se mérite. Je ne pense pas qu’on aura une république de sitôt au Royaume-Uni. Mais je ne serais pas surprise que Charles provoque une accélération du processus…

Fran Jones

Station Woolwich

PHOTO JEAN-CHRISTOPHE LAURENCE, LA PRESSE

Vera Bird

Pas beaucoup de sympathie pour la reine. À mes yeux, elle représente d’abord le régime colonial britannique. L’esclavage. Le racisme. Ce sont des gens qui ont pris des terres, qui ont changé des lois. Je ne nie pas qu’elle a fait du bon travail. Mais derrière la belle image, il y a ce côté plus sombre qu’il faut critiquer…

Vera Bird

Neuve et mauve

PHOTO ANDREW TESTA, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES

L’Elizabeth line permet d’accéder aux banlieues (et à l’aéroport d’Heathrow) en un temps record, avec des trains rutilants et ultrarapides.

Officiellement ouverte en mai 2022 par la reine elle-même, l’Elizabeth line est la plus récente ligne de métro londonienne. Reconnaissable à sa couleur lilas, elle fait 118 km de long et parcourt la ville d’est en ouest. Elle permet d’accéder aux banlieues (et à l’aéroport d’Heathrow) en un temps record, avec des trains rutilants et ultrarapides. Les travaux, estimés à 19 milliards de livres (28 milliards CAN), ont commencé en 2009. Selon la BBC, 10 000 ouvriers ont été employés sur ce projet de longue haleine, maintes fois retardé à cause de la COVID-19, qui devrait être complètement bouclé en mai 2023.