(Édimbourg) Elle n’a aperçu le cercueil de la reine Élisabeth II que pendant quelques secondes, mais Christine Raeburn n’a pu retenir ses larmes au passage du cortège funéraire royal dans les rues d’Édimbourg, la capitale de l’Écosse, dimanche après-midi.

« C’était triste et poignant. On ne verra plus jamais une dame aussi magnifique », a confié la mère de famille, les yeux encore rougis, quelques minutes après le passage du convoi. « L’Écosse était importante pour elle, et c’est très touchant qu’elle revienne une dernière fois dans sa résidence d’Édimbourg pour que les Écossais puissent lui dire adieu. »

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Christine Raeburn

Comme Christine Raeburn, ils étaient des dizaines de milliers à s’être massés pour se recueillir le long du trajet emprunté par le cortège de sept voitures, sur 300 kilomètres, entre le domaine de Balmoral, où la souveraine est morte jeudi, et le palais de Holyroodhouse, sa résidence officielle dans la capitale écossaise.

Certains applaudissaient au passage de la procession. D’autres lançaient des fleurs.

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Des milliers de personnes se sont massées le long du parcours dans un silence recueilli.

La dépouille de la reine était transportée par un corbillard vitré, dans un cercueil recouvert de l’étendard royal écossais et surmonté d’une couronne de fleurs blanches.

Venu rendre un dernier hommage à celle qui a régné sur la nation pendant plus de 70 ans, Blaine Webster, portant pour l’occasion le kilt et le béret traditionnels écossais, a aussi eu les yeux dans l’eau lors du passage du convoi funéraire, a-t-il avoué. « Je suis un traditionaliste, alors la monarchie est importante pour moi. Et aujourd’hui, nous avons vécu un moment historique », a-t-il dit, ému.

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Michal Banszak, Paulina Wojciewska et leurs filles, Amalia et Zuzanna

Paulina Wojciewska et Michal Banszak sont convaincus que leurs filles Amalia, 7 ans, et Zuzanna, 5 ans, se souviendront toute leur vie de cet évènement marquant. La famille est arrivée tôt pour avoir un bon point de vue. Pour l’occasion, la plus jeune portait un cerceau orné d’une couronne et avait apporté une peluche de l’ours Paddington (associé à la reine après que Sa Majesté fut apparue dans un sketch humoristique avec l’ourson).

Ce dont Paulina Wojciewska se souviendra le plus au sujet d’Élisabeth II ? Ses tenues colorées et ses chapeaux d’une autre époque. « Elle avait beaucoup de style ! », a lancé Mme Wojciewska.

La fin d’une ère

« C’est la mort d’une icône et la fin d’une ère », a souligné aussi Linda Thomson, dont la chienne Belle était vêtue d’un costume de circonstance : col au motif de l’Union Jack et imitation de kilt sur son arrière-train. « J’ai toujours aimé la famille royale et les chiens de la reine », a-t-elle ajouté.

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Linda Thomson

Comme beaucoup d’autres dans l’assistance, Nicola Sandilands avait apporté des fleurs, qu’elle comptait déposer devant le palais de Holyroodhouse. Elle y avait attaché un petit mot : « Votre Majesté, vous avez toujours eu une place dans votre cœur pour l’Écosse, et l’Écosse vous aimera toujours aussi. »

L’émotion étreignait également Rona Fuller, après que le cercueil de la reine eut disparu derrière les grilles du palais de Holyroodhouse. « Elle n’a jamais failli à sa tâche en 70 ans », a-t-elle fait remarquer. « On se sent comme si on venait de perdre une amie. »

Après avoir attendu le passage du convoi funéraire pendant quatre heures dimanche, Mme Fuller avait aussi l’intention d’être présente ce lundi, quand la dépouille royale sera amenée à la cathédrale Saint-Gilles pour une cérémonie religieuse, après avoir passé la nuit dans la salle du trône d’Holyroodhouse.

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Le cercueil de la reine Élisabeth II, recouvert du drapeau royal d’Écosse, quitte le château de Balmoral pour la ville d’Édimbourg.

Pour ce trajet d’un kilomètre, le roi Charles III et d’autres membres de la famille royale devraient se joindre au cortège.

Le cercueil d’Élisabeth II doit rester en chapelle ardente dans la cathédrale pendant 24 heures, afin de permettre aux Écossais d’aller s’y recueillir.

Ensuite, il sera transporté par avion jusqu’à Londres, où la population pourra aussi y avoir accès. Ses funérailles auront lieu le 19 septembre à l’abbaye de Westminster, haut lieu des mariages, couronnements et enterrements royaux depuis près d’un millénaire.