(Londres) Record de température et sécheresse : l’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Angleterre, et le quatrième à l’échelle du Royaume-Uni, frappé de plein fouet comme une grande partie de l’Europe par la crise climatique.

Pelouses grillées, cours d’eau asséchés et interdictions d’arrosage ont fait sentir aux Britanniques de manière très concrète ces dernières semaines le réchauffement de la planète.

Pour l’Angleterre, la température moyenne a atteint 17,1 degrés durant les trois mois d’été (juin, juillet et août pour les services météo), nuits comprises, un record à égalité avec celui de 2018, ont indiqué jeudi les services météorologiques britanniques.

Certaines régions ont enregistré « moins de 50 % de leur quantité habituelle de précipitation », a précisé le Met Office à partir de données provisoires.

L’Est et le nord-Est de l’Angleterre ont particulièrement souffert de cette chaleur, qui n’a pas épargné le reste du Royaume-Uni, où l’été 2022 est le quatrième plus chaud depuis le début des relevés en 1884.

En juillet, les températures ont dépassé les 40 degrés pour la première fois au Royaume-Uni, mois le plus sec jamais enregistré dans de nombreuses régions du sud et de l’est de l’Angleterre, contraignant les autorités à instaurer des restrictions d’eau dans certaines régions du pays.

Si les pluies ont quelque peu fait leur retour en août, « cela ne suffit pas pour nous rapprocher des niveaux habituels à cette époque de l’année », indiquent les services météorologiques. 538 millimètres de pluies sont tombés depuis le début de l’année au Royaume-Uni, faisant de 2022 l’année la plus sèche depuis la sécheresse historique de 1976.

Le pays connaît ainsi « ses huit premiers mois de l’année les plus chauds » depuis le début des mesures, l’hiver et le printemps n’ayant pas permis de constituer des réserves.

40,3 °C

La source de la Tamise s’est ainsi asséchée, le flot du fleuve traversant Londres n’étant visible que plusieurs kilomètres en aval.

« Pour beaucoup, le record de chaleur atteint en juillet […] sera l’élément le plus mémorable de cet été », mais « nous ne devons pas oublier que nous avons vécu plusieurs périodes chaudes et des pointes de chaleur en juin et août aussi », explique Mark McCarthy du Centre national d’information pour le climat, cité dans un communiqué.

Le 20 juillet, le mercure a ainsi atteint un niveau inédit de 40,3 °C à Coningsby, un village du nord-est de l’Angleterre, soit 1,6 °C de plus que le précédent record britannique qui datait de juillet 2019.

Cette vague de chaleur a entraîné des fermetures d’écoles et des annulations de trains, les transports publics du pays n’étant pas en mesure de supporter de telles températures. Des incendies de végétations ont également mobilisé les pompiers au cœur de l’été près de Londres.

Les restrictions d’eau décidées ont aussi mis à mal les producteurs de fruits et légumes des régions concernées, qui luttaient déjà contre l’inflation des prix de l’énergie.

Le gouvernement britannique a été accusé de ne pas prendre au sérieux cette vague de chaleur. Les propos de Dominic Raab, vice-premier ministre du gouvernement sortant, affirmant que les Britanniques devaient « profiter du soleil » avaient notamment fait bondir les professionnels de santé et les météorologues qui alertaient sur les dangers de la canicule.

La multiplication des vagues de chaleur est une conséquence directe du réchauffement climatique selon les scientifiques, les émissions de gaz à effet de serre augmentant à la fois leur intensité, leur durée et leur fréquence.