(Londres) La cheffe de la diplomatie Liz Truss a encore marqué des points lundi pour succéder à Boris Johnson à Downing Street, récoltant des soutiens de taille au moment où les membres du Parti conservateur britannique commencent à voter pour choisir leur nouveau dirigeant.

Après un début de campagne très ouvert et une série de votes réservés aux seuls députés du parti pour sélectionner les deux finalistes, le suspense semble retomber.

Candidat préféré des députés de la majorité, l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak, 42 ans, loué pour son action pendant la pandémie de COVID-19, est nettement moins populaire auprès de la base du parti pour devenir le prochain chef du gouvernement.

Forte de sondages favorables à l’issue des premiers duels télévisés l’ayant opposée à M. Sunak, Liz Truss, 47 ans, qui promet des baisses d’impôts massives, voit les ralliements se multiplier.

À l’occasion du lancement d’un grand oral avec les deux candidats organisé à Exeter (sud-ouest) lundi, l’ancienne candidate Penny Mordaunt, qui avait terminé troisième dans la course à Downing Street à l’issue du vote des députés, est sortie de sa réserve pour soutenir la cheffe de la diplomatie.

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L’ex-candidate Penny Mordaunt a donné son appui à Liz Truss.

Refusant d’être une « girouette », elle a affirmé qu’elle avait dû faire un choix « difficile ». « J’aime les deux candidats », mais « j’en ai vu assez pour savoir qui est la personne en qui je vais croire. Et c’est Liz Truss ».

Plus tôt dans la journée, c’était l’actuel ministre des Finances Nadhim Zahawi qui s’était déclaré en faveur de Mme Truss, estimant dans le Daily Telegraph qu’elle allait « renverser l’orthodoxie économique éculée et diriger notre économie d’une manière conservatrice ».

Mme Truss compte également parmi ses soutiens, l’ancien ministre chargé de l’Irlande du Nord Brandon Lewis, le député candidat malheureux à la tête du parti Tom Tugendhat et le très respecté ministre de la Défense Ben Wallace.

Début du vote

Les adhérents du parti au pouvoir depuis 12 ans, dont le nombre exact reste confidentiel mais qui est évalué à près de 200 000 (moins de 0,3 % de la population), ont jusqu’au 2 septembre pour exprimer leur choix au cours d’un vote par correspondance.

Les bulletins doivent arriver d’ici à la fin de la semaine chez les adhérents, un corps électoral plutôt âgé, masculin et blanc. Le résultat est attendu pour le 5 septembre.

Si elle semble largement en tête, « la course est très très serrée et je me bats pour chaque voix », a assuré Liz Truss ce week-end.

Alors qu’elle avait paru rigide et peu à l’aise dans certains débats dans les premières phases de la compétition, elle a une nouvelle fois semblé plus détendue et plus assurée.

Jeudi, elle était déjà sortie renforcée du premier des 12 grands oraux face aux militants.

À Exeter, elle a affirmé qu’elle comptait s’inspirer de « l’esprit des Lionnes », une allusion à l’équipe féminine d’Angleterre de football sacrée championne d’Europe dimanche.

« Poignardé dans le dos »

De son côté, Rishi Sunak enchaîne les déconvenues. Un temps donné favori, certains conservateurs lui reprochent d’avoir « poignardé dans le dos » le premier ministre, sa démission début juillet ayant contribué à précipiter la chute de Boris Johnson après des mois de scandales.

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L’ex-ministre des Finances, Rishi Sunak

Depuis le début de la campagne interne, les deux finalistes s’opposent principalement sur la fiscalité.

Liz Truss promet des baisses d’impôts sans attendre, annonçant qu’elle reviendrait sur une hausse des cotisations sociales introduites au printemps pour financer le système public de santé, mis à rude épreuve par la pandémie.

« Je pense que les Finances doivent changer », a-t-elle affirmé lundi soir, se disant prête à « battre les œufs pour que l’omelette prenne ».

Rishi Sunak met quant à lui en garde contre les « contes de fées » et avertit qu’il convient d’attendre que l’inflation, au plus haut depuis 40 ans, s’estompe avant d’envisager une baisse de la pression fiscale.  

« Oui, bien sûr que je veux contenir l’inflation, c’est la chose sensée à faire en tant que conservateur », a-t-il affirmé aux électeurs conservateurs venus l’écouter.

Ce très riche ex-banquier a toutefois amorcé une inflexion en promettant une réduction de la TVA sur l’énergie pour soulager les ménages et une baisse de 20 % de l’impôt sur le revenu dans les sept ans, immédiatement raillé par le camp Truss, rétorquant qu’elle abaisserait pour sa part les impôts en sept semaines.