Washington fournira des lance-roquettes hautement sophistiqués à la défense ukrainienne, à une importante condition : les armes ne devront pas être utilisées pour attaquer le territoire russe, ce qu’a assuré l’Ukraine.

Ce qu’il faut savoir

  • Moscou accuse Washington, qui fournira de puissants lance-roquettes à l’Ukraine, de « jeter délibérément de l’huile sur le feu »
  • Les forces ukrainiennes perdent jusqu’à 100 soldats au combat par jour, admet Volodymyr Zelensky.
  • La Russie vise une annexion des territoires contrôlés d’ici juillet.
  • Les Danois votent « oui » pour rejoindre la politique de défense de l’Union européenne.

Les États-Unis ont annoncé mercredi l’envoi de systèmes HIMARS (High Mobility Artillery Rocket System), de puissants lance-roquettes multiples montés sur des blindés légers, pour aider l’Ukraine à repousser l’offensive russe.

Soucieux d’une escalade militaire, Washington exige toutefois une garantie que ces armes ne serviront pas à frapper le territoire russe, ce que promet Kyiv, a rapporté le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

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Antony Blinken, secrétaire d’État des États-Unis, en conférence de presse à Washington, mercredi

« Les Ukrainiens nous ont donné l’assurance qu’ils n’utiliseront pas ces systèmes contre des cibles en territoire russe », a-t-il déclaré devant la presse.

Ces systèmes de missiles perfectionnés d’une portée d’environ 80 km permettront à l’Ukraine de toucher plus précisément des cibles sur le champ de bataille, mais « ne donneront pas à l’Ukraine les moyens de frapper » en dehors de ses frontières, a assuré le porte-parole de la Maison-Blanche, qui décourage Kyiv en ce sens.

Chose certaine, « il y a une intensification de la létalité des armes qu’on accepte de fournir à la défense ukrainienne », remarque Yann Breault, spécialiste de la Russie rattaché au Collège militaire royal de Saint-Jean. Et ces armes, de plus en plus puissantes, posent une question difficile à répondre : « Jusqu’où peut-on aller ? Jusqu’à quel niveau de létalité peut-on aller ? »

Depuis le début de la guerre, la Russie brandit la menace nucléaire en cas de confrontation directe avec les pays de l’OTAN, en particulier les États-Unis. Moscou n’a d’ailleurs pas tardé à réagir à la promesse de Washington en l’accusant, mercredi, de « jeter délibérément de l’huile sur le feu ».

« De telles livraisons n’encouragent pas les dirigeants ukrainiens à vouloir relancer les négociations de paix », qui sont au point mort depuis des semaines, a déclaré le diplomate russe Dmitri Peskov.

Des armes dans les mains de criminels ?

Plus la guerre avance, plus l’OTAN accroît son aide militaire. Même l’Allemagne, critiquée par Kyiv pour son envoi limité d’armes, a annoncé mercredi qu’elle fournira un système moderne de défense antiaérienne capable de « protéger une grande ville des raids ».

Or, le grand nombre d’armes fournies à l’Ukraine préoccupe la police internationale, qui craint qu’elles ne finissent par tomber entre les mains de criminels en Europe et au-delà.

« La grande disponibilité d’armes pendant le conflit actuel entraînera la prolifération d’armes illicites dans la phase post-conflit », a déclaré le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock. « Les criminels sont déjà en train, en ce moment même, de se concentrer sur cela », a-t-il prévenu.

Une annexion dès juillet, dit la Russie

Dans l’est de l’Ukraine, les bombes pleuvent toujours. Les forces de Kyiv perdent actuellement jusqu’à 100 soldats au combat et déplorent jusqu’à 500 blessés par jour, a reconnu mercredi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

« La situation est très difficile. Nous perdons chaque jour entre 60 et 100 soldats tués au combat », a-t-il déclaré sur une chaîne de télévision américaine.

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Bâtiment fortement endommagé à Rubizhne, dans la région de Louhansk, mercredi

Un négociateur russe envisage une annexion des territoires ukrainiens conquis dès juillet.

« Je ne veux pas prédire […], mais j’estime que les territoires libérés [le Donetsk et le Louhansk] tiendront un référendum plus ou moins en même temps », a déclaré Léonid Sloutski à la presse russe. « Je table sur le fait que cela puisse avoir lieu en juillet », a-t-il ajouté.

D’ailleurs, les forces ukrainiennes semblaient mercredi près de perdre Sievierodonetsk, ville stratégique du Donbass, face à l’avancée de l’armée russe.

Les Danois votent oui

Les Danois ont massivement voté « oui » pour rejoindre la politique de défense de l’Union européenne (UE). Invités aux urnes mercredi, ils sont favorables à près de 67 % à ce que leur pays traditionnellement eurosceptique intègre la politique de sécurité de l’UE, selon un décompte presque complet.

« Ce soir, le Danemark a envoyé un signal important. Nous montrons que, quand Poutine envahit un pays libre et menace la stabilité en Europe, nous nous rassemblons », a déclaré la première ministre Mette Frederiksen.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press et The Guardian

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