(Varsovie) Dix Kurdes, demandeurs d’asile en Pologne, ont entamé vendredi leur 24e journée de grève de la faim, accusant l’État polonais de lenteurs de procédures et de conditions de rétention « dignes d’une prison », a-t-on appris auprès des grévistes et des gardes-frontières.

« La grève a commencé le 4 mai », a déclaré à l’AFP Dagmara Bielec, une porte-parole des gardes-frontières, précisant qu’il s’agissait de six ressortissants irakiens et de quatre ressortissants turcs ayant demandé à la Pologne la protection internationale et qui séjournent dans un centre fermé pour étrangers à Lesznowola, près de Varsovie.

La Pologne, qui a accueilli à bras ouverts plus de 3,5 millions d’Ukrainiens fuyant l’invasion russe, n’a pas changé sa politique très restrictive face aux migrants et réfugiés d’autres pays, notamment ceux venant du Moyen-Orient, via la Biélorussie.

Contacté au téléphone, un représentant des grévistes de Lesznowola a indiqué que neuf d’entre eux étaient arrivés en Pologne depuis la Biélorussie et qu’ils restaient « enfermés » dans ce centre depuis plusieurs mois.

Selon cet homme, qui a préféré garder l’anonymat, les grévistes sont « très affaiblis, certains ayant commencé à refuser toute boisson ».

Selon Mme Bielec, « le personnel du centre continue à discuter avec les grévistes de leur situation légale et sociale, tentant notamment de les convaincre d’abandonner la grève de la faim […], mais sans résultat ».

Mis à part les lenteurs des procédures administratives et l’enfermement, les grévistes dénoncent des difficultés à contacter des avocats, l’accès restreint à l’internet et au téléphone, et de mauvaises conditions alimentaires.

Selon nombre d’ONG, la Pologne poursuit à la frontière polono-biélorusse la politique controversée de refoulements de migrants, mais aussi des poursuites judiciaires contre des militants tentant de leur venir en secours.

La Pologne a instauré depuis septembre à la frontière une zone fermée, y compris aux journalistes et aux organisations humanitaires. Le gouvernement y a envoyé plusieurs milliers de soldats et construit une imposante barrière pour environ 350 millions d’euros (479 millions CAD).

L’attitude des autorités polonaises face aux migrants — dont certains sont des réfugiés fuyant des conflits armés —, aux organisations humanitaires et aux journalistes à la frontière avec la Biélorussie a été dénoncée, mais sans effet visible, par des représentants de l’ONU, de la Commission européenne et du Conseil de l’Europe.