(Moscou) Les députés russes ont adopté mardi en première lecture une proposition de loi qui doit permettre de fermer en Russie, sur simple décision du Parquet, les médias étrangers taxés de diffuser des informations jugées mensongères sur le conflit en Ukraine.

La chambre basse du Parlement russe, la Douma, a indiqué que ces médias pourront être interdits « en cas de diffusion d’informations visant à discréditer les forces armées russes ou liées à l’introduction de sanctions » contre la Russie.

Selon ce projet de loi, le Procureur général ou ses adjoints auront le droit de retirer une licence de diffusion d’un média s’il publie des informations jugées « illégales » ou « dangereuses ».

Les accréditations de journalistes travaillant pour des médias étrangers pourront aussi être annulées, selon ce texte qui sera adopté après trois lectures à la Douma et une ultime à la chambre haute.

Dans un communiqué, la Douma ajoute que la proposition de loi permet aussi de « fermer ou limiter les activités d’un média en Russie, si les autorités du pays d’origine de ce média commettent des actes inamicaux envers des médias russes à l’étranger ».

Début mars, les autorités russes ont adopté deux lois réprimant le fait de « discréditer » les forces armées russes et la diffusion « d’informations mensongères » sur cette dernière, deux infractions pouvant être passibles de lourdes peines de prison.

Depuis l’offensive du Kremlin, les médias d’État russes RT et Sputnik ont en outre été interdits de diffusion au Canada, au Royaume-Uni et dans l’Union européenne, soulevant le risque de représailles contre les rédactions de ces pays travaillant en Russie.  

Le 18 mai, la Russie a ainsi fermé le bureau de Moscou de la CBC, en réplique à l’interdiction de diffusion de RT au Canada.

La semaine dernière, le Comité pour la protection des journalistes, une ONG basée aux États-Unis, a appelé à l’abandon de cette nouvelle proposition de loi russe, estimant qu’il allait « faciliter l’interdiction arbitraire de médias et engendrer une hausse des journalistes poursuivis pour avoir partagé des informations ».