Comme attendu, le président de la Finlande, Sauli Niinistö, a annoncé dimanche que son pays entendait déposer sa candidature pour devenir membre de l’OTAN. Le pays voisin, la Suède, a emboîté le pas quelques heures plus tard par la voix du Parti social-démocrate au pouvoir.

Nourries directement par l’invasion russe en Ukraine en cours depuis le 24 février, ces décisions ne font pas l’affaire de la Russie, qui y voit une menace à sa sécurité nationale, a déjà dit un porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, jeudi.

« C’est un jour historique. Une nouvelle ère s’ouvre », a déclaré Sauli Niinistö en annonçant la candidature prochaine de la Finlande. M. Niinistö a téléphoné à son homologue Vladimir Poutine samedi pour l’informer de cette décision, que le leader russe a qualifiée d’« erreur ».

À Stockholm, la première ministre sociale-démocrate Magdalena Andersson a indiqué qu’une candidature commune Finlande-Suède pour entrer à l’OTAN était ce qu’il y avait de « mieux ».

Les dirigeants des deux pays doivent soumettre le projet d’adhésion à leurs parlementaires, en début de semaine, avant de déposer leur candidature officielle. Le Parlement suédois doit être saisi de la proposition dès lundi, et Mme Andersson compte s’y rendre pour « s’assurer d’un large soutien parlementaire ».

La Finlande et la Russie partagent une frontière de 1340 kilomètres. Pour la Russie, une entrée de son voisin dans l’OTAN signifierait que l’Alliance atlantique ferait plus que doubler la taille de sa frontière commune avec la Russie.

Déjà, dans la nuit de samedi, la Russie a manifesté son désaccord en cessant l’envoi d’électricité en Finlande, soit l’équivalent de près de 10 % de la consommation quotidienne du pays. La Finlande s’est ajustée en achetant plus d’électricité suédoise et en augmentant sa propre production.

Rallier la Turquie

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Mevlüt Çavuşoğlu, chef de la diplomatie de la Turquie, dimanche à Berlin

Le projet ne passera toutefois pas comme une lettre à la poste, car la Turquie dénonce les liens qu’entretiennent la Finlande et la Suède avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation considérée comme terroriste par de nombreux États, dont le Canada et les États-Unis. C’est ce qu’a rappelé le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Çavuşoğlu, dimanche à Berlin, où étaient réunis les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN. Tout en évoquant l’indignation de la population turque face à une telle adhésion, M. Çavuşoğlu s’est néanmoins dit prêt à discuter avec les deux pays scandinaves. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a dit avoir bon espoir de trouver un terrain d’entente. Pour se joindre à l’OTAN, les pays candidats doivent être admis par un vote unanime des États membres.

Soutien canadien

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Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada, dimanche à Berlin

Présente à Berlin, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a réitéré l’appui canadien à la candidature de la Finlande. « Nous appuierons fermement une demande d’adhésion de la Finlande à l’OTAN, a-t-elle écrit sur Twitter. La Finlande et le Canada ont des valeurs progressistes et la Finlande est déjà l’un des proches partenaires de l’OTAN. Le temps presse et nous encourageons les Alliés à travailler pour soutenir rapidement cette adhésion. »

Missiles sur Lviv

Sur le terrain, une attaque de quatre missiles russes a été dirigée contre une base militaire ukrainienne dans la région de Lviv, rapportait dimanche le gouverneur de la région, Maxim Kozitsky. Au 81e jour de l’invasion, Moscou a aussi affirmé avoir attaqué quatre dépôts de munitions et détruit deux lance-missiles et un système radar ukrainiens dans l’est et le nord-est de l’Ukraine. À Marioupol, des images vidéo montrent ce qui pourrait être une attaque de bombes au phosphore sur l’aciérie Azovstal, où sont retranchés quelque 1000 combattants ukrainiens, dont 600 blessés. Un porte-parole du gouvernement ukrainien, Mykhailo Fedorov, a dénoncé cette situation. Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a de son côté estimé que l’offensive russe dans le Donbass était « au point mort » et que l’Ukraine « [pouvait] gagner » la guerre.

L’ambassade des États-Unis bientôt rouverte

Présent à Berlin dimanche, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a indiqué que l’ambassade des États-Unis à Kyiv rouvrirait « très bientôt ». « Après plusieurs semaines à travailler depuis la Pologne, les diplomates américains sont de retour en Ukraine, a déclaré M. Blinken. Nous prenons toutes les précautions nécessaires, mais tout est sur les rails et nous allons reprendre nos activités sous peu. »

L’Iran veut exporter du gaz vers l’Europe

Cherchant à « développer la diplomatie énergétique » et sachant que les pays de l’Union européenne veulent se départir de leur dépendance aux énergies fossiles de la Russie, l’Iran étudie la possibilité d’exporter du gaz vers l’Europe. « L’Iran étudie ce sujet, mais nous ne sommes pas encore parvenus à une conclusion », a dit le vice-ministre du Pétrole, Majid Chegeni, dans une déclaration publiée par l’agence de presse Shana. Avant de se concrétiser, le projet doit franchir plusieurs obstacles, notamment la remise sur les rails de l’Accord sur le nucléaire iranien duquel les États-Unis se sont retirés, sous Donald Trump, en 2018.

Avec l’Associated Press, l’Agence France-Presse, NBC News, Le Point, TF1Info et la BBC