(Zaporijjia) Le Conseil de sécurité de l’ONU a apporté à l’unanimité vendredi son « ferme soutien » à « la recherche d’une solution pacifique » en Ukraine, dans une première manifestation d’unité depuis le début de l’invasion russe de ce pays, où 50 civils supplémentaires ont été évacués de Marioupol, une cité portuaire assiégée.

Ce que vous devez savoir

  • « Près de 500 civils » au total ont pu être évacués ces derniers jours de la ville assiégée de Marioupol, dont 50 vendredi ;
  • Des panneaux de signalisation routière en russe ont été installés aux alentours de Marioupol ;
  • Les informations sur la situation dans l’aciérie Azovstal de Marioupol restent contradictoires ;
  • Un haut responsable américain a démenti auprès que les États-Unis avaient fourni des renseignements permettant d’identifier le croiseur russe Moskva ;
  • L’Allemagne va fournir sept obusiers blindés à l’Ukraine pour l’aider à repousser l’envahisseur russe ;
  • Le premier ministre hongrois Viktor Orban a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi « une ligne rouge » en voulant interdire les importations de pétrole russe ;
  • Des images satellites prédisent une perte d’un tiers des récoltes de blé ;
  • La ville de Severodonetsk quasiment encerclée par les Russes.
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Dans le même temps, les États-Unis ont annoncé vendredi une nouvelle aide militaire de 150 millions de dollars à l’Ukraine, composée notamment de munitions d’artillerie et de radars, mais ont prévenu que les fonds alloués aux armes pour Kyiv étaient désormais « pratiquement épuisés ».

Cette aide, bien en deçà des précédents envois d’armes américains, comprend notamment 25 000 obus de 155 mm, des radars de contrebatterie pour repérer les tirs d’artillerie russes et des appareils de brouillage des communications.

Dans la déclaration rédigée par la Norvège et le Mexique qu’il a adoptée, le Conseil de sécurité – dont la Russie est membre permanent – rappelle que « tous les États membres se sont engagés, en vertu de la Charte des Nations unies, à l’obligation de régler leurs différends internationaux par des moyens pacifiques ».

La principale instance de l’ONU, qui exprime en outre sa « profonde préoccupation concernant le maintien de la paix et de la sécurité en Ukraine », apporte à cet égard un « ferme soutien » au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres « dans la recherche d’une solution pacifique » à ce conflit.

Vendredi également, cinquante civils de plus ont pu quitter grâce à un nouveau convoi humanitaire l’immense aciérie Azovstal, la dernière poche de résistance des forces ukrainiennes à Marioupol, ont annoncé la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk et le ministère russe de la Défense.

Il s’agit de femmes, d’enfants et de personnes âgées, a-t-elle précisé, ajoutant que les évacuations se poursuivraient samedi, ce qu’a par la suite confirmé Moscou. Le ministère russe de la Défense a précisé que onze enfants avaient pu être évacués.

Ces opérations, qui se déroulent sous l’égide de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), ont commencé le weekend dernier et ont permis, selon Kyiv, à près de 500 civils de fuir.

Photo ALEXANDER ERMOCHENKO, archives REUTERS

« Il faut comprendre que Marioupol ne tombera jamais […], elle est déjà dévastée, il n’y a plus aucune structure, tout a été complètement détruit », a indiqué le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Marioupol « complètement détruite »

À Marioupol, « les gens sont évacués autant que nous le pouvons », s’est exclamé au cours d’une intervention par visioconférence organisée par le cercle de réflexion Chatham House à Londres le président ukrainien Volodymyr Zelensky.  

« Il faut comprendre que Marioupol ne tombera jamais […], elle est déjà dévastée, il n’y a plus aucune structure, tout a été complètement détruit », a-t-il encore dit.

« L’ennemi cherche à achever les défenseurs d’Azovstal, il essaie de faire cela avant le 9 mai pour faire un cadeau à Vladimir Poutine », a affirmé Oleksiï Arestovytch, un conseiller de M. Zelensky.

Et si c’était le cas, si les forces russes cherchaient à « détruire » les derniers combattants ou civils de Marioupol, Kyiv se verrait contrainte de rompre toute négociation de paix, a encore averti le président ukrainien.

Iryna Verechtchouk a déploré vendredi que les forces russes aient « violé constamment » le cessez-le-feu décrété par Moscou le temps des évacuations.

Le régiment Azov, qui défend l’aciérie, a accusé les militaires russes d’avoir visé « avec un missile guidé antichar » une de ses voitures impliquées dans l’opération d’évacuation de civils, tuant un soldat et faisant six blessés.

Dans la matinée, le ministère ukrainien de la Défense avait reconnu que les unités russes avaient, « dans certaines zones, avec le soutien de l’aviation, repris les opérations visant à prendre le contrôle de l’usine » Azovstal, où vivent retranchés dans d’immenses galeries souterraines civils et combattants.

La conquête totale de Marioupol, une cité du sud-est qui comptait près de 500 000 habitants avant la guerre et qui a été dévastée par deux mois de siège et de bombardements russes, serait importante pour la Russie à l’approche du 9 mai, jour où elle célèbre par un impressionnant défilé militaire sur la Place Rouge à Moscou sa victoire sur l’Allemagne nazie en 1945.

Frappes russes

Moscou n’a jusqu’à présent pu revendiquer le contrôle complet que d’une ville d’importance, Kherson.

PHOTO ALEXANDER ERMOCHENKO, REUTERS

Elle est située dans le sud où, a lancé un haut responsable parlementaire russe, Andreï Tourtchak, la Russie restera « pour toujours ».

Dans l’est, Severodonetsk, l’une des principales cités du Donbass encore aux mains des Ukrainiens, est « quasiment encerclée », a reconnu son maire vendredi.

L’aviation russe a frappé dans la journée 27 sites militaires, parmi lesquels trois dépôts de munitions près de Kouzminovka, Zvanovka et Seversk dans la région de Donetsk, a noté dans la soirée le ministère russe de la Défense.  

« Des bombardements tous les jours, tous les jours, le matin, l’après-midi et le soir. Il n’y a pas eu un jour sans bombardement, pas un jour », a raconté à l’AFP Olga Babitch après avoir quitté son village et atteint Zaporijjia, dans le sud de l’Ukraine.

Parallèlement, 41 personnes, dont onze femmes, ont été libérées dans le cadre d’un nouvel échange de prisonniers avec la Russie, a révélé Kyiv vendredi, sans donner le nombre des Russes remis à leur pays.

Sur le front des sanctions occidentales, la Hongrie persévérait vendredi dans son blocage du projet d’embargo européen sur l’importation de pétrole russe et de difficiles négociations étaient en cours entre les 27 États membres de l’UE pour trouver un accord ce weekend, ont dit à l’AFP plusieurs sources diplomatiques.

Par ailleurs, l’Allemagne, qui va fournir sept obusiers blindés aux Ukrainiens, a annoncé que les dirigeants des grandes puissances du G7 allaient avoir dimanche une réunion virtuelle consacrée à la guerre en Ukraine à laquelle doit participer le président Zelensky.

« Le 8 mai est une date historique marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe qui a occasionné la terreur, la destruction et la mort » sur ce continent, a souligné une porte-parole du chancelier allemand Olaf Scholz, jugeant qu’avec l’actuelle offensive russe en Ukraine « la cohésion du G7 est plus importante que jamais ».

Sécurité alimentaire mondiale

Et il y a urgence. L’Afrique fait face à une crise « sans précédent » provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine notamment avec la flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant, ont averti vendredi des responsables du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).

Dans ce contexte, le Programme alimentaire mondial (PAM) a demandé la réouverture des ports de la région ukrainienne d’Odessa afin que les produits issus de l’agriculture de ce pays puissent circuler librement vers le reste du monde.

Et ce à un moment où de grandes puissances agricoles, dont l’Union européenne, les États-Unis, le Canada et l’Australie, se sont engagées à assurer la sécurité alimentaire de la planète en dépit des chocs provoqués par la situation en Ukraine.