(Ottawa) L’ambassadrice désignée par l’Ukraine au Canada veut que la Russie soit imputable des crimes sexuels commis par ses soldats, notamment ceux perpétrés contre des enfants.

Yulia Kovaliv a déclaré au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de la Chambre des communes que la Russie employait le terrorisme sexuel comme arme de guerre. Elle estime que les viols et autres agressions sexuelles devaient faire l’objet d’une enquête en tant que crimes de guerre.

Mme Kovaliv a dit aux députés que l’envahisseur russe avait enlevé des enfants ukrainiens pour les emmener dans des territoires occupés par la Russie, et maintenant en territoire russe proprement dit. Mais l’Ukraine travaille avec des partenaires pour retrouver ces enfants et les rapatrier, a-t-elle dit.

« Il y a quelques jours, les Russes ont tué une jeune mère et ont attaché son enfant, vivant, sur son corps et placé une mine entre eux », a soutenu l’ambassadrice, refoulant ses larmes. Elle a dit que la mine avait explosé.

La diplomate ukrainienne a déclaré que toute la société russe, et pas seulement le président Vladimir Poutine « et ses mandataires », devraient assumer la responsabilité de la guerre contre l’Ukraine, car plus de 70 % des Russes soutiennent cette invasion.

S’adressant au comité des communes, Mme Kovaliv a remercié le Canada pour son appui soutenu, notamment avec des armes lourdes, des véhicules, une aide financière et des sanctions contre la Russie.

Mais elle a ajouté que les semaines à venir seront cruciales pour la défense de l’Ukraine et qu’une aide militaire et financière supplémentaire est nécessaire, y compris la suppression des barrières tarifaires commerciales.

Pour aider à reconstruire l’Ukraine, a-t-elle dit, ce pays aurait besoin, en utilisant les avoirs russes gelés, d’une stratégie de relance similaire au plan Marshall, le vaste programme américain visant à reconstruire les économies européennes après la Seconde Guerre mondiale.

Reprendre aussi la Crimée

Mme Kovaliv a rendu hommage au Parlement canadien, où les députés ont voté symboliquement pour qualifier de génocide le ciblage russe des civils ukrainiens.

« Les livres d’histoire féliciteront le Canada pour sa position ferme, avec l’Ukraine, contre la guerre barbare de la Russie, a-t-elle déclaré. Les Ukrainiens n’oublieront jamais que le Canada était à nos côtés en ces moments dramatiques de notre histoire moderne. »

Devant le Comité des affaires étrangères des Communes, Mme Kovaliv a déclaré que l’objectif de l’Ukraine était la libération de tout son territoire souverain, ce qui implique de reprendre aussi la Crimée, annexée par Vladimir Poutine en 2014.

Dans une mise à jour sur la situation militaire en Ukraine, y compris dans « les villes et villages temporairement occupés », elle a déclaré que de nombreuses attaques de missiles provenaient de la Biélorussie, un proche allié de Moscou.

Elle a déclaré que bien qu’une évacuation civile d’une aciérie dans la ville assiégée de Marioupol ait commencé, la Russie avait tiré sur de nombreux couloirs humanitaires.

La Russie a enfreint à plusieurs reprises le droit international, enlevant des maires, des députés locaux et des militants civils, dont certains ont été torturés et assassinés, a-t-elle ajouté. On estime qu’un demi-million d’Ukrainiens ont été « expulsés de force vers la Russie », a-t-elle soutenu.

L’ambassadrice désignée a décrit les militaires russes comme de vulgaires pilleurs, qui volent les réserves de céréales ukrainiennes et tentent de les expédier vers la Crimée, sous contrôle russe. Cela rappelle aux Ukrainiens les pratiques de Staline dans les années 1930, a-t-elle déclaré.