L’échec d’une évacuation de civils à Marioupol et des frappes meurtrières sur Odessa ont dissipé tout espoir d’une trêve pascale, en Ukraine.

Cet espoir s’est évanoui samedi, avec un nouvel assaut russe sur le complexe sidérurgique Azovstal, dernier bastion de la résistance ukrainienne, à Marioupol.

Les appels à un cessez-le-feu pour la Pâque orthodoxe de ce dimanche s’étaient multipliés depuis quelques jours. Cela n’a pas empêché les forces russes de perturber l’évacuation de civils, a indiqué samedi un adjoint à la mairie de Marioupol.

Selon Petro Andriouchtchenko, environ 200 civils avaient commencé à se rassembler pour être évacués de la ville portuaire dévastée par la guerre, lorsqu’ils ont été « dispersés » par l’armée russe.

« Aujourd’hui est l’un des jours les plus durs » depuis le début du siège russe sur Marioupol, début mars, a déclaré le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky.

Menaçant une fois de plus Moscou de mettre un terme aux négociations si les combattants ukrainiens retranchés dans le complexe métallurgique Azovstal sont tués, M. Zelensky s’est dit « prêt » à échanger des soldats pour sortir « les gens qui se trouvent dans une situation horrible ». Et fort mal documentée jusqu’ici.

Dans une vidéo publiée samedi et relayée sur la chaîne française TF1, le dernier bataillon de Marioupol a diffusé des images – vraisemblablement les premières – de dizaines de civils, surtout des femmes et des enfants, terrés depuis des semaines dans le complexe cerné.

« On veut respirer de l’air frais », implore une femme dans la vidéo, dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante. « On veut voir le soleil », lance une petite fille.

Pas de répit

Signe que Moscou n’entend offrir aucun répit pour le week-end pascal, son offensive s’est poursuivie ailleurs en Ukraine.

Samedi matin, l’armée russe s’est targuée d’avoir procédé à 1098 frappes avec de l’artillerie et des roquettes au cours des 24 heures précédentes.

Au moins huit personnes ont été tuées dans des frappes russes sur Odessa, ville portuaire du sud jusqu’à présent relativement épargnée, selon le président ukrainien. Un bébé de 3 mois figure dans ce triste bilan.

« La guerre a commencé alors que ce bébé avait 1 mois. Pouvez-vous imaginer ce qui se passe ? », s’est indigné Volodymyr Zelensky.

PHOTO SERGEY BOBOK, AGENCE FRANCE-PRESSE

La région de Kharkiv a été la cible de nombreuses frappes samedi.

Dans l’est du pays, nouvelle priorité de la campagne russe, les forces ukrainiennes ont repris trois villages au nord de Kharviv, « après de longs combats acharnés », a annoncé le gouverneur de la ville, Oleg Sinegoubov.

Trois personnes ont été tuées et sept autres blessées dans les frappes, a rapporté M. Sinegoubov. Des journalistes de l’Associated Press ont aussi été témoins de bombardements dans des zones habitées de Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine.

Dans le Donbass, un missile a fait six morts, a déclaré le gouverneur de l’oblast de Louhansk, Serhiy Haïdaï. « [L’armée russe] bombarde littéralement tout […] tout le temps, 24 heures [sur 24] », a-t-il écrit sur Telegram, exhortant la population à évacuer.

De son côté, la Russie a déclaré avoir pris le contrôle de plusieurs villes dans l’est du Donbass et détruit 11 cibles militaires ukrainiennes pendant la nuit, dont trois entrepôts d’artillerie.

Visites importantes à Kyiv

Kyiv attend une visite importante, ce dimanche : le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit se rendre dans la capitale ukrainienne, a annoncé samedi le président ukrainien.

« Demain, des officiels américains viendront chez nous : je rencontrerai le secrétaire à la Défense [Llyod Austin] et Antony Blinken », a déclaré M. Zelensky. Il s’agit de la première visite officielle des États-Unis en Ukraine depuis le début de la guerre.

PHOTO GLEB GARANICH, REUTERS

Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine

Les discussions, a précisé M. Zelensky, porteront sur la livraison d’armes américaines à l’Ukraine, qu’il souhaiterait « encore plus lourdes et puissantes ».

La semaine prochaine, l’Ukraine accueillera un autre acteur important. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, doit se rendre à Kyiv, après avoir fait un premier arrêt à Moscou, pour y rencontrer Vladimir Poutine.

Un itinéraire qui passe mal auprès du président ukrainien : « C’est tout simplement une erreur d’aller d’abord en Russie, puis en Ukraine. Il n’y a aucune justice et aucune logique dans cet ordre. »

Nouvelle invitation à Poutine

Alors que les négociations de paix piétinent, le président ukrainien a appelé de nouveau à rencontrer son homologue russe Vladimir Poutine « pour mettre fin à la guerre ».

Depuis le début de l’invasion russe, le chef d’État ukrainien n’a cessé de réclamer un tête-à-tête avec l’homme fort du Kremlin.

« Je pense que celui qui a commencé cette guerre pourra y mettre fin », a déclaré samedi Volodymyr Zelensky, soulignant qu’il « n’avait pas peur de rencontrer » M. Poutine, si cela permettait d’aboutir à un accord de paix entre les deux pays.

Avec l’Agence France-Presse, l’Associated Press et TF1