(Paris) Les forces russes se repositionnent en Ukraine afin de renforcer leur offensive sur le Donbass, a estimé jeudi l’OTAN, au 36e jour du conflit russo-ukrainien, alors que les bombardements se poursuivent notamment à Kharkiv (nord) et Marioupol (sud).

Voici un point de la situation établi à partir d’éléments des journalistes de l’AFP sur place ainsi que des déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

Kyiv

Les forces russes continuent de tenir leurs positions à l’est et à l’ouest de Kyiv « malgré le retrait d’un nombre limité de troupes », estime le ministère britannique de la Défense sur Twitter.

Elles « maintiennent leurs positions » et continuent de se défendre face à des contre-attaques ukrainiennes qualifiées de « limitées » par l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW).

« Il est peu probable que les forces russes abandonnent leur territoire sécurisé autour de la ville et elles continuent à se retrancher », poursuit ce centre de recherche américain.

Londres s’attend à « de lourds combats dans les banlieues » de Kyiv dans les prochains jours.

L’Est

L’armée russe a de nouveau bombardé dans la nuit la région de Donetsk, dans le Donbass, parfois avec des bombes au phosphore, a dénoncé le chef de l’administration militaire de la région de Donetsk, Pavel Kyrylenko. Deux enfants sont morts suite à des frappes dans la région voisine de Louhansk, selon les services d’urgence.

La Russie « essaie de regrouper (ses forces) et de renforcer son offensive sur la région du Donbass et dans le même temps elle maintient la pression sur Kyiv et d’autres villes », a estimé jeudi le secrétaire général l’OTAN Jens Stoltenberg.

Mercredi, le Royaume-Uni avait estimé « très probable » le fait que Moscou « cherche à transférer sa puissance de frappe depuis le Nord vers les régions (séparatistes) du Donetsk et de Louhansk à l’Est ».

Le Sud

Le ministère de la Défense britannique a également confirmé la poursuite de « combats lourds » à Marioupol, ville portuaire pilonnée depuis des semaines par l’armée russe, dont les forces ukrainiennes « gardent le contrôle du centre ».  

Une nouvelle tentative d’évacuation était encore sur les rails jeudi, alors que quelque 160 000 civils y seraient encore bloqués. La municipalité accuse en outre Moscou d’avoir évacué « contre leur gré » plus de 20 000 habitants de Marioupol en Russie.

Le gouvernement ukrainien a annoncé dépêcher 45 bus pour évacuer des civils en direction de la ville de Zaporijjia, à 220 km au nord-ouest. Dix-sept bus sont déjà partis pour Marioupol, selon la vice-première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.

La résistance ukrainienne se poursuit autour de la ville de Kherson, sous contrôle russe.  

Le Nord

De nombreux bombardements ont eu lieu durant la première partie de la nuit à Kharkiv, grande ville proche de la frontière russe, a constaté l’AFP.

Les Russes « ne visent aucun objectif militaire, hier soir ce n’était que des bombardements d’artillerie de toutes sortes sur des zones résidentielles », a commenté une source au sein de la 92e brigade, l’une des unités qui défendent la ville.

Selon Oleg Sinegoubov, gouverneur de la région de Kharkiv, des bombardements « massifs » à Dergatchi, une banlieue nord de Kharkiv, ont fait un mort et trois blessés. Des combats acharnés et des bombardements se poursuivent à Izioum, le point le plus disputé de la région, a-t-il indiqué sur Telegram.

Bilan humain

Aucun bilan précis et récent des victimes civiles n’est disponible. Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) évoquait dimanche 1119 civils tués, dont 99 enfants, et plus de 2900 blessés. Mais il fait peu de doutes que les bilans réels sont très supérieurs.

Selon Tetyana Lomakina, conseillère de la présidence ukrainienne, « environ 5000 personnes » ont été enterrées rien qu’à Marioupol, mais il pourrait y avoir en réalité « autour de 10 000 morts ».

Sur le plan militaire, les fourchettes sont extrêmement larges. La Russie a reconnu vendredi la mort de 1351 de ses soldats pour 3825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

Les sources occidentales parlent à l’unisson de plusieurs milliers de morts côté russe, Kyiv allant même jusqu’à 12 000.

Côté ukrainien, le président Volodymyr Zelensky a évoqué le 12 mars « environ 1300 » militaires tués. Un chiffre là aussi peu significatif.

Réfugiés et déplacés

Le conflit a déjà contraint plus de 4,06 millions d’Ukrainiens à fuir leur pays, selon l’ONU.

Au total, plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour se réfugier dans les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine.  

L’ONU estime à près de 6,5 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays.