(Paris) Favori des sondages pour l’élection présidentielle du mois d’avril, le chef de l’État français Emmanuel Macron doit tenir sa première assemblée électorale le 5 mars à Marseille, la deuxième ville de France, ouvrant une nouvelle séquence dans une campagne encore confuse pour nombre d’électeurs.

Le président sortant n’a toujours pas officialisé sa candidature à un deuxième mandat : en pleine crise entre l’Ukraine et la Russie, il a repoussé cette question au plus près de la date limite officielle du dépôt des candidatures, le 4 mars, soit 34 jours avant le premier tour prévu, lui, le 10 avril.  

Il devrait se déclarer dans le courant de la semaine prochaine, selon son entourage, puis tenir sa première assemblée de campagne le samedi 5 mars à Marseille, dans le sud-est de la France, ont indiqué à l’AFP mercredi trois sources au sein de son mouvement centriste LREM.

L’opposition reproche à Emmanuel Macron de faire campagne sans le dire, notamment dans le cadre de ses déplacements présidentiels. Mais l’entrée en lice tardive d’un président sortant n’est pas inédite en France : Charles de Gaulle, en 1965, et François Mitterrand, en 1988, s’étaient représentés grosso modo un mois avant l’élection.  

Pour l’heure, le chef de l’État est donné en tête des intentions de vote au premier tour dans toutes les enquêtes d’opinion réalisées jusqu’à présent.  

Selon un sondage publié mercredi, il recueillerait 24,5 % des voix, devant les deux candidats d’extrême droite, Marine Le Pen (RN) à 18 % et Éric Zemmour (Reconquête !) à 13,5 %, Valérie Pécresse (LR, droite) à 11,5 % et Jean-Luc Mélenchon (LFI, gauche radicale) à 11 %.

Son entrée en lice pourrait, selon les sondeurs, donner de la clarté à la campagne. Et faire qu’elle « s’ouvre vraiment », a affirmé mercredi à l’AFP Bernard Sananès, le président de l’institut Elabe, alors que l’abstention pourrait encore croître.

« Les intentions des Français d’aller voter sont toujours de 4 à 5 points inférieures à celles de 2017 » à la même période, souligne le responsable.  

« Objets de rupture »

Brice Teinturier, le directeur général délégué de l’institut Ipsos, note « une espèce de difficulté pour les Français à entrer dans cette campagne ».  

Il a pointé sur la radio France Inter un « manque de clarté » dû à l’absence de M. Macron, mais aussi à « l’affaiblissement du clivage gauche-droite, qui permettait d’ordonner, de créer des repères ».  

« Nous sommes toujours en attente […] de ce qu’il va annoncer » et des débats que cela va susciter, a-t-il ajouté.

Jusqu’à présent la campagne a été marquée par des polémiques de la droite extrême et notamment du candidat Éric Zemmour, pourfendeur de l’immigration, surtout de musulmans, et adepte de la théorie complotiste du « grand remplacement » de la population européenne par une population immigrée non européenne.

« Il faut que les Français entrent dans cette campagne. Ça va être très court, il faut un débat d’idées », convient une source gouvernementale.

Un ministre croit savoir que M. Macron pourrait investir dans son futur programme des domaines tels que l’éducation, la culture, la jeunesse, la cohésion sociale et le climat.

Selon cette source, « l’idée est d’avoir quelques objets de rupture forts, quelques marqueurs ».

La « rupture » — une ligne ni à droite ni à gauche — fut un des thèmes revendiqués par Emmanuel Macron lors de la campagne de 2017.

Cet ancien inspecteur des finances et ancien banquier d’affaires chez Rothschild avait été brièvement ministre (2014-2016) pendant le quinquennat du socialiste François Hollande. Il avait démissionné pour lancer son propre mouvement trois mois plus tard — huit mois avant la présidentielle.

Au terme d’une ascension éclair, le centriste pro-européen l’avait emporté haut la main au second tour face à Marine Le Pen et était devenu en mai 2017, à 39 ans, le plus jeune président de France.