(Bruxelles) L’OTAN s’attend à une attaque de grande envergure de la Russie en Ukraine et a mis sa force de réaction rapide en alerte pour défendre les alliés, a annoncé mardi son secrétaire général. Parallèlement, à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la Russie reconnaît aux séparatistes russophones la souveraineté sur tout le territoire des régions du Lougansk et du Donetsk, pas seulement la fraction qu’ils contrôlent actuellement.

« Tout laisse croire que la Russie prévoit une attaque massive en Ukraine » après l’envoi de troupes dans les territoires séparatistes prorusses du Donbass, dans l’est du pays, a déclaré Jens Stoltenberg après une réunion extraordinaire de la commission OTAN-Ukraine au siège de l’Alliance à Bruxelles.

« L’OTAN est prête à défendre les alliés. La Force de réaction rapide est en phase d’alerte, mais elle n’a pas été déployée », a-t-il annoncé.

« La Russie avait promis de retirer ses troupes et au lieu de cela, elle concentre plus de forces, en formation de combat, prêtes à frapper », a-t-il affirmé. « D’autres troupes sont au Donbass, dans les régions de Donetsk et Lougansk, et cela aggrave la situation », a-t-il ajouté. « A cela, il faut ajouter la rhétorique menaçante de Vladimir Poutine », a-t-il insisté.

PHOTO OLIVIER MATTHYS, ASSOCIATED PRESS

« L’OTAN est prête à défendre les alliés. La Force de réaction rapide est en phase d’alerte, mais elle n’a pas été déployée », a annoncé le secrétaire de l'OTAN, a déclaré Jens Stoltenberg après une réunion extraordinaire de la commission OTAN-Ukraine au siège de l’Alliance à Bruxelles.

Cette Force compte 40 000 troupes et est dotée d’une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF) de 8000 militaires, avec une composante aérienne placée actuellement sous commandement français.

« Nous avons envoyé des renforts à l’est et nous en avons d’autres en attente. Nous avons plus de 100 avions en alerte et 120 navires en mer », a-t-il détaillé.

Poutine vise la totalité du Lougansk et du Donetsk

Parallèlement, à Moscou, le président russe Vladimir Poutine a déclaré que la Russie reconnaît la souveraineté des séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine sur l’ensemble des régions de Lougansk et Donetsk, et pas seulement sur les zones sous leur contrôle.

« Nous avons reconnu l’indépendance de ces républiques, c’est-à-dire tous leurs documents fondamentaux, y compris leur constitution. Et dans la constitution sont inscrites les frontières des régions de Donetsk et Lougansk telles qu’elles étaient quand elles faisaient partie de l’Ukraine », a souligné le président russe devant des journalistes. Il a cependant précisé que les frontières exactes devraient être tracées lors de pourparlers entre les deux républiques séparatistes et l’Ukraine.

L’éventuelle entrée de l’armée russe en territoire ukrainien en soutien aux séparatistes prorusses dépendra de la situation « sur le terrain », a déclaré mardi le président Vladimir Poutine.

« Je n’ai pas dit que nos soldats vont y aller là, maintenant […] Cela dépendra, comme on dit, de la situation sur le terrain », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse surprise, retransmise à la télévision.

Le président russe aussi déclaré que la « meilleure solution » pour mettre un terme à la crise autour de l’Ukraine serait que Kiev renonce formellement à son désir de rejoindre l’OTAN.

« La meilleure solution à cette question serait que les autorités actuellement au pouvoir à Kiev refusent d’elles-mêmes de rejoindre l’OTAN et s’en tiennent à une neutralité », a déclaré M. Poutine.

Le sénat russe approuve l’envoi de troupes

La déclaration du secrétaire de l’OTAN suit l’approbation par le sénat russe, à la demande du président Vladimir Poutine, de déployer des militaires russes à l’étranger, après sa requête de venir en aide aux séparatistes prorusses en Ukraine.

PHOTO PARLEMENT RUSSE, VIA REUTERS

Après un débat éclair, le Conseil de la fédération a approuvé à l’unanimité des 153 votants cette demande.

Après un débat éclair, le Conseil de la fédération a approuvé à l’unanimité des 153 votants cette demande.

Le vice-ministre russe de la Défense Nikolaï Pankov a lu la demande du chef de l’État devant l’assemblée réunie en session extraordinaire, arguant qu’« aux frontières des républiques populaires de Donetsk et Lougansk, une armée (ukrainienne) de 60 000 hommes et de blindés lourds » a été déployée.

« Nous n’avons pas le choix », a-t-il dit, « nous devons prendre la défense des habitants de ces jeunes États. Je vous demande de soutenir la proposition du président », a-t-il insisté.

Selon Washington, la Russie a déployé quelque 150 000 hommes aux frontières de l’Ukraine, laissant craindre une invasion de grande ampleur.

« Pas peur »

M. Poutine, qui dicte depuis le début le tempo, entretient le mystère sur ses intentions et a plusieurs options devant lui : envahir toute l’Ukraine, élargir la zone sous le contrôle des séparatistes ou arracher un nouveau statu quo négocié.

Car une occupation pourrait coûter cher dans un pays hostile et la Russie veut obtenir de l’OTAN son recul en Europe de l’Est et la fin de sa politique d’élargissement. Des exigences rejetées jusque-là.

Le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov a pour sa part prévenu mardi que des « épreuves difficiles » et des pertes attendaient l’Ukraine.

Dans la nuit, le président Zelensky avait de son côté assuré que les Ukrainiens n’avaient « peur de rien ni de personne » et ne céderaient pas « une seule parcelle du pays ».

Sur la ligne de front, des tirs avaient toujours lieu avec les séparatistes.

Kiev dément toute action offensive, contrairement aux affirmations de Moscou, accusant ses adversaires de propager de fausses informations visant à tenter de justifier une intervention.