(Bruxelles) Ils étaient gonflés à bloc, comme les pneus de leurs véhicules. Mais contrairement à ce que plusieurs craignaient, le gâteau a fini par se dégonfler.

Attendu de pied ferme par la police belge, le « convoi de la liberté » a frappé un mur lundi à Bruxelles, où plusieurs avaient convergé pour protester contre les restrictions sanitaires et le passeport vaccinal, en s’inspirant des camionneurs canadiens.

Bien décidées à ne pas se laisser envahir comme à Ottawa, les forces de l’ordre avaient installé des postes de filtrage aux différents points d’entrée de la ville pour empêcher le cortège de pénétrer au centre-ville et de bloquer la circulation près du siège de l’Union européenne, principal objectif de la mobilisation.

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Les forces de l’ordre belges avaient installé des postes de filtrage aux différents points d’entrée de la ville pour empêcher le cortège de pénétrer au centre-ville.

Un grand nombre de manifestants ont ainsi été redirigés et forcés de se stationner dans l’immense Parking C de Heysel, en périphérie de la capitale belge.

C’est là qu’on les a retrouvés, un peu penauds, à l’heure du lunch. À vue de nez, pas plus d’une quarantaine de véhicules, à peine plus que les fourgonnettes de la police, qui les tenait à l’œil.

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Une femme tenait un drapeau canadien dans un espace de stationnement en périphérie de Bruxelles.

À en juger par les drapeaux qui flottaient au vent, la plupart étaient Français, mais on pouvait aussi voir des étendards belges, néerlandais et même un unifolié canadien, en hommage aux camionneurs qui leur ont montré l’exemple.

Un haut lieu de copinage ?

« Dès qu’ils ont vu la plaque d’immatriculation française, ils nous ont amenés ici. Ils étaient sept policiers pour nous escorter ! », explique Sébastien en refusant, comme tous les autres, de nous donner son nom de famille.

Sébastien est parti de Lille, dans le nord du pays, le matin même. Mais d’autres ont fait beaucoup plus de route pour venir exprimer leur mécontentement. Marie-Lyne est venue de La Rochelle, dans l’ouest du pays. Maurice et Nathanël, de Normandie (nord-ouest). Après avoir protesté à Paris samedi, où on a rapporté du grabuge, ils voulaient venir se faire entendre dans la capitale de l’Union européenne (UE).

On leur souligne que l’imposition du passeport vaccinal relève de chaque gouvernement et non de l’UE. Mais pour eux, Bruxelles reste un haut lieu de copinage entre le politique et le lobby pharmaceutique, donc une cible pertinente.

Ursula von der Leyen [présidente de la Commission européenne] est meilleure copine avec le président de Pfizer. Il y a beaucoup de choses qui se décident ici, tu comprends ?

Nathanël, arrivé à Bruxelles de Normandie

Faute de pouvoir entrer dans la ville avec leur véhicule, certains prendront le métro pour aller manifester au centre-ville. Mais les affrontements avec la police n’auront pas lieu, même si l’on rapporte quelques armes blanches saisies lors de fouilles aux abords des lieux sensibles.

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Manifestation d’opposants aux restrictions sanitaires à Bruxelles, en Belgique

Près du siège de l’UE, les barricades érigées par les forces de l’ordre auront vite fait de décourager les petits groupes de manifestants, qui finiront par se disperser en fin d’après-midi. On a à peine senti l’odeur des gaz lacrymogènes, tandis qu’une pluie désagréable se chargeait de mettre un terme aux hostilités. À 16 h, tous les accès à la capitale étaient rouverts, selon la police.

On est loin des klaxons triomphants de mercredi dernier, alors que plusieurs centaines de véhicules quittaient le sud de la France pour foncer vers Paris. Comparé aux balbutiements des Gilets jaunes en raison de son côté spontané, le convoi de la liberté semble avoir terminé son parcours européen… à moins que certains décident de rallier Strasbourg, seconde capitale de l’UE, où une session parlementaire est prévue jusqu’à jeudi.