(Belfast) Le premier ministre nord-irlandais Paul Givan a annoncé jeudi sa démission, sur fond de grogne des unionistes contre les dispositions douanières post-Brexit dans la province britannique, qui selon eux menacent la place de l’Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni.

Ce jeudi « marque la fin de ce qui a été le privilège de ma vie, servir en tant que premier ministre d’Irlande du Nord », a déclaré M. Givan lors d’une allocution à Belfast.

Crise politique et incertitudes

Cette annonce ouvre une nouvelle crise politique et une période d’incertitudes en Irlande du Nord, au moment où Londres et Bruxelles sont engagés dans d’intenses discussions sur le protocole nord-irlandais, qui a introduit ces contrôles controversés.

Sa démission entraîne mécaniquement la chute de la vice-première ministre Michelle O’Neill, du parti républicain Sinn Fein avec qui sa formation, le DUP, partage le pouvoir.

Dans la foulée, le ministre britannique chargé de l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, s’est dit « extrêmement déçu » par cette décision et a exhorté le DUP à remettre en place « immédiatement » le premier ministre nord-irlandais.

« La priorité du gouvernement britannique est de voir un exécutif nord-irlandais qui fonctionne pour un avenir meilleur, plus prospère et partagé pour toute la population d’Irlande du Nord », a-t-il ajouté.

Les unionistes du DUP menaçaient depuis des mois de faire s’effondrer le gouvernement local en raison de leur rejet des dispositions douanières post-Brexit, qu’ils dénoncent comme une frontière en mer d’Irlande.

À l’issue d’un entretien jeudi avec le vice-président de la Commission européenne Maros Sefcovic, la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss a salué de « bonnes discussions ». « Nous avons besoin de progrès urgents », a-t-elle ajouté.

Mercredi soir, le ministre nord-irlandais de l’Agriculture Edwin Poots avait ordonné à ses services de cesser mercredi à minuit les contrôles sanitaires sur les produits agroalimentaires arrivant dans les ports nord-irlandais, une décision dénoncée par les républicains du Sinn Fein et par Dublin comme violant le droit international.

Bruxelles a déploré cette décision, qui crée « davantage d’incertitude et d’imprévisibilité pour les entreprises et les citoyens en Irlande du Nord ».

Les élections locales prévues en mai s’annoncent à haut risque pour le DUP, actuellement devancé dans les sondages par le Sinn Fein, favorable à un référendum sur l’unification de l’île.