(Pristina) Le Kosovo a interdit samedi la tenue sur son territoire d’un référendum sur la justice organisé par la Serbie, qui a voulu y faire participer les Serbes vivant dans son ancienne province, une décision qui pourrait attiser des tensions.

Les Serbes sont appelés à s’exprimer dimanche sur des changements constitutionnels censés rendre la justice du pays plus indépendante, une réforme réclamée dans le cadre des négociations d’adhésion à l’Union européenne.

Le Kosovo, ancienne province méridionale serbe majoritairement albanaise, a proclamé en 2008 son indépendance, jamais reconnue par la Serbie. Belgrade entretient les relations étroites avec quelque 100 000 Serbes vivant au Kosovo dont une grande partie refuse l’autorité du gouvernement de Pristina.

Le déroulement d’un référendum par un pays étranger est une « violation de la Constitution et de la souveraineté du Kosovo », affirme-t-on dans une résolution adoptée par le Parlement du Kosovo. Les députés de la communauté serbe ont boycotté le vote.

Contrairement à la pratique lors des précédents scrutins organisés par la Serbie, il n’y aura pas cette fois-ci de bureaux de vote dans les zones majoritairement peuplées par les Serbes. Les Serbes sont en revanche autorisés à voter par correspondance et uniquement dans un bureau de liaison du gouvernement serbe, a expliqué le premier ministre kosovar Albin Kurti.

La police kosovare a empêché mardi l’entrée au Kosovo de deux camions transportant les bulletins.

Les puissances occidentales ont encouragé vendredi dans un communiqué les Serbes à voter à ce référendum et ont appelé Pristina à « permettre aux Serbes d’exercer leur droit de voter ».

Des tensions restent vives entre les Serbes et les Kosovars plus de deux décennies après la guerre de 1998 à 1999 qui avait opposé les rebelles albanais au régime de Slobodan Milosevic.

La normalisation des relations entre Belgrade et Pristina est cruciale pour leur rapprochement du bloc européen.

L’indépendance du Kosovo a été reconnue par une centaine de pays, dont les États-Unis et la plupart des pays de l’Union européenne, mais pas par la Russie et la Chine qui empêchent la reconnaissance du territoire par les Nations unies.