(Châteaudun) Le candidat d’extrême droite Éric Zemmour a enchaîné les clins d’œil appuyés à la « France périphérique » rurale des « oubliés », chère à sa rivale Marine Le Pen, vendredi lors d’un déplacement dans la Beauce conclu par une assemblée électorale à Châteaudun.

« Nos élites politiques ont négligé ces territoires. Vous n’étiez pas aussi branchés, aussi sympathiques que les habitants des banlieues », a ironisé M. Zemmour, dui parti Reconquête !, lors de cette réunion publique, organisée en début de soirée dans la sous-préfecture de 13 000 habitants.

Selon son entourage, 1500 personnes étaient rassemblées pour cette assemblée au « Crystal », une salle des fêtes privée et ancien magasin Monsieur Meuble, en pleine zone commerciale, coincée entre le centre de détention, la gendarmerie et la caserne des pompiers.

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Éric Zemmour et des sympathisants chantant La Marseillaise à la fin d’une assemblée électorale à Châteaudun, dans la Beauce française, le 7 janvier 2022.

Au milieu des « Zemmour président » et des drapeaux français, le candidat d’extrême droite y a loué le « potentiel productif et créatif » de la campagne française « face à des élites parisiennes qui ne vous comprennent pas ».  

Fini les éoliennes

À l’instar de Marine Le Pen, du Rassemblent national, ou d’élus de droite, il a fustigé au passage « les éoliennes si laides si bruyantes, en plus si peu efficaces » et promis de « mettre fin » à leur implantation en France.

Circuits courts dans les cantines, souveraineté alimentaire, « patriscore » sur la traçabilité des produits, embauche en urgence de 1000 médecins salariés par l’État pour lutter contre les déserts médicaux… Éric Zemmour a déroulé ses propositions pour la « ruralité », quittant pour un temps la lutte contre l’immigration, son thème de prédilection.

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Dans la journée, Éric Zemmour a sillonné la plaine céréalière beauceronne, s'arrêtant dans plusieurs villages.

Dans l’assistance, Vincent, un jeune notaire de Janville-en-Beauce se réjouit qu’on parle de ruralité quand « tout le monde veut plaire aux électeurs des villes ».

Venue de Tours, Claudie juge quant à elle que « si Macron repasse, la France est morte. On ne supporte plus que la racaille en France ait tous les droits ».

À Châteaudun, Emmanuel Macron (23,6 %) et Marine Le Pen (23,2 %) avaient fait jeu égal au premier tour en 2017, talonné par Francois Fillon (21,7 %). Le premier s’était largement imposé au second tour avec 65 % des voix dans la commune.

Dans la journée, Éric Zemmour a sillonné la plaine céréalière beauceronne, avec entre autres objectifs, celui de grappiller des parrainages d’élus, alors qu’il répète régulièrement ses difficultés à rassembler les 500 signatures nécessaires.

À Bonneval, dans la « petite Venise de la Beauce », il a déjeuné avec une quarantaine élus après un rendez-vous en mairie.

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Éric Zemmour (à droite) en compagnie du maire de Bonneval, Joël Billard, lors d’une tournée électorale dans la Beauce française, le 7 janvier 2022.

Il y a plaidé pour redonner du pouvoir aux maires en réinstaurant le cumul des mandats, afin d’en « finir avec les députés hors sol ». Et défendu à l’envi la « France des oubliés », une expression que répète souvent Marine Le Pen.

Sa proche conseillère Sarah Knafo balaye tout mimétisme. « C’est une expression que beaucoup de monde emploie. On s’adresse à la France rurale, pas à l’électorat de Marine Le Pen ».  

Dans le village de Villampuy, 300 habitants, le maire Vincent Lhopiteau, affiche son soutien à Éric Zemmour qu’il parraine. Une affaire de « convictions » pour l’édile, qui fut par le passé candidat aux législatives pour l’ancien parti de Philippe de Villiers.

« La droite décomplexée »

« C’est la droite décomplexée, pas comme Valérie Pécresse », dit M. Lhopiteau en évoquant la candidate du parti Les Républicains.

Lors d’une rencontre et galette des rois avec des agriculteurs, plusieurs fustigent la France de « l’assistanat » et racontent leurs difficultés à recruter pour des « boulots où il faut se lever tôt ». « Du coup on a des Polonais, des Érythréens, des réfugiés, et le problème, c’est qu’ils ne parlent pas la langue », estime Nicolas, qui travaille dans le matériel agricole.

Chez un producteur de semences, Éric Zemmour égratigne aussi « la dictature écologique » et l ra « surtransposition des directives de Bruxelles ».

Avant de dialoguer avec un salarié, qui a voté « Marine pour faire barrière » à Emmanuel Macron en 2017. Pour 2022, il hésite, mais il en a toujours autant « ras-le-bol » avec « la hausse des carburants et tout ce qu’on se prend dans les dents ».