(Stockholm) La Suède est devenue en moins d’une décennie un des pays d’Europe avec le plus fort taux de morts par armes à feu, doublant des pays d’Europe de l’Est ou encore l’Italie du fait d’un bond des règlements de compte de bandes criminelles, selon un rapport publié mercredi.

Alors que la plupart des pays européens ont vu les morts par balle reculer depuis le début des années 2000, le pays scandinave a suivi une tendance inverse et se retrouve en tête d’un classement européen effectué par du Conseil suédois pour la prévention des crimes (Brå).

« La Suède se retrouve aujourd’hui très haut dans le classement, avec environ 4 tués par million d’habitants, pour une moyenne européenne de 1,6. Aucun autre pays dans l’étude ne montre de hausse comparable à celle de la Suède », observe le rapport.

Les dernières données complètes pour la période 2014-2017 la place en deuxième position dans l’Union européenne, derrière la Croatie et devant la Lettonie, selon Brå. En 2018 le pays occupe même la première place, mais le classement n’est pas définitif.

« L’augmentation de la mortalité violente par armes à feu est fortement liée aux milieux criminels dans les quartiers difficiles », souligne l’institution, qui pointe que la hausse a principalement eu lieu depuis 2013.

Police et gouvernement suédois ont tiré la sonnette d’alarme ces dernières années sur la multiplication inquiétante des fusillades et autres règlements de comptes violents, attribués à l’emprise de plusieurs dizaines de clans mafieux.

En 2020, plus de 360 incidents impliquant des armes à feu ont été recensés en Suède, 47 morts et 117 blessés, un niveau record selon la police, dans un pays par ailleurs plutôt paisible.

Selon Brå, le nombre de victimes a plus que doublé en une décennie, représentant désormais près de 40 % des morts violentes en Suède.

Le pays se distingue aussi par la surreprésentation des 20-29 ans parmi les victimes.

L’envolée suédoise dans ce triste classement a suscité un important débat ces dernières années dans le pays, stupéfait de doubler des pays comme la France, l’Italie ou les pays baltes.

Le gouvernement social-démocrate a adopté une série de mesures depuis 2019, mais le bilan est mitigé.

« La Suède ne doit pas s’habituer à ça. Il faut inverser la tendance », a réagi mercredi le ministre de l’Intérieur Mikael Damberg.

Le parti conservateur des Modérés, plus grand parti d’opposition du pays, a lui parlé d’une « honte pour la Suède », quand le leader de l’extrême droite Jimmie Åkesson a accusé l’exécutif d’avoir « capitulé ».