(Kiev) Les autorités ukrainiennes ont mené mardi une perquisition au domicile du richissime homme d’affaires et député Viktor Medvedtchouk, un proche du président russe Vladimir Poutine, soupçonné de « haute trahison ».  

« La perquisition est en cours » dans une villa de luxe de M. Medvedtchouk à Kiev, a indiqué à l’AFP le service de presse des services de sécurité ukrainiens (SBU).

La procureure générale Iryna Venedyktova a précisé sur Facebook que le député et un autre parlementaire, Taras Kozak, étaient soupçonnés de « haute trahison » et de « tentative de pillage de ressources naturelles en Crimée », péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.  

Le SBU tente de localiser M. Medvedtchouk pour l’interpeller, a-t-elle précisé. S’ils sont reconnus coupables, les deux hommes risquent jusqu’à 15 ans de prison.  

Le parti dont ils sont membres a dénoncé des « répressions politiques ».  

« Il n’y aucun aspect politique dans les activités des forces de l’ordre », a rétorqué Mme Venedykova lors d’une conférence de presse avec le chef du SBU, Ivan Bakanov.  

Selon elle, ces accusations portent notamment sur la tentative présumée de M. Medvedtchouk d’exploiter en 2015 des ressources naturelles sur le plateau continental de la mer Noire appartenant à l’Ukraine et accaparé par la Russie après l’annexion de la Crimée.  

Les enquêteurs ont publié des enregistrements audio dans lesquels ont peut entendre des voix ressemblant à celles de M. Medvedtchouk et de Dmitri Kozak, vice-premier ministre russe à l’époque, en train de discuter de ce dossier.  

Les députés sont également soupçonnés d’avoir transmis en 2020 aux services spéciaux russes des informations sur une unité militaire secrète ukrainienne, a précisé M. Bakanov.

Malgré un conflit opposant Kiev et Moscou sur l’annexion de la Crimée et la guerre avec les séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine, M. Medvedtchouk se rend souvent en Russie où il est régulièrement reçu par M. Poutine.

A la tête d’une fortune évaluée à 620 millions de dollars par Forbes, il était visé depuis 2019 par une enquête criminelle pour haute trahison après son appel à accorder l’autonomie aux régions séparatistes, mais n’avait pas jusqu’à présent le statut formel de suspect.  

En février, l’Ukraine a imposé des sanctions contre lui et son épouse, leurs noms figurant, selon Kiev, dans une enquête criminelle pour « financement du terrorisme ».

Le terme « terrorisme » est appliqué en Ukraine aux séparatistes contre lesquels les forces de Kiev sont engagées dans un conflit meurtrier depuis 2014 et dont Moscou est considéré comme le parrain militaire, malgré ses dénégations.

Kiev a aussi interdit trois télévisions prorusses appartenant formellement à Taras Kozak mais considérées comme étant contrôlées par M. Medvedtchouk.

Affichant des positions fermement anti-OTAN et anti-Union européenne, M. Medvedtchouk accuse régulièrement Kiev de « n’avoir rien fait » pour mettre fin à la guerre avec les séparatistes et plaide, comme Moscou, en faveur d’une fédéralisation de l’Ukraine.

Il avait servi pendant plusieurs années de représentant ukrainien dans les négociations avec les rebelles, une fonction qui avait été imposée par Moscou, selon Kiev.