(Berlin) Le ministre allemand de la Santé s’est prononcé jeudi en faveur d’un début d’assouplissement avant la fin de l’hiver des mesures de restrictions liées à la pandémie de COVID-19, alors que la grogne de l’opinion enfle.

« Nous ne pouvons rester dans ce confinement dur tout l’hiver, notre société ne le supporterait pas bien », a dit Jens Spahn au groupe de presse régional Funke.

En outre, « les chiffres sont encourageants, nous observons une tendance significative à la baisse concernant les nouvelles infections », a ajouté le ministre.

La chancelière Angela Merkel a de son côté indiqué « voir une faible lueur au bout du tunnel », dans une interview dans la soirée à la chaîne de télévision RTL-Allemagne.  

« Nos sommes sur la bonne voie, nous nous rapprochons chaque jour un peu plus » du moment où il sera possible d’alléger les restrictions, a-t-elle ajouté, en exhortant malgré tout à tenir encore « plusieurs semaines ».

« Nous traversons une période incroyablement difficile », a-t-elle admis.

Sans s’avancer sur une date, elle a évoqué aussi dans la journée des solutions pour rouvrir progressivement les écoles, lors d’un dialogue citoyen avec des familles et des mères élevant seules leurs enfants, pour qui les mesures de restriction en vigueur sont particulièrement éprouvantes.

« L’objectif est le plus possible de normalité le plus vite possible », a-t-elle assuré, citant comme éventuelle première étape l’organisation de cours alternés, à l’image de ce qui se passe en Autriche.

Toutefois, elle et son ministre de la santé ont prévenu qu’une décision sur de premiers assouplissements ne viendrait pas forcément dès la prochaine réunion des autorités allemandes sur le sujet prévue le 10 février.

Les restrictions en place actuellement dans le pays sont programmées jusqu’au 14 février.

« Je ne peux pas encore vous dire ce que nous allons faire mercredi, car je dois encore attendre de voir comment la situation évolue dans les cinq jours à venir et parce que je dois examiner à quel point le variant britannique du virus s’est répandu chez nous », a-t-elle dit sur RTL Allemagne.

Le taux d’incidence, à savoir le nombre moyen de nouvelles infections pour 100 000 habitants sur une semaine, est passé sous les 100, à 87 jeudi, et se rapproche de 50, le seuil souhaité par les autorités.

Angela Merkel, qui a reconnu qu’elle avait parfois des difficultés à dormir la nuit à cause de la pandémie, est confrontée à un mécontentement croissant de l’opinion sur la gestion de la pandémie, renforcé par la lenteur de la campagne de vaccination.

Et des experts ont averti jeudi que les personnes vaccinées ne devaient pas s’attendre à un traitement de faveur.

Le Conseil d’éthique allemand, chargé de conseiller le gouvernement, s’est en effet prononcé contre une levée des restrictions pour les seules personnes vaccinées, faute d’assurance à ce stade qu’elles ne puissent pas transmettre le virus.  

« Un assouplissement individuel uniquement pour les personnes vaccinées » ne serait donc pas judicieux, a déclaré lors d’une conférence de presse sa présidente, Alena Buyx.

Les personnes vaccinées devront ainsi continuer à porter le masque et respecter les limitations de réunions privées.

Plus de deux millions de patients, personnels soignants et personnes âgées, avaient reçu jeudi au moins une dose de vaccin.

Actuellement, les Allemands sont invités à éviter le plus possible les contacts, avec généralisation du télétravail dans la mesure du possible, fermeture des écoles, jardins d’enfants, commerces non alimentaires, restaurants, bars, lieux culturels et sportifs, ainsi qu’une stricte limitation des rencontres.

Plusieurs virologues ont eux mis en garde contre une sortie prématurée du confinement, en raison notamment du risque posé par les variants du virus responsable de la maladie de la COVID-19.