(Kiev) L’ex-président ukrainien Petro Porochenko est soupçonné de « trahison » dans une affaire d’achat de charbon aux séparatistes prorusses, ont indiqué lundi des enquêteurs, une nouvelle accusation visant ce rival de l’actuel dirigeant Volodymyr Zelensky.

M. Porochenko, 56 ans, chef de l’État entre 2014 et 2019 et actuellement député, est déjà cité comme suspect dans plusieurs enquêtes pour corruption.

Dans un communiqué, le Bureau d’enquête ukrainien (DBR), chargé des investigations visant de hauts responsables, a affirmé lundi qu’il était désormais suspecté de « trahison » pour son soutien présumé à « des organisations terroristes », en référence aux séparatistes.

Selon les enquêteurs, il aurait aidé les républiques autoproclamées de Lougansk et Donetsk à vendre pour 1,5 milliard de hryvnia (71 millions de dollars canadiens) de charbon à Kiev entre 2014 et 2015.

L’Ukraine est en conflit depuis 2014 avec ces deux territoires rebelles. Cette guerre, qui a éclaté peu après l’annexion de la Crimée par la Russie, a fait plus de 13 000 morts. Moscou, malgré ses dénégations, est accusé d’être le parrain militaire et financier des séparatistes.

Pour ce crime présumé, Petro Porochenko, un milliardaire qui a fait fortune dans les confiseries, risque jusqu’à 15 ans de réclusion.

Pour l’heure, il n’a pas commenté ces nouvelles accusations. L’un de ses alliés, Oleksandre Tourtchynov, a dénoncé une « autre affaire fabriquée sur ordre direct » de Volodymyr Zelensky.  

Selon M. Tourtchynov, Petro Porochenko est actuellement à l’étranger mais n’a pas l’intention de « fuir » les autorités.

En octobre, un influent député et magnat ukrainien pro-Kremlin, Viktor Medvedtchouk, a également été accusé de « trahison » dans cette affaire de vente de charbon.

Petro Porochenko avait perdu en avril 2019 la présidentielle face à Volodymyr Zelensky, un ex-comédien qui n’avait alors aucune expérience politique.

Pendant son passage au pouvoir, M. Porochenko a rapproché son pays des Occidentaux mais il a été accusé d’avoir échoué à endiguer la corruption et la pauvreté.  

Volodymyr Zelensky a lui promis d’éradiquer ces fléaux. Il a notamment fait adopter en septembre une loi contre les oligarques, les richissimes hommes d’affaires accusés de vampiriser l’économie ukrainienne.