(Paris) « Interview Potemkine » d’un président « égocentré », « longue page publicitaire » et « propagande » hors décompte du temps de parole des candidats à la présidentielle : les oppositions sont très remontées jeudi au lendemain de l’entretien télévisé d’Emmanuel Macron, qui n’a pas officialisé sa candidature à la présidentielle.

Ses adversaires politiques lui reprochent aussi d’avoir passé sous silence des sujets importants, comme la crise climatique, et d’apparaître plus que jamais comme « un homme seul ».

L’interview d’Emmanuel Macron diffusée sur TF1 mercredi soir a rassemblé 3,8 millions de téléspectateurs, selon les données de Médiamétrie, un score d’audience bien en deçà des allocutions du chef de l’État.

Et le climat ?

« Le Président “égologique” ! Emmanuel Macron n’a parlé que de lui. Ni du climat ni du vivant ! Autosatisfaction, émotions surjouées, mensonges… mais rien sur notre plus grand défi : le climat. Ni bilan ni perspective ! », a déploré sur Twitter le candidat écologiste Yannick Jadot.

Mêmes reproches de la part du candidat LFI Jean-Luc Mélenchon : « un moulin à paroles égocentré, tiède et sans souffle. Sans un mot sur la catastrophe en cours en Outre-mer. Sans un mot sérieux sur les crises écologiques et sociales. Ni la paix dans le monde ni la guerre du Mali. Bavardage hors-sol », a-t-il cinglé dans un tweet.

« Macron devait parler de la France. Il parle de Macron. 67 millions d’absents ce soir : les Français, leurs colères, leurs attentes, leurs espoirs », a déploré aussi Ian Brossat, porte-parole du candidat PCF à la présidentielle Fabien Roussel.

« On attendait le Président sur l’essentiel : la France. On l’a eu sur l’accessoire : lui-même », a lâché le candidat d’extrême droite Éric Zemmour.

Plusieurs opposants ont fait remarquer que le président n’a jamais mentionné l’action de ses ministres ni le nom de ses deux chefs du gouvernement, Édouard Philippe et Jean Castex.

« On a eu un exercice d’autosatisfaction hier. Beaucoup de narcissisme, c’était moi, je, matin, midi et soir. Ça m’a frappé, l’image d’un homme seul », a souligné le patron des députés LR Damien Abad sur Europe 1.

« Propagande » -

Les oppositions déplorent aussi, à l’instar du député LR Eric Ciotti, « une émission de propagande de la part d’un candidat », une « interview (qui) pose un vrai problème démocratique ».

« Ça n’est pas une interview, c’est une longue page publicitaire de deux heures dans lequel il est venu expliquer que tout va bien alors qu’en réalité tout va mal », a critiqué Marine Le Pen, la candidate du RN, depuis Mayotte où elle est en déplacement.

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure a accusé le chef de l’État de « réinvente(r) l’interview Potemkine », avec un discours : « “J’ai appris, j’ai changé et c’est pour ça que je vais continuer comme avant” », a-t-il raillé dans un tweet.

« Vive l’ORTF », a lancé le secrétaire général adjoint des Républicains Pierre-Henri Dumont, qui y a vu une « grande opération de désamorçage de tout ce qui sera potentiellement reproché à Emmanuel Macron durant sa future campagne présidentielle », le tout « en prime time sur la 1re chaîne de France et en dehors du temps de parole dévolu par le CSA à chaque candidat ».

Mais pour le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, ces critiques ne sont que « des polémiques autoportées par les oppositions » et des attaques souvent « malhonnêtes ».

Il les a accusées sur BFMTV de faire « des espèces d’artifices en expliquant que le président serait candidat sans le dire parce qu’ils ne veulent pas qu’on parle du fond et de ce qu’on a fait ».

Selon lui, « c’était un exercice important […] qui a permis au président d’avoir devant les Français, en transparence, un regard lucide sur son quinquennat et sur son action ».