(Cité du Vatican) Le pape François s’est dit « disponible » pour recevoir les membres de la Commission indépendante sur les violences sexuelles dans l’Église (CIASE), auteurs du rapport Sauvé, a annoncé lundi le président de la Conférence des évêques de France (CEF), quelques heures après une rencontre avec le pape.

« Le pape nous a dit […] qu’il souhaitait tout d’abord nous entendre et s’est montré tout à fait disponible sur le principe de recevoir les membres de la CIASE. Reste maintenant à trouver la date opportune », a déclaré Mgr Éric de Moulins-Beaufort lors d’un point presse à Rome.

Les membres de la commission devaient être reçus par François le 9 décembre, mais la rencontre a été reportée, sine die, officiellement pour des raisons d’agenda du souverain pontife.

Lundi matin, le pape a reçu en audience privée une délégation de la CEF, dont son président, deux vice-présidents et son porte-parole Hugues de Woillemont pour évoquer notamment le rapport (Jean-Marc) Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Église catholique depuis les années 1950, qui a été commandé par l’Église française.

« Nous avons eu une rencontre de plus d’une heure, sur un ton à la fois grave, mais très fraternel », a précisé Mgr de Moulins-Beaufort aux journalistes. « Il nous a écoutés avec beaucoup d’attention », « remerciés » et « commenté avec beaucoup d’encouragement » pour « que nous continuions le chemin que nous avons commencé », a-t-il ajouté.

Au sujet de la méthodologie, qui a fait l’objet de critiques au sein même du monde catholique, « il est revenu sur l’idée qu’il faut interpréter les faits anciens selon l’herméneutique (grille de lecture NDLR) de l’époque. Nous avons pu faire valoir aussi que l’herméneutique a changé parce qu’aujourd’hui nous savons ce que les personnes victimes subissent, l’ampleur du traumatisme. Et cela, le pape a dit tout de suite : “Vous avez raison, c’est le point important” ».

Le pape n’a cependant pas évoqué le texte de l’Académie catholique de France — une instance non officielle qui rassemble des intellectuels catholiques — dont huit membres avaient dénoncé la « méthodologie défaillante » selon eux, du rapport Sauvé.

Cette rencontre intervient une semaine après l’appel à la « prudence » de François sur « l’interprétation » de ce rapport, qu’il avait confié ne pas avoir lu.

« Je n’ai jamais vraiment douté du soutien du pape […] sur sa volonté que l’Église sorte d’une attitude ambiguë sur ces affaires […] et aujourd’hui sur l’attention à avoir aux personnes victimes », a déclaré Mgr de Moulins-Beaufort.